Le maraudeur noir, dessiné par Jean-Luc Masbou (De cape et de crocs, Le Baron). Voilà un album adaptation de Conan Le Cimmérien qui tranche par rapport aux treize précédents. Avant tout parce que Conan ne se mêle pas des débats avant un moment. (En fin d’article, découvrez où et avec quels auteurs nous mèneront les prochaines aventures du Cimmérien chez Glénat).
Nos chroniques et interviews sur les précédents épisodes | La citadelle écarlate , La fille du géant gel , Au-delà de la rivière noire , Le colosse noir, La reine de la côte noire, Chimères de fer dans la clarté lunaire, La maison des trois brigands, Les mangeurs d’hommes de Zamboula, L’heure du dragon, Xuthal la crépusculaire, Le peuple du cercle noir et Les clous rouges
Résumé du tome 14 de Conan Le Cimmérien par Glénat : Sur le territoire sauvage des Pictes, Zarono et ses hommes ont dû construire une forteresse de fortune après le naufrage de leur navire. Prisonniers de ce bout de terre, ils craignent le pire lorsqu’un bateau pirate des Barachas accoste sur la plage. Sous les ordres de Strom, le bastion est attaqué. Pourtant, les assaillants prennent la fuite devant l’imposant pavillon zingaréen qui arrive à son tour… Tout comme Strom, les Zingaréens sont à la recherche du trésor perdu de Tranicos le sanguinaire, et rêvent d’exhumer ce butin enfoui dans la forêt picte depuis près d’un siècle. Et un seul homme est capable de les guider à travers la jungle : Conan. Hélas, qui veut s’emparer des coffres débordant de richesses doit berner la mort… Car l’antique site regorge de magie noire. Les hommes de Tranicos, sinistres fantômes, n’ont jamais quitté ces lieux maudits. Quant aux tribus pictes, elles guettent le moment opportun pour fondre sur les intrus…
Sept planches et puis pfiou, Conan disparaît jusqu’à la 29e planche, autant dire qu’il arrive presque uniquement pour le final. Ce quatorzième épisode de Conan le Cimmérien façon Glénat et BD franco-belge-international n’est pas banal. Dans le ton comme la forme. Avec Jean-Luc Masbou aux commandes, c’est un vrai récit de pirates qui s’offre au lecteur dans un style auquel les 13 tomes précédents ne nous ont pas habitués. Masbou n’a pas trahi son trait, sa marque de fabrique et, comme à son habitude, part à l’aventure avec un dessin semi-réaliste, parfois caricatural toujours expressif, lorgnant plus du côté de l’enfance que de la maturité adulte et brute de décoffrage de ses pairs mis au turbin et au charbon sur cette série. Oui, j’imagine plus Masbou retourner en enfance et s’offrir en cadeau, un village pirate, une jungle pleine de mystère et des monstres qui font qu’on rejoint le lit de papa et maman en pleine nuit. Il y a dans sa manière de mettre en forme et en couleurs (directes et parfois criardes, malheureusement), cette histoire à part, sans doute l’une des plus autobiographiques de Robert E. Howard, à ce que raconte Patrice Louinet (précieux pour faire la postface de chaque album et expliquer la genèse de chaque nouvelle).
Est-ce que ça fonctionne? Ça dépend les moments. Dans ce récit où tout le monde se retrouve au mauvais endroit au mauvais moment, avec une foule de personnages, Masbou perd un peu pied, le récit part dans tous les sens mais les personnages ont parfois l’air tétanisés, rigides. Dessin par dessin, c’est beau, mais dans une succession de planches chargées d’amener du rythme et de la fougue, cela semble vain, approximatif, avec des baisses de niveau, des personnages dont le physique et les postures changent en cours de route mais aussi, heureusement, des explosions. Reste un final rouge sang et jaune feu d’anthologie qui ne suffit malheureusement pas à étancher notre fièvre aventureuse. Mi-figue, mi-raisin. Le moins réussi des Conan, jusqu’ici, à mon sens.
En tout cas, la série n’est pas encore au bout de son chemin. Et si le rythme effréné des premières années a laissé place à des publications plus espacées, certains auteurs de renom planchent sur leur épisode depuis plusieurs années.
Voici le planning théorique dégoupillé par le passionné Stéphane Trahan sur le groupe Facebook « Bandes Dessinées, Comics & Mangas – Québec & Francophonie« .
Sur les réseaux sociaux, toujours, sur les comptes des principaux intéressés mais aussi de Jean-David Morvan, on en trouve en tout cas des extraits alléchants.
- Le phénix sur l’épée de Guillaume Mautalent et Marc-Antoine Boidin (en octobre 2021, les crayonnés-storyboards étaient terminés)
- Le bassin de l’homme noir par Raule et RM Guera (initié dès 2019 et toujours en cours de réalisation)
À lire chez Glénat.