Sophia Stromboli, la nouvelle héroïne de Walthéry, et de Taymans aussi, enfin en librairie !

Elle est là, la nouvelle héroïne de Walthéry. Et celle de Taymans aussi. On en parle depuis plusieurs années, sur l’air de « se fera, se fera pas », la tourmentée Sophia Stromboli est enfin arrivée dans les bacs des libraires, au format à l’italienne. À la sicilienne même. André Taymans crayonne et colorise, François Walthéry encre les personnages (et un peu plus), pour un résultat hybride à l’image des deux auteurs. Chronique d’un album qui n’aurait pas dû paraître, de l’aveu même des auteurs et de l’éditeur. C’était sans compter les lecteurs qui avaient pris goût à cette héroïne au teint hâlé et aux cheveux et yeux couleur charbon.

© Taymans/Walthéry

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Résumé de Sophia Stromboli – Adieu Poulette par les Éditions du Tiroir: Sophia Stromboli est capitaine des carabiniers à Palerme. Un paradoxe pour la fille de Gino Stromboli, influent mafieux abattu par la police alors qu´elle n´avait que dix ans. Célibataire, elle vit chez sa grand-mère, qui n´a qu´une idée en tête, la marier ! Hélas pour elle, Sophia n´a que faire des garçons. Pour compléter le tableau, elle est atteinte d´une anomalie génétique rare : la nyctalopie. Par un beau matin de juillet, le cadavre d´une jeune femme est retrouvé sur une plage idyllique de Sardaigne où Sophia a été mutée suite à une sombre affaire. La capitaine des carabiniers trouve sur la victime une photo d´elle en uniforme prise un an avant sa mutation…

44 demi-planches mises au grand format horizontal, voilà ce qui constitue la première (et unique?) aventure de Sophia Stromboli, au bord d’une mer idyllique mais avec quelques crabes qui guettent leur heure. C’est une histoire criminelle et de dualité que nous content André Taymans et sa fille Johanna liés à François Walthéry. Tout commence dans le feu de l’action: un corps retrouvé sur une plage sauvage, un trouble qui habite le capitaine Stromboli en charge des opérations, le probable retour d’un serial-killer puis la course-poursuite à travers bois et la chute inévitable. « Ciao, poulette », dit l’homme mystère, sans doute pas féministe pour un sou, pendant que Sophia tombe des nues dans les limbes. Fin de l’histoire? Presque.

Dans le dossier de fin d’album, on peut en effet lire la genèse de cette collaboration inédite entre Taymans et Walthéry. « En janvier 2019, lors du festival d’Angoulême, André Taymans propose à son vieil ami François Walthéry de rejoindre l’équipe du futur trimestriel L’Aventure dont un numéro 0 vient de sortir de presse. Le père de Natacha accepte le principe de participer à une histoire courte dessinée à quatre mains dont André crayonnerait les planches tandis que François encrerait les personnages. Au final, l’histoire courte se transforme en feuilleton, scénarisé au jour le jour, sans plan préconçu. Lorsque L’Aventure cesse de paraître, trois ans plus tard, nos deux compères pensent en avoir terminé avec Sophia Stromboli. C’était sans compter le public qui, frustré, réclame à cor et à cri la fin de l’histoire. André Taymans fait alors appel à sa fille Johanna (qui avait déjà co-scénarisé un album de Caroline Baldwin) pour le tirer de ce mauvais pas et imaginer une fin au récit, sur base des planches déjà dessinées. » Et voilà le résultat.

Sophia Stromboli se révèle en fait être un personnage secondaire, et obsédant pour le méchant. La vraie héroïne de cet album, c’est Sandra. Une proche de Sophia qui va mener son enquête de son côté, guère satisfaite de la personne appelée à remplacer sa carabinière d’amie. Dans l’ombre, outre Midas, le mystérieux meurtrier, il y a aussi le Patron, qui a envoyé son gorille (Lino Ventura un poil essoufflé par la résurrection papier) protéger Sandra, neuve, fraîche et fragile dans ces eaux troubles et pourtant tellement ensoleillées.

Sophia Stromboli © Taymans/Walthéry aux Éditions du Tiroir

Les mouettes en rient mais le duo Taymans-Walthéry crée un récit sans temps mort, avec des rebondissements et du sport pour les personnages principaux. Encore plus quand ils font des boulettes. On retrouve ici les mondes graphiques des deux auteurs, ils n’ont pas lissé leur trait pour unifier leur dessin, mais force est de constater qu’ils sont de la même famille et que leur rencontre fonctionne magnifiquement. Avec des personnages plus walthéryesques et d’autres plus taymanesques. Peut-être reste-t-on un peu sur notre faim scénaristiquement (on se doute assez vite d’un des pots aux roses de l’histoire) et aurait-on voulu que le plaisir dure un peu plus longtemps, mais s’ils ont été pressés par le lecteur de finir fissa cette péripétie italienne, André Taymans et François Walthéry le soignent aux petits oignons. Plaisir de dessiner (ensemble) et réel plaisir de lecture. D’autant plus que le format finalement choisi zoome sur les cases et leur perfection simple et efficace. 

Si Sophia Stromboli décidait de revenir, on signerait des deux mains.

À lire aux Éditions du Tiroir.

La preview : 

 

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