BD : Le diable au corps, le démon de l’aventure #2 – Arjuna, d’autres labyrinthes et mythologies que celles apprises à l’école, grisant!

© Mariolle/Baldetti/Vial chez Glénat

Si l’aventure se vit bien au long cours sans arguments magiques, force est de constater que pas mal de récits fondateurs de ce genre sans peur et sans reproche sont dotés d’une aura fantastique, de créatures, de monstres capables de faire vaciller les héros et de créer l’inattendu et un supplément de divertissement. C’est le cas dans Conan, Indiana Jones, Les Goonies et tant d’autres. La BD n’y fait pas exception, forgeant des légendes de fantasy, de mille et une nuits et d’autres ans ce bon mélange qui s’ouvre sur des histoires héroïques et palpitantes. La preuve avec ce théma regroupant quelques parutions marquantes de ces dernières semaines. Après Alamander, continuons par ordre alphabétique avec Arjuna de Mathieu Mariolle, Laurence Baldetti et Nicolas Vial.

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Résumé de Glénat pour Arjuna : La prophétie doit s’accomplir. Inde, XIXe. Tandis que l’occupant anglais cherche à tout prix à séculariser ce pays aux multiples croyances et divinités, la population locale craint l’arrivée d’un enfant qui pourrait bien être la réincarnation du puissant démon Ravana. Dans ce contexte, l’autochtone Arjuna, une belle jeune femme qui met ses pouvoirs singuliers à disposition du plus offrant, se voit chargée de ramener la fille délurée d’un colonel britannique au Royaume-Uni. Mais leur périple maritime va conduire les deux femmes dans l’antre des pirates indépendantistes menés par le commandant Kanhoji. Une révélation inattendue va alors sceller leur destin. Se pourrait-il que cette jeune anglaise porte en son sein l’enfant tant redouté ? Bientôt, Arjuna, Kanhoji et un prêtre excommunié vont former un groupe uni autour d’une même cause : protéger la mère et donner une chance à cet enfant de vivre. Commence alors une longue route semée d’embûches à travers l’Inde coloniale…

© Mariolle/Baldetti/Vial chez Glénat
© Mariolle/Baldetti/Vial chez Glénat

Une capuche qui se lève un air téméraire et à la fois impressionné; un décor faste en arrière-plan qui, à y regarder de plus près, dévoile le visage d’un géant magique; et cet effet scintillant, laqué sur cette maquette à dos rond. Waow, ça, c’est une couverture qui réussit son job, de fasciner avant même de savoir ce qui s’y trame. On peut y aller les yeux fermés, enfin tout écarquillés.

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Et, en effet, cet album, convoquant quelque part Rudyard Kipling et le Mahabharata, tout en faisant preuve d’une bonne dose d’imagination (Mathieu Mariolle l’a déjà démontré de l’autre côté de l’empire britannique avec Nautilus) confirme le trésor imaginé à la première impression. Vous voulez de l’aventure, en voilà de la pure, qui a la bougeotte, qui ne sait pas toujours quels ennemis elle trouvera sur son chemin ou sur les flots, à portée de fusil ou de couteau ou à des kilomètres de là dans les bureaux du pouvoir, ou dans les cieux réservés aux dieux. Avec des alliés aussi, de fait ou de longue durée.

© Mariolle/Baldetti/Vial chez Glénat

Car c’est la mosaïque qui fait le récit, une société disparate qui pousse tout un chacun à avoir ses propres objectifs et à faire partie de la bande jusqu’à trouver ce qu’il recherche, pas forcément la même chose que les autres, même si cela passe par la même trace, à travers les cités fourmilières, les temples abandonnés, les cratères piégeux ou les jungles labyrinthes.

© Mariolle/Baldetti/Vial chez Glénat
© Mariolle/Baldetti/Vial chez Glénat

Car la magie, plutôt noire, et la félonie jouent des tours et mettent des bâtons dans les roues des héros, dont Arjuna, qui ne lâchera rien. Son destin en dépend et Laurence Baldetti incarne une princesse qui sous ses faux airs de Jasmine a du bagout et bien plus de courage que tous ceux qui l’accompagnent. Je m’attendais à ce que ce trait semi-réaliste, parfois rond, manque d’angle pour rendre crédible et fort ce récit de tous les dangers, il n’en est rien. L’étau se resserre à mesure que les monstres montrent leurs vrais visages et tentent de contrecarrer les uns et les autres, et le dessin gagne en intensité, combatif et fougueux, sortant facilement de sa réserve. Les couleurs de Nicolas Vial sont d’ailleurs bien senties (ah ces scènes dans l’obscurité mais aussi de lumière forte, comme celle de la flamme, mais aussi cette confrontation qui fait voler le sable et le soufre avec Ravana) pour illuminer cette autre mythologie, certes aménagée par Mathieu Mariolle, qui n’a rien à envier à celle gréco-romaine qui a fait, pour peu qu’on soit face à un professeur passionné, les belles heures passionnées de nos cours de Latin. Détonnant.

À lire chez Glénat.

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