

Si l’aventure se vit bien au long cours sans arguments magiques, force est de constater que pas mal de récits fondateurs de ce genre sans peur et sans reproche sont dotés d’une aura fantastique, de créatures, de monstres capables de faire vaciller les héros et de créer l’inattendu et un supplément de divertissement. C’est le cas dans Conan, Indiana Jones, Les Goonies et tant d’autres. La BD n’y fait pas exception, forgeant des légendes de fantasy, de mille et une nuits et d’autres ans ce bon mélange qui s’ouvre sur des histoires héroïques et palpitantes. La preuve avec ce théma regroupant quelques parutions marquantes de ces dernières semaines. On commence avec le premier tome de l’adaptation d’Alamander d’Alexis Flamand par Gihef et Marco Dominici.
Résumé de Kamiti pour Alamander tome 1 : Oubliez la fantasy que vous connaissez ! Aujourd’hui, vous entrez dans le monde d’Alamänder ! Jonas Alamänder, mage et détective, vient de perdre sa maison confisquée par un royaume voisin. Accompagné de son facétieux compagnon Retzel, un démon de 2ème ordre, il part pour la capitale de Kung-Bohr afin d’y plaider sa cause. Ce sont finalement intrigues de cour et ennemis redoutables qui se dresseront devant les deux compagnons d’infortune. Montrant autant de talent dans l’art de la magie que d’incrédulité face aux mystères qui s’opposent à lui, Jonas Alamänder devra déployer tout son talent pour tâcher de déjouer la terrible machination qui se prépare… Pendant ce temps, Maek, un jeune garçon aux penchants morbides, décide de rallier la fameuse école des assassins TSanks.


C’est vrai beaucoup d’auteurs de polars, d’enquêtes criminelles sont charmés par les sirènes du Neuvième Art – les deux auteurs Gihef et Marco Dominici peuvent d’ailleurs en témoigner puisqu’ils avaient jeté leur dévolu sur Martin Michaud, il y a quelques années -, mais ne sont pas les seuls. Ainsi, ce sont désormais les mondes de fantasy d’Alexis Flamand qui trouvent voie graphique chez l’éditeur qui monte Kamiti et n’a pas son pareil pour s’aventurer dans des projets souvent bien fignolés.


Et ce premier tome d’Alamander le démontre parfaitement. Je ne connais pas l’univers littéraire de l’auteur adapté, ici, mais qu’est-ce que j’ai pris mon pied dans cet album, qui fait parfois penser à ce dont un bon Arleston est capable mais possède une identité propre. Cette entrée en matière, donc, a le bon goût de ne pas traîner en route, malgré les gaffes dont sont capables le personnage-titre et son « animal » de compagnie, pour nous offrir le grand angle. En effet, cet album réussit parfaitement à jouer sur deux tableaux: le périple de Maek, un enfant démon incarnant le mal qui vit sa traversée d’un désert semblant infini, et l’enquête de Jonas Alamander qui lui découvre une ville complètement illuminée entre bureaucratie et paranoïa d’un roi qui possède moult sosies. Le décor est planté et le ton est délicieux profitant à fond de la richesse offerte par la dichotomie de l’histoire, entre légèreté et gravité, avec de véritables ressorts d’escape game, de casse-tête (quand Retzel ne bouffe pas celle-ci).

C’est tour à tour hilarant et scotchant quand le diable et son cortège apparaissent avec des intentions d’anéantissement. Et Marco Dominici trouve là peut-être son plus beau terrain d’expression, dans ce récit malin et suscitant l’attente de la suite. C’est n’est pas une série de fantasy que je tiens là entre mes mains, il y a quelque chose en plus, dans l’esprit et les pièces de ce puzzle très spécial et curieux, insolite. Du beau boulot.

À lire chez Kamiti.
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