Caméléon et phasme à la fois, François Ravard est capable de tous les styles, de s’inscrire dans des couleurs de dessin très différentes. Héritier de Sempé, entre autres influences, le voilà en descendant de Tardi et d’Emmanuel Moynot qui cède le flambeau et chapeaute son poulain pour une nouvelle adaptation de Léo Malet et de son détective particulier, Nestor Burma. Le 14e arrondissement de Paris va se révéler riche en péripéties, en allers-retours, pour notre as de l’enquête dans le brouhaha parisien.
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Résumé de l’éditeur : Paris, été 1955. Burma est engagé simultanément par deux clients résidant dans le 14e arrondissement. L’un, Ferrand, un ancien compagnon de captivité pendant la guerre, demande l’aide du détective pour une histoire de cambriolages en série. L’autre, un riche bourgeois du nom de Gaudebert, veut découvrir qui s’amuse à le faire chanter. À première vue, rien de commun à ces deux affaires. Pourtant, il n’y a pas de hasard et Dynamite Burma va vite découvrir qu’elles sont en fait liées toutes les deux à la tristement célèbre bande des Rats de Montsouris, un gang de cambrioleurs spécialisés dans les caves parisiennes.


C’était il y a 65 ans seulement et c’était pourtant un tout autre monde. Sans nouvelles technologies, sans calcul ni gestion de risques que l’on soit bon ou mauvais. Ou entre les deux. Pour un mauvais coup ou pour les yeux doux, on y allait. Pour un peu d’argent et de confort, cela dit, aussi. Ainsi, sous une superbe couverture, comme dans un western, dans laquelle tout le monde se toise; se cache une enquête à double tranchant et à deux vitesses pour notre héros au flair intact. Entre le chantage d’un ancien notable et un ancien « serpent », compagnon d’infortune du Stalag XB, qui refait surface dans une drôle d’affaire qui peut rapporter gros, a priori, il n’y a aucun lien. Mais c’était sans compter une rousse moins incendiaire qu’incendiée, à l’eau de feu, plus bourrée que la pipe de notre Nestor, qui va précipiter les choses, entre scène de crime et cadavre le long des voies.


Dans sa fuite en avant, quitte à se faire passer à tabac, le limier va aussi être amené à remonter le temps, à tirer les indices dans la chronologie pour mieux évincer le mystère et les secrets et créer la surprise. D’un bout à l’autre de l’arrondissement, d’un café populaire à une bien belle (trop?) baraque. Tirant son épingle du jeu dans les rares planches qui lui laissent tout l’espace de s’exprimer (deux scènes cruciales dans le noir, éclairées à l’allumette ou la lampe à huile, d’une efficacité redoutable), François Ravard jongle parfaitement avec les textes et phylactères (toujours nombreux dans ce genre d’histoire, pour faire la part entre ce qui fait avancer les recherches ou les égare), suivant la ligne Tardi sans en être le faussaire.





On sent sa patte, généreuse, et son humour, dans les expressions et la manière de camper les héros. Avec deux dessinateurs à la barre, Moynot et Ravard, la crème de la crème est réunie pour que cette nouvelle reprise démarre sur les chapeaux de roue. Du sur-mesure. Pan!

Série: Nestor Burma
Tome: 13 – Les rats de Montsouris
D’après le roman de Léo Malet
Scénario : Emmanuel Moynot
Dessin : François Ravard
Couleurs: Philippe de la Fuente
Genre: Polar
Éditeur: Casterman
Nbre de pages: 64
Prix: 16 €
Date de sortie: le 09/09/2020
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