Tamara McKinley nous offre, avec son dernier roman Lune de Tasmanie, une nouvelle saga familiale comme elle sait tant les conter. Il y a Christy, la grand mère qui relate ses souvenirs et reprend, à l’envers, le voyage de sa vie; Anne, la fille exaspérante et intransigeante et Kathryn, la petite-fille qui s’apprête à débarquer dans la capitale pour suivre des cours à l’université. C’est un roman sur la transmission. Tamara McKinley a souhaité rendre hommage à tous ces colons écossais, ces hommes et ces femmes, paysans des Highlands qui ont été chassés des terres que leurs familles louaient depuis de nombreuses années et forcés à l’immigration pour survivre. Un roman sombre qui s’éloigne un peu des Tamara McKinley australiens et se rapproche plus de la série qui se déroule durant la guerre en Angleterre.
« –C’est magnifique, souffla Kathryn. Qu’éprouves-tu à retrouver ta terre au bout de ces années ? Des larmes piquèrent à nouveau les yeux de la sexagénaire qui resserra son châle autour de ses épaules.
-Je ne sais pas si je dois rire ou pleurer, avoua-t-elle à sa petite fille. Du bateau, j’ai déjà constaté tellement de changements que j’en viens à presque craindre ce que je vais découvrir une fois que nous aurons accosté à McInnes Bay.
1905. A la mort de son mari, Christy décide, à bientôt 65 ans, de se rendre en pèlerinage sur l’île de Skye, en Ecosse, terre rude où elle a passé les quinze premières années de sa vie. Avant que ses parents ne soient contraints à l’exil et s’installent en Tasmanie, au sud de l’Australie. Accompagnée de sa fille Anne et de sa petite-fille Kathryn, Christy embarque pour un long voyage vers le passé où de douloureux souvenirs referont surface? Un retour aux sources qui bouleversera à jamais la vie des siens...
Avec cette saga mettant en scène une femme courageuse, Tamara McKinley signe un roman dans la lignée de ses grands succès, sans doute l’un de ses plus personnels. »
Christy est le personnage central de cette saga familiale et historique. C’est elle qui raconte ses souvenirs, c’est elle qui est à l’initiative de ce voyage, c’est elle encore qui fait preuve de courage, aujourd’hui et quand elle était petite fille, chassée de ses terres avec toute sa famille. Puis, elle est un tantinet excentrique. Veuve récente, elle est encore très peinée de la mort de son mari mais s’autorise enfin tout ce qu’elle a refréné par respect pour son amour. C’est d’ailleurs pour cela qu’elle prend le bateau et traverse la moitié de la Terre pour retrouver ses racines. À peine débarquée, il faut qu’elle se déchausse pour marcher pied nu au contact de cette terre qui lui a tant manqué. C’est la grand-mère dont on rêve.
Anne, c’est sa fille qui l’accompagne de force. Ou plutôt qui s’est forcée à accompagner les deux autres femmes. Elle est une caricature du début à la fin. Elle évolue peu et montre une constance dans ses réactions : méchante, blessée, vipère, égoïste et mégère. Elle ne cesse de dévaloriser sa mère, de la rudoyer en propos ou en actes. Elle est égo-centrée et, je dois bien le reconnaître, il est difficile de la supporter plus que quelques lignes. On sent la blessure d’enfance non cicatrisée mais on a envie de lui taper dans le dos et de lui dire « évolue enfin, mets ton mouchoir dessus et avance. Et si ça ne te plait pas, rien ne te force à rester. Rentre chez toi et fous-nous la paix ! ». Mais c’est Tamara qui guide le récit par sa plume et Anne sera là bout en bout …
Kathryn, elle, est une jeune fille de 18 ans à l’aube de grands changements dans sa vie. Elle va bientôt quitter la maison familiale et profite de ce long voyage, par-delà les mers pour mieux connaître sa famille, son histoire et partager chaque instant de qualité avec sa grand-mère. Elle est le socle sur lequel cette dernière peut s’appuyer lorsqu’elle flanche dans son voyage, dans ses souvenirs.
C’est donc une histoire de famille mais aussi et surtout l’histoire de ces colons qui ont été forcés d’émigrer en Australie. Pour pimenter ce récit, Tamara McKinley nous offre des descriptions des paysages comme elle seule peut le faire et une histoire de secret, en parallèle, que les hommes de la famille restés en Tasmanie devront régler.
J’ai quelques réserves sur ce récit. J’ai été moins emportée au loin. Il y avait pourtant tous les ingrédients pour une magnifique histoire. Est-ce moi qui était moins réceptive? C’est possible. Mais Anne m’a exaspérée. Et les annonces de l’auteure sur le secret, les annonces sur ce secret à préserver absolument, qui va bouleverser tout l’avenir de la famille, celui contre lequel les hommes font front sont trop nombreuses. L’auteure choisi de maintenir le suspense une bonne partie du récit mais trop de teasing tue le suspense pour moi.
Sans doute dois-je reconnaître que dès que l’histoire n’est plus inscrite sur les grandes plaines du bush australien, avec cette terre rouge à perte de vue, ces fermes isolées et autosuffisantes et ce vent chaud qui balaie les propriétés, je suis un peu perdue. C’est la Tamara McKinley que j’aime et que je continuerai à aimer. Mais je suis certaine que ce roman plaira éperdument à d’autres que moi. Au vu des avis enjoués déjà parus sur divers sites, je ne prend guère le risque de me tromper.
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Titre : Lune de Tasmanie
Editions : L’Archipel
Sorti le 28 mai 2020
Nbre de pages : 367 pages
Prix : 22 €