Zaï Zaï Zaï, on connaissait déjà dans le monde de la BD, dans un tout autre style, voilà Die! Die! Die! Simple, net, efficace… mais peut-être pas sans bavure. Facile à retenir ? Certainement, puisque derrière cette toute nouvelle série faite dans le sang et la sueur, on trouve Robert Kirkman, qui en a fini avec The Walking Dead mais joue encore un peu avec les revenants. En l’occurrence, trois frères, espions et surentraînés, dont l’entente n’est pas franchement au beau fixe.
Résumé de l’éditeur : Nous vivons dans un monde dangereux. Heureusement, il existe, au sein du gouvernement américain, un groupe au-dessus des lois qui missionne des assassins pour influencer les événements et rendre le monde plus vivable. Attention si vous faites quelque chose de mal ou simplement si vous êtes au mauvais endroit au mauvais moment, on pourrait bien décider de donner l’ordre de vous éliminer.
Die! Die! Die!, c’est l’histoire soufflée par Scott M. Gimple, l’un des scénaristes des Walking Dead, et qui n’est visiblement pas tombée dans l’oreille d’un sourd. Robert Kirkman l’a faite sienne et livre sa série la plus réaliste (loin s’en faut) depuis très longtemps. Réaliste s’entend par l’absence d’élément fantastique, l’ultra-violence noyée de sang et de nez coupés est, elle, bien au rendez-vous.

Sous l’ère Obama 3, le groupe secret La Cabale tire les ficelles d’un vaste réseau d’hommes d’action et espions borderlines dont les commandos sont dirigés par les sénateurs les plus influents du gouvernement. Connie Lipshitz et Barnaby Smith en sont les ténors, chacun avec des conceptions bien différentes (sauf quand il s’agit de participer à des orgies mondaines en petites tenues) de l’autre de ce lieu de pouvoir à la puissance dévastatrice. C’est dans ce bureau ombragé que se décident les mises à mort.

Celle d’un puceron qu’on écraserait sur l’épaulette du président ? Pour Connie, les choses ne sont pas aussi simples. La mort est une aventure dont on ne revient pas et il lui est insupportable d’envoyer des innocents au casse-pipe, et au coupe-nez (un ersatz de Jason Statham en a fait sa signature sanguinolente), même quand il s’agit de préserver le monde (qui tourne autour des USA, bien sûr) d’une menace importante. Alors, Connie se perd dans des casse-têtes mesurant le pour et le contre, pour atteindre sa cible nocive en minimisant les dégâts collatéraux.

Bon, sur le terrain, les agents font beaucoup moins dans la dentelle. Nate, ce colosse blond, notamment. George, John et Paul, encore moins. Ces trois derniers sont frères, un peu perdus de vue. Mais l’enlèvement de Paul et de tous les secrets dont ils disposent va obliger les deux autres à revenir dans le game. Et même à se mélanger. A-t-on idée de se ressembler autant ?
Après un premier chapitre qui balance du lourd mais reste un peu balourd, Robert Kirkman plante le décor d’une série bien plus finaude qu’il n’y paraît. Outre les gros muscles et la testostérone, le scénariste fomente un vrai discours sur la Terre d’aujourd’hui, ses enjeux, ses combats (la place de la femme, comme pierre angulaire, dans un monde de brute) et les rivalités politiques peut-être bien plus féroces encore que les combats d’espions.
Sous couvert d’un projet d’assassinat du président, le scénariste livre un récit grandiloquent, tyrannique et violent, aussi dans ses joutes verbales terriblement bien amenées par Chris Burnham (on se dit que dans les corps-à-corps, il a du se laver beaucoup de fois les mains pour effacer tout ce sang) qui se perd par contre un peu dans des personnages approximatifs, surtout l’énigmatique Barnaby.

Pour le reste, on est gâté, ce sont huit chapitres que relie ce premier livre qui démarre sur les chapeaux de roues. Chaque chapitre finit toujours de la même manière, une planche-portrait d’un des redoutables protagonistes, mais amène toujours plus de surprises, de jeux de dupes et de renversement de situations. On sent venir des choses, qui sont finalement désarmées pour mieux en dégoupiller d’autres. Même entre amis, entre frères, la confiance n’est plus de mise, il faut se méfier de tout. Malgré ce jeu de pistes qui nous aiguille en erreur, on fait amplement confiance à cette série très généreuse.
Série : Die! Die! Die!
Tome : 1
D’après une idée de : Scott M. Gimple
Scénario : Robert Kirkman
Dessin : Chris Burnham
Couleurs : Nathan Fairbairn
Traduction : Edmond Tourriol
Genre: Action, Espionnage, Politique
Éditeur VO : Image Comics
Label : Skybound
Éditeur: Delcourt
Nbre de pages: 192
Prix: 17,95€
Date de sortie: le 22/01/2020
Extraits :