Aaaaah Giverny, décor magnifique au spectaculaire paisible pour motiver l’imaginaire et fasciner des heures. Un village suspendu dans le temps et l’espace, comme ces héroïnes de papier glacé, mais sur papier toilé. Pour ceux qui auraient raté le train pour ce village de peinture et de crimes en 2011, la superbe collection Aire libre offre un incroyable billet retour en BD mais jamais loin du pinceau et de la nature, du soleil de Monet. De Monet à Bussi, de Bussi à Duval et Cassegrain, la transmission est parfaite, sans perte.

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Résumé de l’éditeur : Dans le village de Giverny, où Claude Monet peint quelques-unes de ses plus belles toiles, la quiétude est brusquement troublée par un meurtre inexpliqué. Tandis qu’un enquêteur est envoyé sur place pour résoudre l’affaire, trois femmes croisent son parcours. Mais qui, de la fillette passionnée de peinture, de la séduisante institutrice ou de la vieille dame calfeutrée chez elle pour espionner ses voisins, en sait le plus sur ce crime ? D’autant qu’une rumeur court selon laquelle des tableaux d’une immense valeur, au nombre desquels les fameux Nymphéas noirs, auraient été dérobés ou bien perdus.


Ce roman, sans doute le meilleur de son auteur, considéré comme inadaptable (dixit Michel Bussi lui-même, et on le comprend) c’est un duo, Fred Duval et Didier Cassegrain, qui s’y est attelé sous la relecture du maître du thriller à la française. Pour amener le lecteur dans l’univers pictural du peintre tout en y mêlant celui de Cassegrain, durant treize jours, d’un meurtre à l’autre, des impressions à l’exposition. Sur la piste du serial killer qui a tué un chirurgien-ophtalmo sans histoires, si ce n’est de fesses.

Le lecteur-acteur (vous savez comment sont les polars, on veut trouver le fin mot avant les enquêteurs, ici Laurenc et Silvio) se fait balader, mais d’une force… On en prend plein les mirettes et on ne voit rien venir dans ce pageturner qui sème les indices comme des coups de pinceau auxquels on ne prêtera attention que bien trop tard. Même si on peut rester des heures devant les dessins sublimes de Cassegrain, l’un des plus peintres parmi les dessinateurs BD (pas d’encrage mais des couleurs directes si vivantes), imprégné de toute cette richesse picturale dont était capable un Monet.


Nymphéas noirs en BD, c’est mon kiff lecture ultime de ce mois de janvier, un show de couleurs et de lumière. Une somptueuse adaptation BD transcendante et jouant de précision et d’attachement. À tel point, là où des récits de vie sont parfois plus aptes à changer un poil nos vies, que ce polar nous suit, nous marque.

Remarquable et impressionnant. Une leçon de maître(s) impressionnistes.

PS : Dans un autre registre mais toujours en matière d’adaptation, on attend impatiemment l’adaptation qu’il a réalisée, avant Nymphéas Noirs, avec Régis Hautière et Olivier Vatine d’un Conan.

Récit complet
D’après le roman de Michel Bussi
Scénario : Fred Duval
Dessin et couleurs : Didier Cassegrain
Genre : Drame, Thriller
Éditeur : Dupuis
Collection : Aire Libre
Nbre de pages : 144
Prix : 28,95€
Date de sortie : le 25/01/2019
Extraits :
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