La guerre des bulles #1 : du Pinard de guerre au goût de sang, du courage jusqu’à en être saoul, fou

© Pelaez/Porcel chez Grand Angle

Oh, ça fait longtemps que je ne vous ai pas proposé un topic thématique. L’heure est venue, en ce début d’année, d’y remédier. Et ça tombe bien, au fil des albums qui me sont passés entre les mains, j’avais un sujet tout trouvé : la guerre ! Ou plutôt les guerres! Celles qui traversent les époques et reprennent toujours leur quota de cadavres, qui révèlent des sociétés dans leurs forces et leurs faiblesses, créent la solidarité ou la haine, façonnent la grande Histoire mais aussi les petites qu’on oublie mais que des auteurs rusés vont rechercher. Sans oublier la fiction pour laquelle, dans un décor solide et fort en ambiances, les champs de bataille sont des boulevards. Mais encore faut-il avoir les moyens. Ce pourquoi le cinéma, en dépit d’admirables réussites dans le genre, est plutôt frileux à porter sur écran ces univers désolés. Pas la bande dessinée, septième monde de tous les possibles pourvu que leurs auteurs soient imaginatifs, créatifs et sachent y faire. On commence cette exploration des affrontements de ces cent dernières années (et un peu plus) lors de la Première Guerre Mondiale, avec du Pinard de guerre. Santé, troufion!

© Pelaez/Porcel chez Grand Angle

Résumé de l’éditeur : Ferdinand est un tire-au-flanc, un planqué qui simule une infirmité pour échapper à la guerre et éviter de se retrouver en première ligne, dans les tranchées face aux Allemands. Profiteur sans scrupules, il a fait fortune dans le commerce d’un pinard douteux et frelaté qu’il vend à l’armée, allant même jusqu’à nuire à la concurrence pour être le seul fournisseur des poilus. Alors qu’il écoule son vin près de la ligne de front, Ferdinand se retrouve malgré lui engagé dans le conflit et devient, avec ses compagnons d’infortune, prisonnier d’une tranchée prise entre deux feux.

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© Pelaez/Porcel chez Grand Angle

Scénariste de plus en plus en vue au fil des années, Philippe Pelaez brille aussi par la diversité des univers et des genres qu’il explore. Des thèmes qui semblent parfois éloignés de son quotidien  mais dans lesquels l’auteur réussit toujours à trouver une porte d’entrée, un personnage dans la peau duquel, qu’il soit loser ou leader, il peut se glisser.

© Pelaez/Porcel chez Grand Angle

Et avec Ferdinand Tirancourt, « margoulin de son état, charlatan de profession », il a encore trouvé un bon client avec lequel faire du théâtre et utiliser un verbe et un champ lexical, populaire mais pas populiste, facile, succulents. De quoi faire accepter, même, quantité de cartouches qui alourdiraient beaucoup d’albums mais, ici, renforcent l’immersion dans le décor et la psychologie de son « héros », tout en ajoutant des images à l’image, de la 3D.

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Non pas que Francesco Porcel soit en reste, tant l’Espagnol est, on le savait déjà, capable de matérialiser la cruauté de la guerre mais aussi son surréalisme, sans concession mais avec des variations, et même un moment poétique, suspendu, dansant au-dessus du charnier des tranchées.

© Pelaez/Porcel chez Grand Angle

L’association de ces deux-là est fortiche pour offrir un récit de guerre peu commun, porté par les inspirations d’un homme qui ne veut pas la faire mais veut en profiter, au maximum, jusqu’à l’ivresse, avec de la gouaille, à la manière d’un Baron de Münchhausen.

© Pelaez/Porcel chez Grand Angle

Mais attention à la gueule de bois (au propre (sic) comme au figuré). Entre les lignes, il y a un grand récit d’aventure, inattendu par la personnalité de ce héros connard, parfois pris de revers, et qui se poursuivra dans un deuxième tome toujours auto-conclusif, le 30 mars prochain. À la suite duquel, un troisième tome n’est pas impossible.

© Pelaez/Porcel

Titre : Pinard de guerre

Récit complet

Scénario : Philippe Pelaez

Dessin et couleurs : Francis Porcel

Genre : Comédie dramatique, Guerre

Éditeur : Grand Angle

Nbre de pages : 64

Prix : 14,90€

Date de sortie : le 01/09/2021

Extraits : 

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