Enfermement, emprisonnement et perte totale de repères avec Claustration de Salvatore Minni

Surprenant est le mot qui caractérise le mieux ce roman noir. Il est à la fois thriller psychologique et roman noir plus classique. L’histoire est déroutante. Quand on pense avoir compris ce qui se trame dans ce pays sans nom ni époque, on est totalement contredit par l’auteur. C’est perturbant de vivre minute après minute, phrase après phrase, cet enfermement total et incompréhensible que vivent les protagonistes. Tous présentent le même tatouage et malgré des histoires et des vies bien distinctes, tous subissent un enfermement forcé ou connaissent quelqu’un qui le vit. Préparez-vous à perdre vos repères et à vous faire mener par le bout de votre nez par Salvatore Minni.

« Ils ne se connaissent pas et pourtant, ils portent le même tatouage sur le bras…

Clara, que son amie Françoise recherche depuis plusieurs semaines, se réveille un matin étendue sur le sol d’une cellule obscure et infestée d’insectes. M. Concerto tente de découvrir les raisons qui l’ont conduit dans une chambre d’isolement, tandis que Charles se cloître de son plein gré.

Chacun d’entre eux se retrouvera face à son destin. Mais dans leur quête de la vérité, ils se rendront très vite compte que les apparences ne sont pas celles qu’ils croyaient… »

Salvatore Minni est né le 13 février 1979 à Bruxelles. Dès son plus jeune âge, il est attiré par toutes les formes d’écriture. Fasciné par les langues en général, il entreprend des études de traducteur. Le métier de professeur lui permettra ensuite de transmettre sa passion aux étudiants qu’il croisera lors de ses cours. A travers ces années et ses expériences, tant professionnelles que privées, les idées ne cesseront de fuser en grand nombre et donneront finalement naissance à l’écriture d’une histoire à multiple facettes… » (résumé de l’éditeur)

Clara est médecin humanitaire. Elle voue sa vie aux autres. Chaque année, elle organise son temps entre six mois de boulot dans son pays et six mois de mission à l’étranger. Son métier prend toute la place. Elle n’a d’ailleurs pas de famille à elle et se rend régulièrement dans des pays en guerre, dans des lieux où les droits des hommes et des femmes ne sont pas respectés. Et voilà qu’elle se réveille en guenilles au fond d’une cellule. Personne ne veut lui dire pourquoi elle est enfermée. Personne ne lui parle de toute façon. Elle est traitée de manière inhumaine : peu de nourriture, aucune hygiène et la lumière du jour lui est interdite. Mais qu’a-t-elle fait pour mériter cela ?

Charles a aménagé une cachette sous sa maison. Une porte dérobée au fond de la cave entièrement repeinte en noir; un rideau, noir lui aussi, pour en masquer l’entrée; un éclairage volontairement défaillant puis un long corridor sombre et creusé dans la roche pour mener à une autre porte fermée à clef. C’est là qu’il se terre depuis une semaine. C’est un choix sans en être un. Il est chassé, poursuivi par le gouvernement et tente d’échapper à ceux qui veulent l’emmener parce qu’il est trop vieux. Heureusement que Rose, son épouse, est présente pour lui apporter de quoi manger et un peu de réconfort. En attendant qu’il prenne une décision pour son avenir, pour leur avenir, Charles a l’impression que la cave rétrécit à vue d’œil, que les murs se rapprochent, que l’enfermement s’intensifie. Il n’en dort plus, ne rêve que du souffle du vent sur sa joue et réalise petit à petit que la peur a pris toute la place.

Monsieur Concerto est marié depuis longtemps à une femme qu’il aimait. Mais elle l’a trahi. Ce ne peut-être que cela. Comment expliquer autrement qu’il s’est réveillé dans la chambre capitonnée d’un asile psychiatrique et que les infirmières le gave de médicaments? Il en perd d’ailleurs la mémoire. Pourquoi est-il enfermé ? Lui qui n’a jamais rien fait ? Pourquoi lui cherche-t-on misère ? Pourquoi contrôler ses moindres faits et gestes, même ses pensées ? Et ces gens qui ne cessent de murmurer de l’autre côté du mur. En ce bruit constant qui l’empêche d’y voir clair.

En vous écrivant cela, je ne dévoile rien de l’intrigue. Ce ne sont que les premières lignes des premiers chapitres qui vous sont exposées ici pour prendre pleinement conscience de l’ambiance.

Car ce livre est une atmosphère avant tout. Celle de l’enfermement. On vit avec les protagonistes, on subit avec eux cette Claustration, la peur et le sentiment d’injustice. L’insécurité est partout, les sens en alerte et le cerveau commence sérieusement à partir en roue libre. L’auteur conseille en préambule de lire ce roman dans une lumière parcimonieuse, je ne peux que vous le conseiller, l’effet n’en sera que renforcé.

Il m’est difficile d’exprimer mon opinion complète sur ce roman sans rien dévoiler de l’intrigue. Alors, je vous écris pour terminer cette chronique que le point de vue de narration est très original et rudement bien imaginé. J’ai été bluffée par le dénouement que je n’avais pas une seconde anticipé. Toutefois, je suis plus adepte des thrillers gores que des thrillers psychologiques et j’ai trouvé donc quelques longueurs dans l’écriture.

En ce qui concerne le final des deux dernières pages, chacun y verra ce qu’il comprend. Pour ma part, j’y ai vu deux explications sérieuses… L’une dans l’explication rationnelle, l’autre appuyant la théorie du docteur Quint… mais peut-être les lecteurs que vous êtes en verront plus !

Auteur : Salvatore Minni

Titre : Claustration

Editions : IFS / Phénix Noir

Sorti le 8 juillet 2019

287 pages

Prix : 18 €

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