Les grandes oubliées – Pourquoi l’Histoire a effacé les femmes est un livre indispensable, essentiel. Pour toutes les petites filles qui ont appris à l’école que l’histoire s’était écrite sans elles. Pour que toutes les femmes s’approprient leur histoire, pour que tous les hommes comptent enfin avec elle et pour simplement rendre aux femmes du passé leurs justes places. Ce livre est joyeux car l’écriture de Titiou Lecoq est dynamique et ses expressions personnelles, ses ajouts et ses « traductions » de l’histoire sont un régal de punchlines. Certes, ce livre est féministe car il combat une domination masculine présente dans les manuels d’histoire. Mais il ne cherche pas à écraser l’autre, il cherche à co-construire une nouvelle histoire, plus fidèle à la réalité. Non, les femmes ne restaient pas dans leur grotte pour élever les enfants du temps de Neandertal. Non, le pouvoir n’a pas été uniquement le fait des hommes, certaines femmes ont régné, ont fait la guerre. Certaines femmes ont écrit, ont milité, on fait la révolution… Mais les manuels d’Histoire, fruits de recherches effectuées pour la plupart au XIXe et au XXe siècles sont plus le reflet de la société moderne que de la réalité de l’époque. Bouleversant vos certitudes, ce livre est incontournable. Il offre la liberté d’être aux femmes en leur rendant leur histoire.
« De tout temps, les femmes ont agi. Elles ont régné, écrit, milité, combattu, crié parfois. Et pourtant elles sont la plupart du temps absentes des manuels d’histoire.
« C’est maintenant, à l’âge adulte, que je réalise la tromperie dont j’ai été victime sur les bancs de l’école. La relégation de mes ancêtres femmes me met en colère. Elles méritent mieux. Notre histoire commune est beaucoup plus vaste que celle que l’on nous a apprise« .
Pourquoi ce grand oubli ? De l’âge des cavernes jusqu’à nos jours, Titiou Lecoq s’appuie sur les découvertes les plus récentes pour analyser les mécanismes de cette vision biaisée de l’Histoire. Elle redonne vie à des visages effacés, raconte ces invisibles, si nombreuses, qui ont modifié le monde. Pédagogue, mordante, irrésistible, avec elle tout s’éclaire. Les femmes ne se sont jamais tues. Ce livre leur redonne leurs voix. »
Extrait de C l’Hebdo du 18/09/2021 sur France 5
Ne cachons pas ce qu’est ce livre. C’est un livre féministe, bien sûr. Mais il n’est pas combat agressif, il est réhabilitation de l’histoire des femmes dans l’Histoire. Par un travail minutieux de compilation de recherches (qui pourrait s’apparenter à une thèse… mais dont la forme est nettement plus légère et agréable), Titiou Lecoq nous offre le résumé, le condensé des recherches d’historiennes et d’historiens qui ont cherché à répondre à la question : « Mais où sont les femmes dans l’histoire ? »
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Et la réponse est : cela dépend des époques, des lieux et des femmes… Mais là où l’on est certain qu’elle ne sont pas c’est au fond d’une grotte ou, plus tard, de leur maison pour élever la marmaille uniquement. Les femmes ont fait l’histoire, au même titre que les hommes. En Grèce, durant longtemps, on a pensé que les amazones étaient exclusivement un mythe. Sauf qu’en réétudiant les tombes attribuées aux guerriers car remplies d’armes et de boucliers, avec des squelettes présentant des blessures de guerre, les historiennes et historiens se sont aperçus que 30% d’entre elles étaient occupées par des femmes ! Il y a donc eu des femmes guerrières, des combattantes armées… et pas qu’un peu !
Le féminisme, ce n’est pas uniquement ces affiches de propagande très connues, ce n’est pas non plus réservé à une bande d’hystériques qui crient en montrant leurs seins. Nous sommes nombreuses à ne pas nous reconnaître dans ces caricatures. De plus, elles sont souvent menées comme un combat contre l’autre… Or, la vérité est souvent à rechercher dans la voie de « l’avec l’autre ».
Titiou Lecoq, en balayant les différentes époques de notre histoire, nous offre la liberté. La liberté d’être ce que l’on souhaite car elle nous rend de grandes figures, des modèles à suivre, des femmes qui ont déjà ouvert la voie. Et marcher dans les pas d’une autre, c’est plus aisé que de défricher seule le terrain.
Titiou Lecoq nous parle aussi du langage. Je reprends ici ses mots.
« L’un des cas de masculinisation (de la langue française) le plus intéressant, c’est la disparition du terme « autrice ». Avec le même radical – le latin auctor – on avait créé plusieurs mots : acteur/actrice et « auteur/autrice. Et puis pouf, « autrice » a disparu. L’invention du mot auteure est beaucoup plus récente et ne s’inscrit pas dans le respect de l’histoire… Reprendre le terme d’autrice, c’est rappeler l’histoire de notre matrimoine, le fait que nous sommes des descendantes. C’est à dire que Catherine Bernard (autrice de pièces de théâtre pour la Comédie française au XVIIeme siècle) a bel et bien existé et que son oeuvre est toujours là. »
Tout est là, tout est dit. Titiou Lecoq nous offre une histoire, des figures emblématiques, des racines… Et nous propose de nous en emparer pour ne plus les oublier et construire notre futur plus libres que jamais. Il est évident qu’après cette lecture, je n’emploierai plus jamais le terme auteure… Merci d’avoir levé une partie du voile qui me cachait la vue.
Titiou Lecoq bouleverse ce que l’on prenait pour acquis… elle déstabilise nos certitudes et nous fait prendre conscience de préjugés de domination masculine que nous sommes nombreuses à reproduire sans même les remettre en cause. Un travail immense reste à faire pour rendre aux femmes leurs justes places. « Le discours officiel paraît neutre. Il ne l’est pas. Mais il parvient, par sa position majoritaire, à faire reconnaître ses choix (de domination masculine) pour de l’objectivité ». Les femmes sont plus qu’une anecdote, plus qu’un encart dans un livre d’histoire.
Merci à l’autrice de nous inscrire dans une histoire plus réaliste, plus vraie et de nous permettre de nous approprier des modèles qui nous ressemblent. Merci de nous offrir la possibilité de créer notre liberté. Ce livre est essentiel et beaucoup plus accessible à la lecture que le célèbre Sorcières de Mona Chollet.
C’est un livre indispensable mais drôle aussi. Car l’écriture de Titiou Lecoq est très agréable, on rit même parfois de ses expressions. Elle écrit comme si elle nous parlait, comme si elle nous racontait une histoire… son histoire… notre histoire. Merci.
Titre : Les grandes oubliées de l’histoire. Pourquoi l’Histoire a effacé les femmes
Editions : L’Iconoclaste
Sorti le 16 septembre 2021
326 pages
Prix : 20,90 €
Très intéressant.
Il y a d’autres livres qui vont dans le même sens mais qui se focalisent sur une période précise (ex : « L’homme préhistorique est aussi une femme », « Histoire des femmes en Occident, tome 2 : Le Moyen Âge « ,etc.).
Celui-ci a l’avantage d’être une compilation récente.
En ce moment, le Parti Communiste Chinois réécrit l’histoire en faisant disparaitre tout ce qui n’est pas dans sa ligne (comme la révolte de Tian’anmen). Certains occidentaux ont injustement fait de même en gommant la place des femmes dans l’Histoire. Ce n’est que justice de rétablir la vérité et la place normale de nos femmes, mères, soeurs, cousines…
Merci pour cette découverte