L’intégrale de LA MOIRA mais aussi ses débuts en BD contiennent toute l’essence de Loevenbruck. Magnifique

L’intégrale de LA MOIRA rassemble un récit fantastique sorti en trois tomes : La louve et l’enfant, La Guerre des loups et La nuit de la Louve. Ils ont été publiés pour la première fois en 2001-2002 mais J’ai Lu nous a offert une réédition complète et augmentée d’illustrations en 2017. C’est absolument fantastique (au sens propre et figuré). Parce que c’est l’histoire d’une quête, d’un monde nouveau que crée l’auteur entièrement et qui fait écho au nôtre. Mais c’est aussi un monde dans lequel les druides, les lutins, les silves et les pouvoirs magiques ont leur place. Et pourtant, je ne suis pas une grande fan de fantasy mais tous les ingrédients qui font que l’on aime Loevenbruck se retrouvent dans ce récit. Il y a l’amitié, une quête quasi initiatique, des loups et des combats à l’épée magnifiquement décrits. Bref, on ne peut absolument pas lâcher ce récit de 958 pages… On en arrive même à penser qu’il est trop court une fois la dernière page tournée ! Ça tombe bien, il y a une suite d’un peu plus de 1000 pages pour notre plus grand bonheur. Elle se nomme Gallica et elle est déjà commandée chez mon libraire de quartier. Génial ! En plus, une adaptation BD vient de commencer, on vous en parle aussi.

« Aléa, jeune orpheline solitaire, dérobe un jour une bague qui lui confère des pouvoirs étranges. politiciens et religieux convoitent autant qu’ils redoutent cette élue aux facultés uniques… Serait-elle appelée à devenir le Samildanach, l’élu des druides, à qui revient la charge de façonner l’avenir du monde ? La guerre est proche et gronde, le destin de l’île de Gaelia est sur le point de basculer. »

Pour les amateurs du neuvième art, il faut savoir que ce récit a été adapté en BD par l’auteur lui-même, en collaboration avec Lylian et Raka. Mais c’est le livre qui est d’abord le sujet de cette chronique. Alexis vous parlera de la BD, ensuite.

J’ai mis plus de dix ans avant d’oser m’attaquer à cette lecture. Parce que je suis une inconditionnelle de Loevenbruck (les habitués qui lisent nos chroniques commencent à le savoir 😉 ). J’ai découvert l’auteur avec des récits d’enquêtes truffés de symbolisme tels que Le testament des siècles ou Le mystère Fulcanelli. J’ai parcouru les routes d’Europe au Moyen-Âge avec la quête initiatique de l’Apothicaire. J’ai succombé définitivement sous la plume de l’auteur avec Nous rêvions juste de liberté et, ensuite, j’ai décidé de tout lire de cet auteur. Jusqu’à sa dernière saga dont Gabriel Joly est le héros : Le loup des Cordeliers, Le Mystère de la main rouge et  L’Assassin de la rue Voltaire. Et rien n’est décevant, tout est excellent. Quel que soit le style, il écrit parfaitement et ses intrigues, les émotions, le développement de l’histoire, les personnages sont terriblement justes et attachants.

Oui mais voilà, La Moira, c’est du Fantasy…. Et hormis Harry Potter et les Gardiens des Cités perdues, je ne suis pas une grande consommatrice de cette littérature. Alors, le risque était grand que cette histoire ne me passionne pas… Mais ce fût contraire. Dès les premières pages, le monde créé pour nous par Loevenbruck prend vie sous ses mots. Et l’on plonge en Gaelia, on chemine sur les sentiers de cette île… Et la carte dessinée en début d’ouvrage est un magnifique moyen de nous aider à y parvenir rapidement.

Cette histoire est passionnante par elle-même parce que c’est l’histoire d’une jeune fille qui voit sa vie bouleversée par une rencontre et un geste… Ensuite, sera-t-elle à la hauteur de l’avenir qui s’impose à elle ?

Mais c’est terriblement intéressant de lire l’un des premiers écrits d’un auteur que l’on affectionne. Parce que tout ce qui fait l’essence de Loevenbruck est présent. L’immensité du talent de sa plume d’auteur, évidemment allais-je écrire. Mais aussi tout ce qu’on aime chez lui. C’est un peu comme s’il avait rédigé une profession de foi et que, depuis, la route qu’il s’est fixée ne s’est que très peu éloignée des thématiques relevées dans La Moira.

Prenons les chemins parcourus par Aléa et ses amis. Ils sont sinueux, tortueux, sans cesse avec des modifications et pourtant l’objectif final est identifié et encore flou. Aléa sait ce vers quoi elle doit tendre mais n’a pas (au début de l’histoire) toutes les clefs pour y parvenir. C’est la route et les expériences du parcours qui vont la transformer afin qu’elle soit capable de faire face à son destin. Une quête initiatique où elle se découvre. Ces mots pourraient sans aucun problème s’appliquer à la description de l’histoire de l’Apothicaire ! Et le roman est pourtant si différent !

Si l’on s’intéresse maintenant à l’aspect relationnel de cette histoire. Aléa rencontre Mjolln le nain, Finghin le druide, Kaitlin la cheminante et Erwan le Magistel. Ils vont se souder et poursuivre la route ensemble. Une amitié et une entraide les lient à jamais. Ensemble, ils vont venir à bout de tout ce qui se mettra sur leur route mais aussi prendre beaucoup de risques. Pour une Gaelia plus libre… De plus, dans la suite Gallica (qui attend encore d’être lue, donc), le personnage principal se nomme Bohem, comme un héros motard qui a marqué plus d’un lecteur… Impossible de ne pas penser à Nous rêvions juste de liberté, le chef d’oeuvre absolu de l’auteur.

Parlons encore d’un aspect fondamental de ce récit dont le titre complet est La Moira – Le cycle des loups…. C’est évidement la description du comportement de cet animal que Loevenbruck a choisi de placer au centre de son roman. Car Imala, la louve blanche éprise d’une liberté et qui entre en lien avec Aléa, est aussi importante dans cette histoire que l’humaine elle-même. Mais Loevenbruck n’a jamais fait secret du fait qu’il a une passion pour les loups et qu’il en a même étudié les moeurs (quatrième de couverture de l’édition J’ai Lu). Et c’est cet animal qu’il choisit de mettre en scène dans le Loup des Cordeliers et le reste de la saga de Gabriel Joly. Mais ce sont également des combats à l’épée remarquablement décrits et l’art de la guerre développé comme dans la célèbre saga du Seigneur des anneaux.

Une fois de plus, Loevenbruck nous en met plein la vue et sans aucune limite. Car l’avantage de La Moira est que l’histoire est entièrement plantée dans un décor inventé, dans un monde qui n’existe pas. Certes, il y a de nombreuses similitudes avec le nôtre et les guerres de pouvoir et les travers des populations peuvent parfaitement trouver échos dans notre monde réel… Mais aucune limite ne vient entraver la liberté créatrice de l’auteur. Et il peut donc poser tous les jalons de ce qui fera de lui celui qu’on aime autant lire.

C’est un peu comme si on pouvait lire les chemins synaptiques de l’imagination et de la créativité de Loevenbruck… Et pour les amateurs de l’auteur, c’est une sensation magique… Puis pour les autres, l’histoire est fabuleuse, porteuse de messages mais sans aucune volonté moralisatrice et tellement empreinte de cette liberté qui fait du bien, qui ouvre les individus à ce qu’ils sont de meilleurs.

Bref, une totale réussite, une magnifique découverte et une hâte immense de retrouver le talent de l’auteur dans la seconde saga du genre : Gallica.

(Par Marie-Sophie Grognet)


Elle tient le monde dans ses mains, sur son doigt, avec une bague rouge comme un autre « Précieux » : La Moïra arrive en BD

Résumé de l’éditeur : Sur l’île de Gaelia, la vie des peuples est dirigée par les Druides, dépositaires d’un pouvoir ancestral et naturel et par le Haut-Roi, chrétien et puissant monarque. Mais l’équilibre du royaume est menacé par un seigneur noir renégat dont le but est de détruire le conseil des Druides et de s’emparer du pouvoir. Loin de ces querelles, la vie d’Aléa, jeune fille des rues qui vole pour manger, bascule le jour où elle trouve une bague sur un cadavre qui lui confère de puissants et mystérieux pouvoirs. De son côté, Imala, la louve blanche chassée par sa meute, erre en solitaire jusqu’à sa rencontre avec un elfe des bois qui semble vouloir lui indiquer la voie. Aléa et Imala ne le savent pas encore mais leur rencontre est déjà écrite, guidée par cette force immuable que l’on nomme la Moïra… Emporteront-elles avec elles le destin de Gaelia tout entière ?

© Lylian/Raka/Bouet chez Glénat
© Lylian/Raka/Bouet chez Glénat

« La mémoire de la Terre est étrangère à celle des hommes ». Contrairement à Marie-Sophie, je n’ai pas lu les romans d’Henri Loevenbruck et c’est par le biais du Neuvième Art que je découvre l’univers de La Moïra. La Moï… quoi? On ne sait pas exactement ce qu’elle est, si elle est intangible ou se matérialisera à un moment. Toujours est-il qu’elle est partout et rythme la vie du petit monde dont Lylian (un scénariste qui monte qui monte) et Rachele Raka (premier album pour cette Italienne douée, si je ne m’abuse), sous les couleurs toujours très chaleureuse de Sébastien Bouet), se font les passeurs.

© Lylian/Raka/Bouet chez Glénat
Croquis et recherches © Raka

Et s’il y a de la vie (il semble aussi y avoir des terres de désolation incendiaire qui ouvrent ce premier tome), que la nature autour confère de la liberté, force est de constater qu’Aléa, libre comme l’air et surtout laissée sans attaches familiales par le sort, obligée de survivre par ses propres moyens et sans le moindre denier, fait un peu trop les 400 coups et larcins. Au point d’être chassée à coups de pierre de la ville mais d’être obligée d’y revenir, effrayée par un cadavre trouvé à l’orée des bois et sur lequel elle a récupéré une mystérieuse bague qui ne lui fera peut-être pas de sitôt trouver sa place dans ce monde mais l’investit de pouvoirs étranges et puissants, bien vite convoités par de mystérieuses éminences.

© Lylian/Raka

Trouver sa place dans ce monde, sauvage autant que capable de merveilles et de fêtes, ce n’est pas uniquement valable pour les Hommes. C’est ainsi qu’en s’enfonçant dans les bois, le lecteur fera aussi la connaissance d’Imala, la louve blanche, répudiée par son clan, privée de sa progéniture, solitaire. Et si Aléa et Imala existaient pour se trouver?

Croquis et recherches © Raka
Croquis et recherches © Raka

C’est un très beau et long (64 pages, histoire de bien placer les éléments, l’ambiance et l’empathie pour ces personnages dont on a vite envie qu’ils soient nos amis sans être pris de vitesse) album que livrent Lylian et Raka à partir des mots et de l’instinct d’Henri Loevenbruck pour s’évader de la vile et de l’urbanité, pour retrouver l’humanité, voire même la « naturalité ». Avec cet autre « précieux », l’aventure s’immerge progressivement dans la fantasy lumineuse.

© Lylian/Raka/Bouet chez Glénat

Pas encore de Gollum à l’horizon mais un joli casting qui s’esquisse, entre commun des mortels, féerie et machiavélisme. Rachele Raka met beaucoup d’énergie dans son dessin, de subtilité aussi, n’hésitant pas à le modifier pour livrer trois pages de mythologie, hors du temps et donnant quelques premières clés de compréhension de cet univers. Et beaucoup de beaux sentiments, pas balourds pour la cause, qui peuvent donner du sens et du bagage à la jeunesse.

© Lylian/Raka/Bouet chez Glénat
Extrait du tome 2© Lylian/Raka/Bouet chez Glénat

Les deux prochains tomes sont déjà bien avancés et les coulisses sont à suivre sur Facebook!

Ce diaporama nécessite JavaScript.

(Par Alexis Seny)


Auteur : Henri Loevenbruck

Titre : La Moira – Le cycle des Loups – L’intégrale

Editions : J’ai Lu

Sorti en 2017 (réédition augmentée des romans de 2001 et 2002)

Nbre de pages : 958 pages

Prix : 17,90 €


Série : La Moïra

Tome : 1 – La louve et l’enfant

D’après l’oeuvre originale de Henri Loevenbruck

Scénario : Lylian

Dessin : Raka

Couleurs : Sébastien Bouet

Genre : Aventure, Fantasy, Jeunesse

Éditeur : Glénat

Nbre de pages : 64

Prix : 15,50 €

Date de sortie : le 13/06/2021

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.