Cédric Sire change de registre avec Vindicta. C’est un vrai policier sans aucune référence paranormale. Et cela plaira nettement aux plus cartésiens d’entre nous. On y trouve tous les ressorts du policier classique. Le flic en perte de repères qui s’éloigne de plus en plus de la ligne rouge à ne jamais franchir. L’équipe dans laquelle il ne peut s’intégrer. Le travail de bureau ennuyeux. Les sorties en solo parce que son instinct lui dicte sa conduite. C’est un peu gros. C’est un peu comme dans le cinéma du début des années 80 quand Les ripoux sont sortis en salle. Mais c’est du Cédric Sire et côté efficacité de narration, il n’y a rien à redire. C’est un maître. Alors l’intrigue se laisse porter et les 578 pages s’avalent sans (trop de) difficulté.
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Leur plan est sans risque. Le bijoutier ne portera pas plainte pour le vol car son argent est d’origine illégale. Damien, Élie, Audrey et Driss s’imaginent avoir trouvé la réponse miracle à tous leurs problèmes.
Fraîchement muté dans un groupe de surveillance, Olivier est loin d’imaginer que la planque qu’on lui a assignée fera de lui le témoin clé d’un cyclone meurtrier, dans le sillage d’un tueur glacial et méthodique que rien ne semble pouvoir arrêter. Des déserts du Moyen-Orient aux villes sombres et silencieuses du territoire français, quand la vindicte est en marche, plus rien ne peut vous sauver.
Pur instrument de torture et de mort, il n’a pas de nom, pas de visage, l’habitude de tuer et un cimetière de cadavres derrière lui. Mais dans cette affaire, pas de contrat. Cette fois-ci pour lui : c’est personnel. »
Olivier est un flic un peu crade, qui a piqué dans les scellés et s’est fait muter dans une équipe de surveillance. Un placard professionnel, une dernière chance avant l’ultime déchéance. Et pourtant, il continue sa chute. Il se balade avec un sac de beuh dans sa voiture, piquée elle aussi à une fille de notable récemment interpellée, et la fume à toute heure.
Il est en planque devant une bijouterie quand un braquage tourne au drame.
Et son idiot de patron (car les patrons flics sont soit des héros, soit des connards finis dans les livres, il y a rarement de demi-mesure), son imbécile de patron donc l’empêche de communiquer les informations dont il dispose à la cellule chargée de l’enquête. Ils ne sont pas censés être sur les lieux. Ils ne sont pas supposés disposer de photos des braqueurs. Alors on se tait pour garder une longueur d’avance… Et ça ajoute évidemment l’horreur au drame.
Même lorsque les morts s’accumulent dans le sillage de ce fiasco de braquage, même lorsque des corps mutilés, torturés, dépecés sont retrouvés, le flic doit garder le silence…
C’est un peu caricatural et cela à légèrement gâché mon plaisir de lectrice. C’est trop gros, c’est trop invraisemblable. Alors c’est vrai que l’on a tous en tête une histoire réelle où les flics auraient pu agir autrement. Mais j’aime à croire que chacun donne le meilleur de soi…
Et cette médiocrité latente des intervenants durant le déroulement de cette histoire imaginée par Cédric Sire ne m’élève pas. Deux policiers ripoux, un patron totalement égocentrique et complètement irresponsable, un avocat véreux, des petites frappes de cité ratées… Ils forment tous une belle bande de perdants.
Et pourtant, Cédric Sire a le talent de nous accrocher à cette histoire de vengeance. On cherche qui est ce tueur sans âme, sans visage, sans identité qui détruit tous ceux qu’il estime responsables. Les tortures infligées sont dignes d’un Grangé, la folie de cet être est sans limite. Et très vite on se demande qui il peut être et comment il fait pour paraître humain le reste du temps.
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Et puis, c’est aussi l’histoire de militaires dans des opérations off en Afghanistan, au Bénin, en Centrafrique. Une équipe d’hommes surentraînés à tuer, qui n’existent pour personne, même pour le gouvernement français qui les emploie. Et cela aussi c’est Vindicta.
L’intrigue est parfaitement déroulée, les chapitres sont courts, le rythme rapide. Les événements se succèdent et Cédric Sire nous réserve quelques surprises. Parce que l’identité du tueur, il m’a été impossible de la découvrir seule. Et ça, c’est suffisamment rare que pour le souligner.
Mais je dois reconnaître qu’il m’a manqué quelque chose pour que ce livre fasse « Wouaw »… Tout est très habituel, très convenu pour un policier sanglant. Et même si le talent de Cédric Sire est indéniable, je ne garderai pas un souvenir mémorable de Vindicta…
Auteur : Cédric Sire
Titre : Vindicta
Editions : Métropolis
Sorti le 21 mars 2019
Nbre de pages : 578 pages
Prix : 21,90 €