Soixante ans, quarante albums, c’est une sacrée épopée du quotidien que vivent Boule et Bill. Sous le crayon de Roba puis de Verron, voilà que Cazenove et Bastide ont pris la relève depuis quatre albums. Sans avoir à rougir de leurs illustres prédécesseurs, trouvant même l’inspiration et la fraîcheur, les bonnes idées aussi, pour susciter d’un lecteur, comme moi, qui avait un peu décroché, l’intérêt. Avec Bill à facettes, le charme s’est un peu rompu.

Résumé de l’éditeur : Boule est un petit garçon joyeux, espiègle, pas très travailleur mais extrêmement malin. Et Bill, c’est son chien… Mais pas n’importe quel chien ! Un coquin de cocker adorable, hilarant, menteur, parfois réfractaire au bain mais avec un coeur gros comme ça ! Autant de facettes de Bill, drôles, touchantes, et souvent à l’origine d’aventures rocambolesques entre les deux amis.

Avant tout, quelle drôle de couverture. Même si, en arrière-plan et à travers un triptyque de miroirs digne d’un palais des glaces, Bill nous observe plutôt deux fois qu’un, on retiendra surtout que, en avant-plan, le cocker nous tourne le dos. Drôle de signal pour un soixantième anniversaire. Même si, en guise de bougies dira-t-on, l’effet argenté qui orne les miroirs appelle l’oeil.

Passons, le titre laisse miroiter toutes les facettes possibles et imaginables que Bill, cocker à l’humeur changeante, peut avoir. En réalité, là où le duo avait réussi à insuffler quelques idées originales, sur les précédents albums, on retrouve ici des gags attendus pour la plupart. Tellement attendu qu’on nous dirait que cet album est un best-of, on le croirait sans problème. Rien de neuf sous le soleil et ce malgré toute l’énergie que Bill déploie de ses oreilles. On sent à quel point Christophe Cazenove aime ce chien mais cela ne suffit pas à faire un album. Le 39e album, Y’a de la promenade dans l’air m’avait pourtant tellement plu.

Tout n’est pas à jeter, une dizaine de planches sont bien troussées (une rencontre avec un sanglier, un sol glissant ou encore le sèche-cheveux) mais sur quarante-six pages, c’est un peu peu. En fait, on a l’impression que le temps à manquer dans la réalisation de cet album. Peut-être que sortir un tome par an est un peu trop ambitieux et exigeant en créativité. Sur quarante opus, c’est aisément compréhensible. Mais c’est tellement dommage de ne pas se laisser le temps.

Côté dessin, Jean Bastide est tellement bien dans son univers que désormais il ose, dans des cases plus grandes notamment. C’est chouette, cela rompt au fil des planches le gaufrier traditionnel. Dommage, par contre, que les décors intérieurs restent peu habités. Ce ne sont que des murs. Tellement qu’on dirait que la famille de Boule ne les a pas investis, vient de déménager et n’a pas encore eu le temps de meubler cette maison. Faut de temps, encore une fois ?

C’est un peu triste de constater ça, Boule et Bill mais aussi Cazenove et Bastide valent tellement mieux.
Pour compenser et retrouver le charme d’autrefois, on ne pourrait que vous conseiller de découvrir le magnifique album rétrospectif de Christelle et Bertrand Pissavy-Yvernault. L’art de Roba, tout simplement, merveilleusement, le temps de 240 pages.
Série : Boule et Bill (Facebook)
Tome : 40 – Bill à facettes
D’après les personnages créés par Jean Roba
Scénario : Christophe Cazenove
Dessin : Jean Bastide
Couleurs : Jean Bastide et Luc Perdriset
Genre : Humour, Gag, Famille
Éditeur : Dargaud
Nbre de pages : 48
Prix : 10,95€
Date de sortie : le 08/11/2019
Extraits :