De Julie Petit-Clou aux Artilleuses, le Paris sous toutes les coututes d’Étienne Willem : « Quand on travaille un sujet pointu, les gens qui s’y connaissent viennent à vous »

Catalysant les époques et les cultures, les tendances et les rêves d’avenir, les Expositions Universelles ont de tout temps fasciné les foules et donné lieu et décor à toute une série d’intrigues en tous genres. Un terrain de luxe et d’aventures qui a inspiré à Jack Manini et Étienne Willem une série d’histoires ayant pour fil conducteur la fort sympathique Julie Petit Clou. Les deux auteurs ont poussé le concept à fond pour prendre des nouvelles de leur héroïne à intervalle régulier, chaque fois que l’exposition universelle passait par la France. Interview, lors de la dernière fête de la BD de Bruxelles, avec Étienne Willem qui prépare aussi, en compagnie de Pierre Pével, l’arrivée d’Ambremer en bande dessinée.

© Manini/Willem/Wenisch chez Grand Angle

Bonjour Étienne, avec La fille de l’exposition universelle, nous vous retrouvons chez un nouvel éditeur : Bamboo / Grand Angle.

Et pourtant, cela faisait longtemps que je voulais et essayais de travailler avec Hervé Richez. C’est avec Manini que j’ai réussi et un sujet qui me plaisait vraiment bien. Bizarrement car mon dessin n’est pas vraiment réaliste. Mais, jusqu’ici, la collaboration se déroule à merveille et force est de constater que mon style allège un peu les histoires sombres que propose Jack.

© Manini/Willem/Wenisch chez Grand Angle

Jack Manini, qui est lui aussi dessinateur.

Oui, et forcément, il influence la mise en scène mais toujours en proposant des choses qui parfois fonctionnent avec son dessin, pas avec le mien. Alors, je fais des crobards pour que mon dessin permette de faire passer l’idée que Jack recherche. C’est parfois sportif, il faut jongler. Mais ça a un côté sympa. C’est la première fois, même si je viens du dessin animé, que je travaille avec quelqu’un en BD. Mais je le voulais, c’est reposant. Puis, lors des moments de doute, on a quelqu’un pour nous dire: « là tu te goures ». D’autant plus qu’avec un scénariste, les problèmes sont en général réglés, il n’y a pas de phase de dessin sur la corde raide. Puis, on apprend des choses. C’est une autre narration. Il y a des interactions avec le style de narration de Jack, des ellipses. Seul, en fait, on prend le risque de tourner en rond.

© Manini/Willem

C’est ce qu’il vous est arrivé dans l’animation ?

Il y a eu des projets magnifiques, comme Ernest et Célestine, le Chant de la Mer, Ethel et Ernest, Breadwinner – j’ai quitté au moment des Hirondelles de Kaboul – mais toujours avec cette impression de n’être qu’un maillon de la chaîne. J’avais besoin de mes propres histoires.

Comme, aujourd’hui, j’ai besoin d’entamer un projet BD qui me parle. Si c’est saoulant déjà dès le début, comment aller à fond ? Cela dit, je ne suis pas passionné d’avions même si j’ai voulu en intégrer dans Les ailes du singe. Ne me demandez pas de faire un projet uniquement avec des avions.

© Manini/Willem

Ici, pas d’anthropomorphes.

Hervé m’a demandé quelle période j’aimerais explorer, me plairait. Je n’ai jamais fait de l’animalier un projet de carrière. Dans L’épée d’Ardenois, ça se justifiait, par la référence à Robin des Bois. Dans Les Ailes du singe, je voulais un trait d’union avec les humains. Cela dit, même si je ne suis pas le premier, je crois que l’animalier a fait école. Notamment, quand on voit, une certaine nouvelle série de Delcourt.

Moi, je varie avec plaisir.

© Manini/Willem

Tout en gardant ce côté animé.

Oui le dessin reste, et cette influence de Disney. D’ailleurs, je continue à procéder en animalier. Pour les personnages de La fille de l’exposition universelle, je pars de leurs caractères pour choisir un animal et ensuite en faire des humains. Si un personnage fonctionne en tant qu’animal, il n’y aura aucun souci en tant qu’humain. Sur le projet que j’ai avec Pierre Pével, par contre, je me suis inspiré d’acteurs.

Donc, dans La fille de l’exposition universelle, le Baron Haussmann est un ours, le commissaire Burger est un vautour, le crâne pelé, le nez crochu, les mains telles des serres. Cela dit, en réalité, le vautour n’a pas de force dans les serres, c’est un charognard.

© Manini/Willem
© Manini/Willem/Wenisch chez Grand Angle
© Manini/Willem

Ces personnages vieillissent à vitesse grand V : à chaque album, vous passer d’une expo française à l’autre.

Un bon dans le temps. Quand j’ai fini un album, je peux bien faire table rase et tout recommencer, niveau documentation. D’ailleurs, dans le tome 3, nous allons faire disparaître un personnage. Mais c’est gai de faire évoluer les personnages, dans leur caractère, physiquement.

Julie a trois frères, tous avec des parcours politiques différents. Le fait de ne pas avoir de suite immédiate permet de jouer la carte à fond. Olivier Sulpice m’a dit que je devrais prévoir comment ils vont vieillir. Non, je veux laisser venir le scénario, voir les épreuves qu’ils vont traverser qui vont les sécher ou, au contraire, les faire grossir. Le vieillissement par le dessin fonctionne très bien. D’autant plus qu’ici, le temps passe entre les albums, ce sont des changements brutaux qu’il faut marquer. C’est moins évident de montrer une lente évolution.

© Manini/Willem/Wenisch chez Grand Angle

Enfin, du premier au deuxième album, Julie n’a pas beaucoup changé, elle reste l’atout charme. Ses deux petits-frères ont beaucoup plus évolué. Là où le plus grand, Alphonse, était déjà bien fixé.

Combien de tomes alors ?

Si tout va bien ? Neuf. Non, dix ! Sept expositions universelles, deux coloniales et un dernier sur les vestiges de cette France dans laquelle les personnages seront dispatchés. Cela dit, nous avons d’abord signé pour deux albums. Là, nous venons de lancer la production du troisième. Pour que la série marche, il ne faut pas plus d’un an et demi entre eux. Avec le deuxième tome, on sait si le premier a trouvé son public ou pas. Dans notre cas, les chiffres sont très bons. Le troisième est l’épisode-charnière, tout se joue. Ici, le but est d’au moins aller jusqu’en 1889 et la construction de la Tour Eiffel. Le but, c’est une saga familiale, comme les Rougon-Macquart.

© Manini/Willem

C’est fou comme ces moments sont des réceptacles de cultures, de phénomènes de société…

Une expo universelle, c’est un vivier, un condensé. Des nations, des classes sociales. Si nous arrivons en 1937, tout se jouera entre le pavillon russe et celui de l’Allemagne, c’est certain. La troisième, ce sera celle de la phrénologie, l’étude des bosses du crâne. Puis, ce sera l’année où la tête de la statue de la liberté a été montrée.

Les expositions coloniales seront aussi l’occasion d’explorer d’autres thématiques. Nous avons tous en tête les images de ces indigènes parqués comme des animaux. Notez que certains acteurs en mal de popularité venaient jouer, grimés, les bons sauvages. Et le soir, à Pigalle, ils paradaient dans leurs costumes trois-pièces.

© Manini/Willem

J’imagine qu’il ne faut pas non plus être trop documentaire.

Un peu didactique mais pas trop. La toile de fond, c’est l’aventure, on ne sait pas tout mettre. Mais il y a le cahier explicatif en fin d’albums.

C’est aussi l’occasion de montrer des inventions spéciales. Comme en 1900 avec l’arrivé de trottoirs roulants. Avec trois vitesses. Ce serait génial de faire une course-poursuite avec cet élément. Avec le défi d’être sur des images fixes.

© Manini/Willem

Justement, l’animation doit quand même vous aider, non ?

Oui, il y a ce bagage qui m’aide dans la mise en scène. Mais, dans le dessin animé, l’oeil ne s’arrête pas, il ne fait que passer. Le personnage doit être significatifs. Cela dit, j’utilise des réflexes de cartoon.

Il y a naturellement les difficultés des scènes de dialogue statiques. Autour d’une table. Il faut garder de la consistance, il ne faut pas qu’à un moment la table semble faire trois mètres de plus. Quel que soit l’angle de vue, les proportions et l’impression qu’elles donnent doivent rester les mêmes.

© Manini/Willem

La documentation ?

J’ai de la chance, Jack est extrêmement documenté. Puis, avec cette série, nous tombons sur des personnes qui connaissent bien le sujet. À Saint-Gilles, dans le Gard, lors d’un festival, j’ai rencontré un des organisateurs qui était lui-même descendant d’un commissaire d’une expo universelle. Ça aide. Pareil pour la statue de la liberté, quand je m’y attaquerai, j’ai un bon contact avec le Musée de Colmar. Quand on travaille un sujet pointu, les gens qui s’y connaissent viennent à vous.

© Manini/Willem

Daniel Bardet expliquait que, sur la fin des Chemins de Malefosse, il n’avait plus besoin de trouver des sujets, son public lui en proposait.

Jack est aussi dessinateur. Pourquoi ne s’est-il pas réservé cette série ?

C’est un boulimique, il travaille sur énormément de projets. Quand nous avons commencé cette série, il travaillait sur une monographie d’Arthur Cravan. Désormais, c’est un projet sur le MMA qui l’occupe. Je crois qu’il est plus à l’aise sur les gros projets.

Cela dit, il donne des rendez-vous au lecteur. Dans le premier tome, il y avait une vue d’ensemble sur une double-planche permettant de visualiser toute l’exposition universelle en une image. Dans le second tome, il y en a deux. Pour le troisième, j’ai déjà peur, une de plus ? Ou alors le double, donc 4 ? (rires)

© Manini/Willem/Wenisch chez Grand Angle

Avec des architectures, des grands bâtiments qui doivent prendre du temps.

Des machins énormes qui me prennent des journées entières, oui. Puis, j’ai beau être précis sur l’échelle et les perspectives, parfois ça part en cacahuètes et je dois tout redresser tant bien que mal. Parfois, la perspective est juste mais un élément du dessin contrebalance et crée une illusion d’optique.

Un dessin qui va de l’avant aussi.

Dans le second tome, lors de la scène finale, Julie cour dans toute l’exposition et passe en revue tous les suspects. Avec une part d’hallucinations en plus. C’est une bonne idée de revenir par tous les endroits où on a fait passer le lecteur avant le moment de vérité.

© Manini/Willem/Wenisch chez Grand Angle

Il y a des scènes sur lesquelles je triche aussi comme cette course-poursuite entre deux bateaux-mouches. Narrativement, pour qu’il y ait duel, il doit y avoir de la vitesse, je les ai donc propulsé à une vitesse qu’ils n’auraient pas pu atteindre.

Puis, j’aime les scènes de foule. C’est là qu’on s’amuse, en suivant le scénario mais en imaginant des petites anecdotes sur tel ou tel personnage anonyme. C’est un jeu auquel nous nous amusions dans le storyboard des dessins animés. Je supervisais, je devais avoir l’oeil. Le monde de l’animation est très puritain, il y avait des trucs qu’on ne pouvait pas laisser passer. De même, à la grande époque, durant les pauses déjeuner, mieux valait ne rien laisser traîner sinon on risquait d’avoir des blagues.

© Manini/Willem
© Manini/Willem

Et vous n’avez jamais voulu faire du dessin animé, avec votre univers ?

À un moment, nous avons parlé de mettre en animation L’épée d’Ardennois. Ils voulaient le réécrire pour les 8-9 ans. Moi, je l’avais conçu tout public. C’est tout le problème du dessin animé, à un moment tu n’es plus maître. Combien de projets ont-ils été dénaturés ? Pourquoi tant de BD adaptée au cinéma sont complètement ratées ? Comment quelqu’un qui, a priori, aime tellement cet univers peut-il le massacrer ?

Parlons des couleurs. Vous ne les assurez pas, cette fois.

Avec Tanja Wenisch, nous ne nous connaissions pas. Avec le projet chez Drakoo qui se profilait, je ne pouvais plus m’occuper des couleurs. Mais ce fut compliqué de lâcher. Je ne suis pas trop dirigiste, j’aime que Tanja amène sa vision, sa manière de faire. Le monde des couleurs se divisent en deux, des coloristes mercenaires, exécutants, et d’autres qui sont des artistes avant tout. Toujours est-il qu’avec Tanja et Jack, nous formons un bon trio, nous ne pouvons plus nous passer les uns des autres.

© Manini/Willem/Wenisch chez Grand Angle

Et la couverture ?

Ça, c’est pénible. J’ai fourni deux-trois projets. La couverture doit être la carte de visite de l’album. Et c’est sur elle qu’il y a le plus d’intervenants: les éditeurs, les commerciaux… Ceux qui demandent plus de ci, et moins de ça. C’est du registre de la publicité.

Mais, au final, une fois que les idées ont été digérées, il est important de faire quelque chose auquel on croit. Il faut être honnête. Dans mon cas, je fais mon dessin en prenant des marges de sécurité mais ma vision est tronquée par le cadrage final, quand le sujet reprend sa dimension.

© Manini/Willem/Wenisch chez Grand Angle Pour l’édition spéciale du tome 2 en partenariat avec  SlumberlandBDWorld et Le Musée de la BD

Au fond, c’est peut-être votre série la plus jeunesse, non ?

Oui, pour le premier, non, pour la suite. Car vous allez voir, la suite va être gore.

La suite, c’est aussi une autre série qui commence chez l’éditeur tout neuf, Drakoo !

Exact, une trilogie. La première fois que j’ai été invité au Livre sur Place à Nancy, j’ai rencontré Pierre Pevel. J’avais cherché l’adapter mais je n’avais pas les droits. Son Paris des merveilles, c’était un univers qui me convenait bien mais autour duquel nous avons voulu explorer d’autres personnages. C’est le but des Artilleuses, écrit avec Pierre, auquel la naissance de Drakoo a donné un coup d’accélérateur. Avec une rencontre avec Arleston, lors du festival Trolls et Légendes.

Pevel/Willem/Wenisch

C’est donc un univers étendu ?

Oui, avec ces trois albums, nous allons explorer ce que l’actuelle trilogie n’a pas abordé. Cela dit, nous gardons un esprit grand public, pour ne pas perdre celui qui n’aurait pas lu les romans. Nous n’avons pas hésité à nous en éloigner, à apporter une imagerie neuve.

Pevel/Willem

Que raconte cet univers ?

Cet univers, c’est Ambremer. Il y a entre le monde réel et le monde magique une passerelle. C’est ainsi que dans le Paris de la belle époque, il y a 200 ans, on trouve une ambassade des fées, qu’il y a des dragons et des trolls dans les allées du jardin Luxembourg. C’est du fantastique allié à un côté très Brigades du tigre. À la première lecture, cet univers m’a séduit mais pas que… La narration de Pierre Pevel me correspondait: quelque chose de punchy, qui se lit d’une traite, sans lâcher le bouquin. Ce sera une coédition Drakoo/Bragelonne.

Pevel/Willem/Wenisch

Avec la possibilité d’aller plus loin que les trois tomes prévus ?

Pierre a plein d’idées. Il m’a prévenu qu’on irait dans l’espace ! Ah bon ?

Ce ne sera plus vraiment Paris, alors !

Tant mieux, parce que je commence à en avoir soupé de Paris. Et j’en ai pour encore sept ans au moins (il rit). Je déteste Haussmann. Moi, j’aime les maisons anglaises, c’est étroit, tu passes d’une façade à l’autre. Alors que le style Haussmannien est d’une largeur… C’est répétitif avec des détails hyper-travaillés. Tu ne peux pas te permettre de faire une fenêtre et de te laisser aller sur le reste.

Pevel/Willem
Pevel/Willem
Pevel/Willem

Olivier Boiscommun, à la même table : Mais en même temps, Paris a une âme extraordinaire.

J’ai travaillé sur le dessin animé Ethel et Ernest adapté du livre de Raymond Briggs, qui racontait la vie de ses parents dans la banlieue de Londres. Il fallait vraiment le trait de Raymond Briggs. C’est un dessinateur de malade, il dessine les maisons brique par brique. Et comme tout se passe dans la même rue. Tout le film. Par chance, il nous avait réalisé un montage 3D représentant les lieux sur lequel on pouvait se baser… mais pas entièrement parce que la 3D, c’est froid, il fallait la retravailler, tricher. Sur palette graphique. À un moment, tu pensais avoir fini… mais tu dézoomes le dessin et tu vois qu’il y a encore huit maisons à faire. « Patron, c’est combien le quota ? Quatre décors par jour ? Ça ne va pas le faire. » Surtout qu’après on a appris que les Anglais qui bossaient sur le projet faisaient… un décor par jour ! Voire un et demi.

Mais ça restait un beau projet.

Et là, je vois vos croquis, c’est un autre projet ?

Oui ! Je rentrais d’un festival, j’étais crevé, je n’avais pas envie de travailler, alors j’ai commencé à story-boarder un projet qui me trottait en tête depuis pas mal de temps. J’ai la trame en tête mais j’aime story-boarder pour scénariser. À un moment j’arrive à un stade où je prends conscience de ce que les personnages ont fait et je rebondis sur autre chose. Ça change l’histoire mais ça me permet d’être dynamique. Écrire l’histoire à l’avance, à un moment, ça me saoule.

Vous lisez toujours de la BD ?

De moins en moins. Récemment, j’ai trouvé super le Streamliner de Fane et le Champignac des Béka et de David Etien. Je n’ai pas encore lu Il faut flinguer Ramirez, mais je veux vraiment le lire dans de bonnes conditions. Puis, je retourne chez les grands anciens, reprendre quelque cours. Parfois, on se retrouve devant des cases sans inspiration, on ne sait pas quoi y mettre; il est dès lors bon de voir comment quelqu’un d’autre a réglé le problème. L’ancien peut amener une vision neuve. Pas par recopiage mais en faisant passer quelque chose.

Pevel/Willem

Je me souviens de La voiture immergée de Tillieux et d’un bâtiment dans lequel un gars est caché derrière une poutre. Cette scène me paraissait immense, impressionnante. Au final, quand j’ai été la revoir, ce n’était qu’une case sur un strip de quatre. Je crois qu’il faut rechercher la simplicité pour donner de l’impact. Macherot, Tillieux, c’était quand même un rythme terrible et des solutions efficaces. Du brio!

Merci Étienne !

Série : La fille de l’exposition universelle

Tome : 2 – 1867

Scénario : Jack Manini

Dessin : Étienne Willem

Couleurs : Tanja Wenisch

Genre : Drame, Histoire, Mystère, Thriller

Éditeur : Grand Angle

Nbre de pages : 54

Prix : 14,90€

Date de sortie : le 05/06/2019

Extraits :

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