On a rarement vu une telle perfection pour un album issu du financement participatif et de la main et de l’esprit d’un auteur jusque-là inconnu du monde de la BD. À la charnière des années 2019 et 2020, Hervé Leblan a dégainé un album sans âge et à l’esthétique remarquable: Le sucre de la pierre. Une odyssée sous-terre, hier ou demain, explorant la liberté et l’échappée face au dogmatisme et au fanatisme. Une seule lecture ne suffit pas. Interview avec un concepteur qui aime mesurer la petite taille des humains face à l’ampleur des décors et du temps. Légendaires.
Bonjour Hervé. Jusqu’ici, nous vous connaissions peu. Vous êtes un auteur BD émergent, mais avec de la bouteille, et laquelle! Depuis quand dessinez-vous ? Qu’est-ce qui vous a donné le goût du dessin, de la BD, du dessin animé, de la peinture ?
Aussi loin que je puisse me rappeler, le dessin a fait partie de ma vie, un peu comme une fonction innée que j’utilise sans trop me poser de questions. Il me semble que c’est plus une attirance qui devient une aptitude. En même temps, le mot talent me dérange toujours un peu. C’est un raccourci facile qui sous-entend que les choses se font toutes seules, ou qu’elles vous sont données. Ce qui est faux, dans mon cas en tout cas. Je préfère l’idée d’attirance, d’affinité et de motivation qui pousse à explorer et à travailler. Par exemple, j’ai grandi en lisant essentiellement de la bande dessinée, et je redessinais mes héros. Voilà, comment je suis tombé dans la marmite…

À quel moment vous êtes-vous dit que vous en feriez votre métier ? Quel a été votre cursus du coup ?
Je crois que la prise de décision s’est faite au lycée, où il fallait ingurgiter des tas de matières sans motivation précise. Autant dire que l’ennui a pris le dessus et que les crobards proliféraient dans les marges des cahiers… et amusaient mes camarades. De fait, le dessin m’appelait, et avec lui l’imaginaire, le fun, l’aventure. Des rêves pouvaient prendre forme grâce au dessin.
Après mes années de beaux-arts, je n’étais évidemment pas assez prêt sur un plan personnel pour proposer une œuvre d’auteur. J’ai flirté momentanément avec la publicité, puis j’ai trouvé que le cinéma d’animation me permettait de continuer à rêver et à dessiner. Je ne l’ai plus jamais quitté depuis.

En effet, si on vous découvre aujourd’hui en BD, vous avez derrière vous une longue carrière d’illustrateur, pour des romans mais aussi le cinéma. Vous ne vous êtes jamais mis de limites par rapport aux médias dans lesquels vous pourriez travailler ?
J’essaie de ne pas être trop sectaire. Peinture, illustration, bande dessinée m’intéressent tous tout autant. C’en est presque un problème car je ne focalise par sur un en particulier. Quand je peins, j’aimerais que le sujet s’animent et que les personnages parlent. Quand je dessine de la bande dessinée, j’aimerais que les lumières, les ambiances et les textures s’expriment plus. Ce qui est sûr, c’est que dans les deux cas, c’est la narration qui motive mon expression. L’art pour l’art n’est pas plus mon crédo.

Me trompe-je si je dis que vous étiez plus dans l’élaboration des décors plutôt que des personnages ?
En effet, ça s’est imposé à moi dès le début. Je suis arrivé à l’improviste dans ce métier. J’ai commencé dans le studio Amblimation de Steven Spielberg à Londres en 1991, je n’avais pas de formation d’animateur et mon portfolio comportait quelques paysages, alors ils m’ont mis au layout department. (Ce qui, en deux mots, consiste à dessiner le décor final à partir des intentions du story-board, et les indications du directeur artistique.) C’était une expérience fabuleuse et si soudaine ; tous ces artistes qui dessinaient, peignaient, animaient une histoire et tout un monde prenait forme. Depuis, le décor est devenu ma spécialité, mais croyez bien que j’ai toujours gardé un œil sur les personnages.

En France, vous avez participé à l’un des plus beaux dessins animés de la fin des années 90, Le Château des Singes de Jean-Francois Laguionie (qui vient de connaître une suite).
Je survivais entre deux séries TV à Montpellier, où j’explorais la peinture à l’huile, excité par mon expérience londonienne. Jean-Francois Laguionie cherchait des layoutmen pour son long métrage dans son studio La Fabrique, alors dans l’arrière-pays. Replonger une seconde fois dans un long métrage était une chance qui s’offrait à moi. La méthode de travail était bien plus artisanale qu’à Amblimation, mais me baigner dans des décors de jungle gigantesques correspondait parfaitement à mes aspirations.

Il y avait déjà des traces de BD dans certains films d’animation auxquels vous avez participé : Titeuf le Film ou Astérix et les Vikings. Quel était votre rôle sur ces productions ?
À l’origine, Uderzo était sans doute un des auteurs les plus influents sur mon dessin et ma vocation. Alors avoir la chance de travailler sur Astérix et les Vikings, qui est sans doute graphiquement le film le plus fidèle à la bande dessinée, fut une joie totale. Contribuer un tant soit peu à l’œuvre du maître était une sorte de récompense. J’y ai dessiné des scènes clés, notamment sur la partie gauloise du film : le village, le bois environnant, le banquet final et même le fameux zoom avant sur la toute Gaule occupée… Toute ? Oui, toute, pour le zoom tout au moins.

Sur Titeuf, la particularité était que Zep réalisait son film. Nous n’étions que trois ou quatre dessinateurs pour développer les lieux principaux du film. Je me rappelle réapprendre que sous la simplicité apparente d’un style, il y avait une authentique rigueur ; une véritable ode à la ligne claire en tout cas.

Il y a aussi eu des expériences plus internationales comme « Justin y la espada del valor » ou « Sherlock Gnomes ». Il y a une différence entre la production d’un dessin animé à la française et ceux à l’anglaise, à l’espagnole ou à l’américaine ?
Les voyages liés à la profession sont la cerise sur le gâteau. L’international est de mise dans ce milieu. Les expériences à l’étranger ont été multiples. Beaucoup d’artistes passent d’ailleurs par-dessus l’Atlantique et ne reviennent pas toujours. En ce qui me concerne, j’ai toujours souhaité rester en Europe, jusqu’à maintenant…
Quant aux méthodes de travail, elles diffèrent d’un film à l’autre ; les artistes s’adaptent aux exigences de la production ou des metteurs en scène.
Je n’ai pu m’empêcher de noter votre participation à Death of a Superhero. Le verra-t-on un jour en français ? C’était un film live, quelle était votre implication, du coup ?
Je ne sais pas grand-chose sur la vie de ce film, si ce n’est que pour moi, ce fut un peu comme un ovni. C’est un film en image réelle, et le personnage de l’adolescent a des visions qui s’apparentent à de la bande dessinée et qu’il redessine ensuite. J’ai donc créé les décors de ses visions. Mais pour des raisons propres au metteur en scène, ils ont redessiné mes concepts dans un style plus grossier qui correspondaient peut-être plus aux dessins de l’ado qu’à ses visions. Ce qui de mon point de vue était dommage, car elles avaient un style fort, genre dark comics, parfois légèrement déstructurées.


L’animation, quels enseignements en avez-vous acquis ?
Beaucoup ! Fabriquer et comprendre une image, se renouveler constamment, s’adapter, communiquer, raconter, pour dire le moins.
Vous avez participé à des jeux vidéo aussi ?
En effet, j’ai fait un passage chez Ubisoft pour un jeu qui n’a d’ailleurs pas vu le jour. Cela arrive plus qu’on ne croit.
Le jeu vidéo est un milieu très créatif, mais l’esthétisme de l’environnement répond à d’autres règles et vise un public différent. J’y referai très volontiers un passage, notamment pour une démo, il y en a de magnifiques, et sous condition de trouver un univers à développer qui me correspond bien. Mais je ne suis pas joueur, je m’y retrouve un peu moins.
Tout autre domaine, l’illustration de couvertures de romans. C’est une tout autre manière de travailler, non ? Il faut donner un visuel unique à un bouquin. Y’a-t-il, comme pour les albums de BD d’ailleurs, différentes propositions, différents tests ? Qu’est-ce qu’une bonne couverture de roman ?

Une bonne couverture de roman ? C’est d’abord celle qui attire votre œil, et qui vous donne aussi envie de lire les centaines de pages qui suivent. C’est un exercice que j’apprécie beaucoup, car là encore, il est lié à la narration, et souvent à la peinture. En l’occurrence, la peinture digitale est bien adaptée à la demande et offre d’infinies possibilités, mais je reste terriblement nostalgique du rendu de la technique à l’huile traditionnelle. Je crois que ça transpire dans mon travail d’illustrateur. Je suis constamment à la recherche d’un nouveau pinceau qui me donnerait la sensation de peindre avec d’authentiques pigments.
Au niveau du concept, les éditeurs me laissent en général plutôt libre de faire ce que je veux, ça se passe bien. J’essaie souvent de trouver une scène très représentative du roman, un peu comme un extrait de film.
Parmi les romans dont vous avez illustrés la couverture, on trouve ceux de Pierre Pevel ou Jean-Philippe Jaworski, deux auteurs arrivés tout récemment dans la BD. Vous aimeriez réaliser un projet BD avec eux ?
Deux grands narrateurs dont je suis très honoré et heureux d’avoir pu réaliser les couvertures. Chacun à leur manière, ils ont un sens du récit qui me ravit. Cependant une collaboration BD me parait peu envisageable, ce serait avec le plus grand plaisir, mais dans ce domaine, j’ai moi-même beaucoup à dire. Pour les couvertures de leurs romans, je suis toujours partant si les circonstances s’y prêtent.

Du coup, dans le cas du Sucre de la Pierre, la couverture a dû arriver facilement, non ?
La couverture pour Le Sucre de la Pierre est sans aucun doute la couverture qui m’a résisté le plus entre toutes. Je n’ai pas compté mes tentatives, encore moins mes heures, mais je sais que quelque part sur mon disque dur, un dossier est généreusement rempli d’ébauches ratées. J’étais émotionnellement investi et je cherchais le visuel qui me donnerait entière satisfaction, qui donnerait le ton et l’humeur parfaite. La couve des couves ! Autant dire que c’était impossible. Néanmoins, je ne suis pas mécontent de ce que j’ai réalisé pour l’occasion, mais je persiste à y voir de potentielles améliorations.

Vous avez aussi été auteur-illustrateur de La Marche des Géants, un conte tout public. Vos personnages semblaient très BD dans des décors une nouvelle fois très naturels, non ?

Avec La marche des Géants, je prenais la plume et m’inscrivais enfin comme auteur ; une corde qui manquait terriblement à mon arc. Je suis parti d’une peinture que j’avais réalisé une paire d’années auparavant à Montpellier où l’on voit la vieille entrée d’un parc fantastique. Je voulais savoir ce qui se tramait dans ce parc mystérieux, j’y trouvais de l’inspiration, je m’y suis aventuré par l’écriture. Mon intention de départ était de faire un conte illustré à l’huile. Ce que j’ai fait.

Mais le bédéiste au fond de moi a préféré réaliser des dessins complémentaires des personnages façon BD. Ils étaient nécessaires. D’ailleurs, c’est un très bel exemple de la dichotomie qui m’habite : la peinture pour les décors et les lumières, et le dessin à la ligne claire pour la vie et les personnages. Cela fonctionne d’ailleurs assez bien, il me semble.

À plus de cinquante ans, vous publiez, je crois, votre toute première BD, c’était un rêve de gosse ?
Oui, c’est tout à fait ça. Les années ont passé, et je craignais ne pas pouvoir réaliser ce rêve. D’un autre côté, après tout ce temps, il me fallait un sujet ambitieux qui justifiait toute cette attente, un sujet fort, sincère et profond. Cela a rendu le défi encore plus grand, et plus passionnant aussi. Par bonheur, fjiu ! Voilà qui est fait.
Le chaînon manquant ?
Le ? Vous voulez dire Les…
Des chaînons manquants, il n’y a que ça. Il existe une longue chaîne très incomplète. J’aurais besoin de vivre multi centenaire pour rafistoler tous ces chaînons. Le temps qui passe, c’est terriblement frustrant.

Je prends peu de risque en disant que l’histoire du Sucre de la Pierre couvait en vous depuis très longtemps. Quelle en est la genèse ?
C’est vrai qu’elle a grandi à travers les années. La première bouture est apparue juste après avoir terminé La Marche des Géants. Je venais de prendre confiance en ma capacité de raconter et je n’avais qu’une envie, c’était de recommencer. Cette fois, m’adresser à un lectorat plus adulte était mon ambition. Je ne savais pas quoi raconter, alors j’ai d’abord fait un travail d’introspection et j’ai couché mes envies et mes questions. Petit à petit se dégageait une forme, une humeur, une quête, puis un monde, des personnages, leurs aspirations, leurs problèmes. Cette phase de travail a été assez longue et fastidieuse. Le puzzle de 10000 pièces qui se complète jour après jour, patiemment, méthodiquement. J’abordais un univers subtil et presque abstrait ; il avait tant à découvrir et à mettre en place.

Alors que je travaillais au développement d’un film d’animation et que j’élaborais le repaire d’un dragon, cette idée a surgi dans mon esprit: « Et si un peuple vivait dans une grotte hermétique, et donc sans jamais chercher à s’en extraire puisque ce serait leur norme. » J’ai trouvé l’idée fantastique, inédite, pleine de contraintes et, paradoxalement, pleine de liberté. Même si par la force des choses il y a toujours des références, pour le coup, j’en étais libéré sur beaucoup de points. Ce monde n’aurait rien à voir avec le nôtre. Ainsi, j’étais délivré d’être emprisonné dans l’Antre de Qëb.

Il y avait tellement de choses à traiter, tant d’inconnues. Comment des gens pourraient vivre là, et surtout quelles seraient leurs préoccupations, leurs espoirs ? Il fallait littéralement réinventer tout d’un mode de vie. Ici, pas de ciel, pas de levé ni de coucher de soleil, ni de pluie, etc… Même le vocabulaire s’en est trouvé impacté. Des tas de mots ou d’expressions passent à la trappe à cause de leur étymologie trop marquée, ou par leur connotation culturelle. Ça m’a pris du temps pour tout caler. Je suis naturellement revenu à des concepts très simples, basiques et primitifs. Autrement, cela n’aurait pas pu être gérable, incompréhensible, ni même crédible.
Sur la couverture, un autre ingrédient est très important : le titre. Est-il lié au projet depuis le départ ou est-il arrivé plus tard ?
C’est bien que vous le mentionniez car, en effet, le titre s’est imposé très tôt dans la genèse du projet, et il a même été porteur. Alors que je ne connaissais pas encore l’aventure qui se cachait dans l’Antre, j’étais moi-même impliqué dans la quête du Sucre. Je trouvais la formule attirante, évocatrice et poétique. Qu’était-ce donc que le Sucre ? Comment la Pierre pouvait-elle contenir du Sucre ?

Que signifie ce titre ?
Ça, c’est au lecteur qui faut demander. Je ne veux pas casser la magie du récit.
Que doit-on comprendre du contenu du livre si on reste sur la couverture ?
Là aussi, laissons place à l’imagination qui s’y mesure.
De même, il y a la calligraphie de ce titre, assez prenante et intrigante. Déstabilisante aussi si j’en crois les commentaires de l’un ou l’autre. Comment l’avez-vous mise en place ?
En effet, le logo-titre en déstabilise certains, et c’est tant mieux. On le lit de toute façon, et on se l’approprie au final. J’aime déstabiliser, j’aime intriguer et pousser à la réflexion. C’est mon péché mignon. Le titre est une provocation qui appelle l’attention du lecteur.

C’est quelque chose qu’on ressent fort au regard de vos livres et que la couverture de votre album ne trahit pas : la petitesse de l’homme, des individus face à la nature. Un décor géant, grandiose, parfois avec des vestiges de civilisation. D’où vous vient cette passion ? Un côté minéral, aussi ?
Que l’homme soit petit face à la nature n’est pas ma vision, c’est un fait. Il n’est qu’un échantillon du vivant.
Quant aux ruines et aux vestiges d’autres civilisations, je leur trouve un charme sans pareil. Ils sont une invitation puissante au rêve, un terreau propice aux questionnements. Notre monde est riche de vie, l’univers est plus que vaste, le temps quasi infini, des civilisations sont mortes, d’autres rayonnent certainement quelque part, ou naîtront ailleurs par milliers dans des futurs plus ou moins lointains. C’est évident. Que trouvent-elles au terme de leur apogée ? Sont-elles justes vouées à périr dans l’oubli, ou bien une destinée plus élevée encore les attend-elle ?
La pierre a ceci de fascinant qu’elle seule en garde la trace à travers les millénaires. Elle est le support sur lequel s’écrit la grande histoire.

Du coup, dans votre album qui est finalement très intime, avez-vous dû procéder à un réajustement pour être avec les personnages et pas seulement avec vos décors ?
Oui, bien sûr, mais je parlerais alors de syntonisation… Désolé pour le gros mot. L’environnement a tellement à dire qu’on est obligé de se mettre à la bonne fréquence pour résonner comme des mankîns. Leur vision de l’existence est forcément très différente de la nôtre, et ce qui me paraît intéressant dans cette histoire est ce que nous, humains, avons en commun.
Au fil des chapitres, il y a des formules magiques, dans une calligraphie indéchiffrable pour le lecteur. La première, pourtant, est en français et est signée Barjavel : « Oublie tout ce qu’ils t’ont appris, commence par rêver. » Une invitation lancée au lecteur pour qu’il se laisse emporter ?
Oui, une invitation à être acteur également. Barjavel nous donne presque un ordre ; un conseil, tout au moins.
Quant aux autres calligraphies, elles sont comme des stimuli intermittents à l’imaginaire.

Le rêve est fortement évoqué, c’est un de vos thèmes de travail fétiche ?
Oui, complètement. Le rêve est la base fondamentale du monde qui nous entoure. Nous-mêmes sommes le fruit de nos rêves. La chaise sur laquelle vous êtes assis est le fruit d’un rêve. Je ne sais plus qui avait fait remarquer que nous vivions dans le rêve de ceux qui nous avaient précédés, et c’est très vrai. Si vous y prêtez attention, votre vision du monde change radicalement.
D’ailleurs, le nom d’auto-édition et de votre site est ZedrimKomtru. Ce n’est pas anodin…
On ne peut rien vous cacher… 😉
Quel est votre rêve ?
C’est une question très difficile…
Disons qu’il me maintient en vie, que je le découvre petit à petit et qu’il m’attire à lui, vers le meilleur, j’espère.

Comment décririez-vous votre dessin ? On vous connaît différents styles, avez-vous mis du temps à le trouver celui-ci? Il devait être le plus personnel qui soit, non ?
Pour commencer, et de fait, il ressemble à celui d’un premier album. Je vous en reparlerai volontiers après plusieurs albums. Quant au style en soi, réaliste, j’ai le sentiment qu’il a toujours été là, c’est juste qu’avant je ne le maîtrisais pas encore assez. Quoiqu’il en soit, le style n’est pas ma préoccupation première, j’ambitionne plutôt que mon dessin soit juste, lisible, facile à l’œil. En résumé, mon style est d’être au service de la narration car c’est précisément là que doit porter l’attention.
On se balade dans cette bande dessinée comme dans un dessin animé des années 80. Sans que ce soit forcément identifiable, il y a un charme fou et vintage qui se mêle à une modernité et une vitalité assez dingue.
Merci pour le charme fou.
Oui, on me le dit régulièrement. Je crois que c’est le fruit de mon souci de clarté, de ma culture et des outils que j’utilise. Mais une fois encore, ce style s’est imposé à moi dans l’unique souci d’être lisible. J’aime à penser qu’un lecteur du futur puisse se plonger dans la lecture de l’album sans trop souffrir de sa différence de culture. Le classicisme – puisqu’au final, c’est ce qui est recherché – est le langage universel du dessin et il supporte bien le sérieux et la profondeur d’un thème.

La BD n’a pas de son, comment contourne-t-on cela ? Quelle bande-son/setlist proposeriez-vous au lecteur ?
J’ai en effet eu le problème. Je suis moi-même un amateur de musique de film et j’aurais bien aimé appeler un compositeur pour l’occasion. Mais le silence est probablement le plus approprié pour cette histoire, tout au plus un fond sonore d’eau qui coule avec de l’écho, ou une musique de type ambient au volume très modéré.(ex : un album de Between Interval, ou Inner Landscapes de Robert Rich, ou Deep Listening de Pauline Oliveros.)
D’ailleurs, c’est amusant que vous abordiez le sujet, car la question s’est véritablement posée lors de la réalisation du trailer pour la campagne Ulule. Il a bien fallu que je compose avec les moyens du bord une bande-son. Je ne suis pas musicien en pratique, alors j’ai fait un montage de bric et de broc comme j’ai pu, et ça marche assez bien.
Le son passe tout de même. Notamment, par la manière dont s’expriment les personnages. Et votre étranger, le héros, a une manière très particulière de parler, non ?
Il a grandi reclus et seul. Il est pur, d’une certaine manière. Le langage parlé est une forme de corruption de l’être profond, il va à l’encontre de l’instinct. C’est même un miracle qu’il puisse parler, son langage est donc maladroit.
Faites-nous entrer dans votre espace de travail, qu’y trouve-t-on ? Il y a de la musique ?
Une lumière tamisée en soirée, de la musique pour stimuler l’imagination, un peu de lecture pour l’étayer, et du silence pour composer et du confort.

Combien de temps avez-vous mis sur cet album ?
« Houlà !.. » Je crois que c’est la meilleure réponse que je puisse donner.
J’ai finalement l’impression qu’il y a des milliers d’histoires à raconter dans cet univers, et des hectares à explorer tant cet album reste finalement dans un huis-clos de quelques kilomètres-carré. Avez-vous d’autres idées ?
Oui, l’histoire d’Ëa et l’inconnu peut s’achever là. Mais, c’est vrai qu’il y a encore tant à raconter. Le Sucre de la Pierre dans sa conception n’est que le premier chapitre de ce qui devrait être d’une longue aventure. Je ne devrais pas vous le dire car la réalisation de la suite est encore très très incertaine. Cela implique beaucoup de conditions.

Y’a-t-il eu des scènes supprimées tout au long du processus ?
Non, par contre, une paire de scènes sont déjà existantes pour la suite éventuelle.
Cet album a été conçu en auto-édition, c’était une volonté dès le départ ? Vous n’avez pas proposé le projet à des éditeurs ? Vous aviez peur de perdre de la pureté de votre œuvre ?
L’intention de départ était de trouver un éditeur et de suivre le cursus habituel. Mais, face au défi que représentait sa réalisation, je ne voulais subir aucune pression lors de mon processus de création. Ce n’était pas viable. Imaginez un peu : « Bonjour, vous ne connaissez pas, c’est ma première BD, je veux faire ce que je veux et je vous livrerai que quand je serai prêt. Où est-ce que je signe ?».
Par ailleurs, Le Sucre de la Pierre est un projet assez atypique et je tenais à ce qu’il le reste. Je ne souhaitais pas le voir entrer dans une collection existante.

Ceci étant, une fois le projet à peu près mûr, les rares éditeurs auquel j’ai proposé des planches n’ont montré aucune réaction particulière… quand ils répondaient. Et puis, comme j’avais effectivement un peu peur des ajustements liés à je ne sais quelle ligne éditoriale, l’autoédition s’est vite révélée comme la meilleure option. J’allais pouvoir y glisser mes petits caprices : couverture panoramique à rabat soft touch, qualité du papier, logo-titre perturbant, etc…
Sur quoi travaillez-vous en ce moment ? Quels sont vos projets ? Un autre album BD est-il possible ?
Pour le moment, je suis dans le sas de décompression. Je laisse l’album faire son chemin et voir s’il trouve son lectorat.
Je viens de terminer une couverture pour La Marche du Levant, un roman de SF chez Albin Michel. Je suis actuellement dans l’optique de retourner en studio d’animation et de prendre un peu de recul vis-à-vis de mes projets personnels : peinture, illustration, bande dessinée, et pourquoi pas film. Il va falloir faire des choix…
Je vous souhaite qu’ils soient les meilleurs pour vous et pour nous. Quel régal que ce Sucre de la pierre!
Scénario, dessin et couleurs : Herve Leblan
Genre : Aventure, Fantasy
Éditeur : Autoédition (Zedrimkomtru)
Nbre de pages : 88
Prix : 28€
Date de sortie : décembre 2019
Le sucre de la pierre est de toute beauté; je le recommande vivement. Par ailleurs, cette interview est très intéressante et plaisante à lire.
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