Mauvais Monstre et compagnie: Enzo Berkati réussit son entrée, maléfique et bon enfant (ou adolescent) dans le monde de la BD

WIP couverture © Berkati

À même pas 24 ans, c’est une belle et singulière entrée en matière que réussit le dessinateur français Enzo Berkati avec Mauvais monstre (qui a failli s’appeler Menace ou Éloïse, dans de premiers temps). Un premier tome mordant et terriblement pop, faisant passer par tous les sentiments, comme quand on est adolescents. Ça tombe bien, c’est le sujet, trempé dans quelques maléfices.

© Berkati/Guisquier chez Glénat

Résumé des Éditions Glénat : Mauvais monstre mais bon compagnon ? Dans un monde où tout individu obtient, au moment de sa puberté, un petit monstre qui l’accompagnera toute sa vie, Éloïse, comme tous les ados de son âge, attend l’éclosion de l’œuf qui donnera naissance au sien. Surtout depuis que Célie, la coqueluche de la classe, vient d’obtenir Pandou, évidemment le monstre le plus mignon de tout le collège. Problème : Éloïse va, elle, finalement se retrouver affublée d’un « mauvais monstre » pas mignon du tout, que l’on associe généralement aux personnalités maléfiques et que l’on prétend doté de dangereux pouvoirs paranormaux… Hors de question de donner un nom à cet horrible « Machin », et encore moins de le montrer aux autres ! Déjà en marge du collège, comment Éloïse va-t-elle gérer cette fâcheuse situation ? Pourra-t-elle cacher son secret longtemps ? Et surtout, usera-t-elle des pouvoirs de son mauvais monstre pour de bonnes raisons ?

Premières études : 

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Quatre-vingt pages pour un premier tome au format traditionnel franco-belge, ça n’arrive pas tous les jours. Mais force est de constater qu’Enzo Berkati, actif au scénario et au dessin tandis que Lisa Guisquier fait péter les couleurs, a matière à faire et à ne pas traîner sur le chemin des écoles. Car c’est là que la vie se joue, que les dizaines d’étudiants de ce petit village grandissent, se sociabilisent, se trouvent des amis ou des ennemis, en sachant que l’un peut très vite devenir l’autre. Tentent d’être eux-mêmes tout en faisant leur les apparats d’un groupe, dans un jeu qui se déroule entre indépendance et d’influence. À voir où vous placez le curseur…

© Berkati/Guisquier chez Glénat

Mais il y a quelque chose qui ne trompe pas et qui ne peut pas être dissimulé (longtemps), dans ce monde presque comme le nôtre, c’est le Jiminy Cricket (ou le Pikachu, chacun ses réf’) dont chacun se trouve affublé dès les premiers signes de la puberté qui font éclore l’oeuf de cet ami pour la vie. Encore que. Parfois, il y a une erreur de casting, c’est un mauvais monstre qui vous tombe sur l’épaule et il fallait encore bien ça pour Éloïse. Elle se demandait pourquoi son avatar n’arrivait pas, maintenant qu’elle l’a, elle aurait préféré s’en passer. C’est assez injuste pour la créature qui n’a pas demandé à être associée à cette fille autant dédaigneuse, mais elle a ses raisons. Ne reporterait-elle pas ce qu’elle subit sur ceux sur lesquels elle jouit à son tour d’un petit pouvoir?

© Berkati/Guisquier chez Glénat

Quelque part entre Aimée de Jongh (façon Coloc) et Quentin Rigaud, un peu dans l’esprit Tchô, jouant sur différents registres (humour, drame, dénonciation du harcèlement et du racket, X-Men…), Enzo Berkati réussit cette farce qui peu à peu devient sérieux, à mesure que la magie noire s’infiltre dans son histoire, pas forcément dans les bonnes mains (quitte à corrompre des nobles sentiments), et trouve de graves implications. Jusqu’où Éloïse peut-elle profiter de son mini-elle pour se venger? Au fur et à mesure que le récit se tisse, l’auteur lorgne vers les histoires de super-héros sans jamais en embrasser la carrure et en restant au niveau de ces ados d’un coin perdu de France. Qui font leurs expériences, quitte à ce qu’elle soit décisives et irrécupérables.

© Berkati/Guisquier chez Glénat
© Berkati/Guisquier chez Glénat

En fait, c’est un récit d’anti-super-héros (de mauvais pouvoirs impliquent de désastreuses responsabilités), fait d’actions et de réactions, d’amour et de haine, sans réfléchir aux conséquences dévastatrices. Avec des effets spéciaux réussis, donnant une noirceur à ce qui dépasse, aussi, cette histoire de collège. Comme Trousse-Boy, quelque part. Mais en approfondissant l’observation, riche, des moeurs adolescentes, des clivages ainsi que des points de ralliements. On pouvait s’attendre à une parodie de la saga À la croisée des mondes de Philip Pullman, c’est autrement mieux troussé, avec un langage graphique pop et détonnant. Et, surtout, une implication des adultes (qui corrompent l’enfance dans His dark materials) qui reste distante, on reste entre mômes, ici. Et ce n’est pas juste délire, il y a de la profondeur. On a hâte de découvrir la suite.

© Enzo Berkati
© Enzo Berkati

À lire chez Glénat. Et pour suivre les exploits d’Enzo Berkati, c’est par là.

Avant la preview, on vous signale que Julien Motteler a fait un résumé WTF de ce premier tome:

© Berkati/Guisquier chez Glénat
© Berkati/Guisquier chez Glénat
© Berkati/Guisquier chez Glénat
© Berkati/Guisquier chez Glénat
© Berkati/Guisquier chez Glénat
© Berkati/Guisquier chez Glénat
© Berkati/Guisquier chez Glénat
© Berkati/Guisquier chez Glénat

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