Le serpent et le coyote: les prédateurs ne sont pas toujours ce(ux) qu’on croit, dans un désert explosif qui n’empêche pas la contemplation du road-trip

Délaissant un tant soit peu leur héros à succès de la série Tango (mais pas trop longtemps, ils se sont déjà remis au boulot pour lui offrir un nouvel épisode), Matz et Philippe Xavier changent d’air mais pas de genre et dégoupillent Le serpent et le coyote, un one-shot dont la quiétude originelle peut vaciller à tout moment. Ne dit-on pas qu’il faut se méfier de l’eau qui dort. Joe, lui, ne dort que d’un oeil, le naturel dans ce désert aussi aride qu’hostile peut vite revenir au galop.

© Matz/Xavier/Maffre chez Le Lombard

Résumé des Éditions Le Lombard pour Le serpent et le coyote : USA, 1970. Joe se balade en camping-car dans les grands espaces du Far West. Il y fait des rencontres : un petit coyote, pour commencer, mais aussi des gens plus ou moins bien intentionnés — des voyous locaux, des agents du FBI, un U.S. Marshal, d’anciens amis plus ou moins fréquentables… Mais qui est vraiment ce bon vieux Joe ? Ceux qui croisent son chemin ont tendance à voir leur espérance de vie se réduire dangereusement…

À lire aussi | Tango 6 : Tango est cash et crash!

À lire aussi | Super-Mario dans de sales draps, don’t cry for him, Argentina, Tango est là !

À lire aussi | Tango, dans les eaux claires et pourtant troubles du Panama

À lire aussi | Tango : Matz et Xavier passent à l’action dans ce petit coin de désert bolivien, entre lézards et lamas, qui était décidément trop tranquille

© Matz/Xavier/Maffre chez Le Lombard
© Matz/Xavier/Maffre chez Le Lombard

Un album dans la mythique collection Signé, rien que ça et c’est mérité. Et une sublime couverture, en prime, pleine de suppositions, de promesses face au grand vide qui tenaille autant que tiraille notre héros anonyme. Nos héros, puisque dans son ombre s’est vite joint Crash, Bob ou encore Carl. Bref, le coyote auquel notre cow-boy (ou plutôt camping-cariste) plus si solitaire essaye au fil des étapes de son trip de trouver un nom. L’humain, lui, s’appelle Joe, c’est en tout cas comme ça qu’il se présente. Un nom de code.

© Matz/Xavier/Maffre chez Le Lombard
© Matz/Xavier/Maffre chez Le Lombard

Car très vite, par la fuite en avant ou les flashbacks, à coups de chapitres terriblement bien titrés et charpentés pour créer suspense et tension, Matz et Philippe Xavier nous entraînent dans le destin, entre les lignes biographiques avouables de ce type qui a joué crânement sa chance dans un monde de brutes et aspire maintenant à un peu de tranquillité loin de celui-ci. Joe est un truand, ou en tout cas un gars qui a longtemps été de l’autre côté de la loi, du mauvais, crescendo. Avec un code d’honneur, cela dit. Bien plus que ceux qui sont à ses trousses aujourd’hui.

© Matz/Xavier/Maffre chez Le Lombard
© Matz/Xavier/Maffre chez Le Lombard

Car si Joe pensait être tranquille, le voilà rappeler pour témoigner à un procès d’envergure à New York. Ça fait une trotte jusqu’en Arizona, une route de tous les dangers, même si les hautes autorités américaines, et leur programme Witsec (Witness Security Programm), entendent bien que le vieux briscard arrive plus vif que mort dans la Big Apple. C’est sans compter les remous, les mauvaises rencontres, le pouvoir de l’argent et l’obstination des chasseurs de prime. Explosif sans s’empêcher de contempler les si beaux paysages, de prendre ses aises, de dérouler le grand jeu.

© Matz/Xavier/Maffre chez Le Lombard
© Matz/Xavier

Dans la grande histoire, où la rivalité jusqu’au-boutiste peut aussi s’opposer à des amitiés aidantes longue-durée, Matz et Xavier investiguent aussi la petite histoire, celle de la relation entre un homme et son chien… son coyote plus tôt. Le jeu d’essai-erreur autour du surnom à donner à l’animal sauvage n’est qu’une façade, la présence de la bête sur la place du mort permet de joli moment d’intimité, de confidence de la part de cet antihéros qui ne sait pas qu’il est écouté. Promis, en tant que lecteur, nous ne dirons rien. Sinon que l’alchimie entre les deux auteurs (et les couleurs de Jérôme Maffre qui sont pleinement raccord à toute heure du jour et de la nuit – on veille à toute heure ici -, délicieusement vintage et rendant complexe ce désert qu’on aurait pu penser monolithique) fonctionne à merveille et atteint peut-être son paroxysme dans cet album mené de main de maître sur 140 planches, grand angle.

© Matz/Xavier/Maffre chez Le Lombard

Et, donc, quelle est la suite pour Tango?

À lire chez Le Lombard.

Ce diaporama nécessite JavaScript.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.