BD : Le diable au corps, le démon de l’aventure #5 – (Avant) la quête de l’oiseau du temps, le mythe de la caverne, parenthèse dans un monde à tout vent violent

© Le Tendre/Loisel/Etien/Bègue chez Dargaud

Si l’aventure se vit bien au long cours sans arguments magiques, force est de constater que pas mal de récits fondateurs de ce genre sans peur et sans reproche sont dotés d’une aura fantastique, de créatures, de monstres capables de faire vaciller les héros et de créer l’inattendu et un supplément de divertissement. C’est le cas dans Conan, Indiana Jones, Les Goonies et tant d’autres. La BD n’y fait pas exception, forgeant des légendes de fantasy, de mille et une nuits et d’autres ans ce bon mélange qui s’ouvre sur des histoires héroïques et palpitantes. La preuve avec ce théma regroupant quelques parutions marquantes de ces dernières semaines. Après Alamander, Arjuna, Capitaine Vaudou et Furieuse, on continue le périple en plongeant dans une saga déjà bien installée: avant la quête de l’oiseau du temps et son septième tome.

© Le Tendre/Loisel/Etien
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Résumé de Dargaud pour La quête de l’oiseau du temps – Avant la quête tome 7 – folle graine : Le chevalier Bragon, accompagné de Kryll et Bulrog, arrive enfin à Thâ, au pays d’Akbar. Bragon craint que Mara ne le repousse après l’acte tragique, le meurtre du père de Mara alors que son esprit était possédé et manipulé. Mais Mara lui pardonne et lui apprend qu’elle a découvert dans le grimoire des Dieux une très ancienne magie reliée au symbole de l’ordre du signe. Cette magie permettrait de se protéger du dieu Ramor et de ses adeptes. Mais pour cela, il faut se rendre dans un archipel où pousse une graine mystérieuse…

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À force de missions çà et là, et de péripéties, dont on connaît une partie de la conclusion puisque nous sommes ici dans un prequel d’une oeuvre culte (et qui, elle-même, devrait bientôt connaître une suite plus ramassée), on pourrait tourner en rond, en proie au fan-service. Serge Le Tendre et Régis Loisel n’ont jamais succombé à ces sirènes et continuent d’enrichir profondément les aventures de Bragon et ses alliés. Et dieu sait qu’avec ses amis on peut parfois se fritter. Encore plus quand l’amour joue les trouble-paix. Pourtant, au pays des deux lunes, il faudra être soudé car le froid, le vent, la pluie et l’ennemi avançant toujours plus avec ses « parfaits soldats sans état d’âme » risquent bien de pousser le quatuor parfaitement égalitaire dans leurs retranchements. Sans oublier cet invité surprise dont on ne sait pas sur quel pied danser avec lui.

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Dans cet album en trois actes équilibrés et rythmés, les deux auteurs originels accompagnés de David Etien, en pleine forme malgré une collaboration qui s’est étiolée jusqu’au point de non-retour (apprenait-on chez ActuaBD), jouent avec l’espace et la pression que peuvent exercer deux groupes, des gentils et des méchants, en des lieux différents. À distance. Ce n’est qu’à la toute fin que la confrontation arrive, nous trempant de sang. En attendant, la violence et l’horreur sont là par petites touches qui marquent les esprits, mais les héros n’ont peut-être jamais été aussi bien ensemble malgré la peur que certains rêves ne deviennent jamais réalité. La proximité de l’heure grave? Le fait que cet album leur propose, dans son ventre, une petite pause moins tumultueuse?

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En tout cas, ce qui est certain, c’est que dans ce septième tome, le lecteur n’oublie jamais qu’il est dans une BD, dans le cadrage, les jeux de textures et de matière, et surtout le langage qui résonne, s’amplifie, se suspend sur les murs de la caverne de tous les dangers. David Etien réalise un travail palpitant, très incarné, accessible mais sachant aussi se faire rude. Avec une petite préférence pour les scènes de nuit ou dans le crachin. On les sent. Comme la colère et l’hémoglobine, la fureur qui doivent inévitablement sortir puisque la fin de ce pan qu’est Avant la quête se précise. Le huitième acte en sera la clé.

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À lire chez Dargaud.

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