Si vous aimez sentir les embruns, le sel et le vent sur votre peau alors embarquez avec Les Damnés du grand large de Kristof Mishel et Béatrice Penco Sechi

« Je colporte la plus étrange histoire qu’il vous ait été donné d’entendre, je vous l’échange contre un repas. »

https://www.youtube.com/watch?v=zryzgu4ayDg

Résumé de l’éditeur Drakoo pour Les Damnés du Grand Large : Il y a deux cents ans, un curieux voyageur fit résonner une taverne d’un inquiétant récit. Celui d’un navire pris dans la tourmente de meurtres inexplicables. Celui de cadavres de marins marqués d’un signe obscur, et d’un équipage terrorisé. Celui d’un jeune mousse au carnet rempli de monstres, qui semblait tout connaître des forces effroyables qui régissaient les eaux où le vaisseau s’était aventuré. Mais l’auditoire ne pouvaient prévoir que derrière le récit fascinant du conteur se cachait quelque chose de plus sinistre que la mort elle-même….

Un album brillant au confluent des superstitions et des contes maritime. Kristof Mishel (au scénario) et Beatrice Penco Sechi (illustration et couleur) nous emmènent au large au rythme des vagues et du vent s’engouffrant dans la voilure. Le scénariste navigue en permanence entre imaginaire et étrange. Dès les premières planches, on comprend que son histoire sera peuplée de créatures fantastiques et de crimes inexpliqués… quoique.

On est littéralement happé par le récit. À la manière d’un ménestrel, Rêveur emporte le lecteur aussi vite que son auditoire de vauriens. On ne reste pas en rade et on est suspendu à son flot. Le scénario tient la route. Derrière une histoire de bateau maudit, de morts ou de monstres dévoreurs de marins se cache une raison beaucoup plus humaine et triviale: la vengeance.

Beatrice Penco Sechi nous gratifie d’un excellent visuel. Son univers graphique se marie parfaitement avec le scénario. Les planches sont d’une beauté brute et malgré tout poétique. À l’instar des éléments comme le vent, le feu ou la mer. À aucun moment, nous n’avons l’impression de sentir la chaleur apaisante du soleil sur la peau tannée de ces écumeurs de mer mais plutôt une interminable nuit de tempête avec un relent de gnole et de vomi entre les dents. Les visages durs et burinés par le sel et le vent sont déformés sous la rage ou la peur. Cette obscurité qui semble vouloir engloutir tout l’équipage à chaque mouvement de quille nous rappelle la fragilité de l’homme. On sent à la fois la puissance de la mer mais également une étrange mélancolie provoquée par les privations, la promiscuité et l’âpreté de la vie de marin.

Pris en otage entre la fureur des éléments et les caprices de l’homme, Rêveur nous démontre une chose essentielle, il faut croire en ce rêve fut-il funeste. La vengeance est comme une vague qui au fur et à mesure du courant s’intensifie et devient raz de marée. Cet album en est le parfait exemple, un démarrage crescendo avec un carnet d’enfant et de fausses croyances pour arriver à une vengeance froide et déterminée. C’est une réussite graphique et scénaristique. Les Editions Drakoo font encore preuve d’une belle maitrise de leur qualité d’impression et nous gratifient d’un beau visuel sur la couverture.