C’est un joli coup que réussissent les Éditions Soleil en remettant au goût du jour (si besoin était) de la BD quelques héros emblématiques de la culture populaire et héroïque. Des héros de chair et d’os, pas super- comme on en voit beaucoup sur nos écrans et les produits dérivés. Ainsi, à l’initiative du polyvalent Christophe Bec, voilà que Tarzan, du fin fond de sa jungle, revient plus bestial que jamais, mais aussi très fidèle au roman originel d’Edgar Rice Burroughs qui commença à écrire la légende de Lord Greystoke. En attendant Bob Morane.
Résumé de l’éditeur : XIXe siècle. Partis en bateau depuis l’Angleterre, Lord John et Lady Alice Greystoke s’échouent sur les côtes de l’Afrique équatoriale. Alice donne peu après naissance à un fils. À la mort de ses parents, il sera élevé par les grands singes et deviendra Tarzan. Le jeune homme sera partagé entre la vie brutale de la jungle et les codes stricts de l’aristocratie anglaise…


Car, au début de cette histoire, il n’y a que les arbres, les cascades, les lianes et le peuple de la jungle qui puisse raconter les balbutiements du survivant. Il coulait de source, tout en étant un vrai parti, qu’il fallait s’attarder sur cette époque fondatrice du héros sauvage. En le tenant sur la longueur, entre drames et moments de révélation, quasiment sans texte si ce n’est les cahiers de ses parents que Tarzan trouvera et qui aideront celui-ci à s’autoformer à la langue humaine et plus particulièrement de Shakespeare (un argument peut-être un peu naïf, pouvant semblant peu réaliste, mais que les auteurs ont repris du livre initial), les auteurs se livrent à un véritable documentaire, ne s’interposant pas dans la violence de ce monde brutal et sauvage où sans carapace ni griffe, John va devoir faire ses preuves, ses armes. Le parti pris est risqué mais la puissance graphique, la noirceur mais aussi la clarté végétale de Stevan Subic font le job, portées par les couleurs de Hugo Facio, sans compromis avec le déchaînement de fougue, de sang, de mort mais aussi de vie, couverte de cicatrices. C’est d’autant plus impressionnant que, comme je le disais, les auteurs ont joué sur la longueur pour bien placer ce décor grandeur et férocité nature.

Puis les hommes arrivent. Des Anglais, un Belge, tous armés de différentes intentions, pour faire progresser la science ou les trophées de chasse. L’équipe est difforme, tendue, et cela va peut-être la mener à sa perte. D’autant plus qu’à son approche, des guerriers immaculés sont sortis de leur terrier. C’est beau l’enfer créé dans le choc des mondes, cet autre big bang entre civilisation et ce qu’on présente comme inhumanité. Une certaine Jane en sera l’agent de liaison, faisant tourner des têtes et faisant naître chez l’homme couvert de boue et de traces de combat passé de nouvelles possibilités de se découvrir lui-même et d’où il vient.


Entre la partie muette (textuellement parlant, car le style Subic est loin de l’être) et celle plus volubile, on pouvait craindre une inadéquation. C’est tout le contraire qui se passe, quitte à préférer précipiter la fin que le début. C’est bien joué. Émancipés de la pression de devoir rentrer dans les cases et dans un nombre de pages standardisé, les deux auteurs réussissent un album splendide et rythmé, faisant redécouvrir le mythe premier avec une efficacité carnassière. Plutôt qu’à moitié, les auteurs fondent ce renouveau à 200%, avec la pudeur de ne vouloir rien inventer pour le moment, de s’en tenir à l’original tout en lui apportant une puissance moderne dévastatrice.


Le deuxième album s’intitulera Tarzan au centre de la terre et mixera deux romans Le Retour de Tarzan et Tarzan au Cœur de la Terre. Un album plus pulp, selon les dires de Christophe Bec qui sera, cette fois, accompagné par Roberto de la Torre et Stefano Raffaele. La couverture d’Éric Bourgier (qui signe déjà la mystérieuse et contemplative couverture du premier) a déjà été dévoilée. En espérant qu’un jour, chez Dupuis ou ailleurs, le Tarzan du regretté Hubert Mounier/Cleet Boris (dont nous parlions un peu ici) voie enfin le jour.

Comme je vous le disais, Christophe Bec se prépare, en compagnie d’Éric Corbeyran et Paolo Grella, à faire renaître une énième fois au Neuvième Art « le plus grand héros de tous les temps », Bob Morane. Le tome 1, Les 100 démons de l’ombre jaune, devrait sortir en septembre. Un Conan est toujours sur le feu aussi, également avec Stevan Subic.
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Dans un autre style plus intimiste mais pas moins violent, le scénariste reviendra comme dessinateur dans la réédition grand format et intégrale d’Anna, auparavant nommé Hôtel particulier, thriller psychologique dont le scénario était signé par Stéphane Betbeder. Le crowdfunding pour permettre cette parution (le 12 mai) dans les meilleures conditions est encore en ligne pour quelques jours. Voilà le résumé. « Oscar se voit comme un dominateur-né qui aime être entouré de courtisans ou plutôt de souffre-douleur. Accompagné de sa bande de suiveurs, il prépare l’exposition qui imposera à tous l’ampleur de son talent. Oscar est sans pitié. Il a aimé sa voisine, Anna, abusé quelque temps de sa naïveté avant de rompre. Point final de l’histoire, pensait-il. Mais Oscar se trompait, Anna lui réservait quelques surprises. »
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Série : Tarzan seigneur de la jungle
Tome : 1
D’après le roman de Edgar Rice Burroughs
Scénario : Christophe Bec
Dessin : Stevan Subic
Couleurs : Hugo Sebastián Facio
Couverture : Éric Bourgier
Genre : Aventure, Drame
Éditeur : Soleil
Nbre de pages : 84
Prix : 17,95€
Date de sortie : le 24/03/2021
Extraits :
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Vivement qu’on puisse lire ces livres…