Après avoir usé ses culottes sur les selles jadis usées par Vance et Giraud ou Greg et Hermann, Michel Rouge revient au western, quasi vingt ans après son Marshall Blueberry, et cette fois avec un des personnages bien à lui. Et à Christophe Bec qui lui a concocté une histoire jusqu’au-boutiste, orageuse et boueuse. Gunfighter.

Résumé de l’éditeur : Toujours bon. Parfois brute. Jamais truand. Quelque part dans les plaines d’Arizona. Alors que les « longhorns », ces vaches américaines aux cornes interminables, ont besoin d’espace, l’arrivée des premiers barbelés, la « corde du diable » comme on l’appelait alors, ne fait qu’exacerber les conflits qui opposent deux familles de propriétaires terriens. C’est dans ce contexte et dans le souffle d’une tempête qu’une bande de ranchers découvre un homme inanimé, agrippé à son colt… Qui peut bien être ce mystérieux Gunfighter ?

Impossible de se tromper, dès la couverture et un héros qui joue chèrement sa vie sur le barillet de son revolver, un chapeau lui faisant de l’ombre jusqu’au nez, nous sommes bien en face d’un western qui salue le retour de Michel Rouge au temps des cowboys.

Nous sommes en 1886, c’est l’automne dans le Colorado et des torrents de pluie envahissent les terrains des grands propriétaires. Les cowboys rentrent au galop et un homme fuit une horde armée. On ne donne pas cher de sa peau. Et le malheureux (quoique, il l’a peut-être bien mérité) doit son salut au redoublement des intempéries. Il est laissé plus mort et noyé que vif. Repêché, il sera ramené dans le ranch de Katherine Cotten.


Mais, entre ces cauchemars et ses poursuivants qui ne l’ont pas oubliés, Craig Bellamy, c’est son nom et quasiment la seule chose qu’on sait de lui si ce n’est qu’il trimbale un pistolet d’or, se réveille dans un monde de chaos. Un monde où l’on s’endort au saloon après avoir chevauché durement la réalité : la pire météo qui soit et qui disperse les troupeaux, des voleurs de bêtes, le besoin d’une rentabilité toujours plus grande et cette lutte entre les petits et les grands propriétaires. Et cet « intrus » qui vient envenimer encore un peu plus les choses, face à la mafia locale, les Wallace.

Sur 54 planches, météorologiquement changeantes, de quoi offrir à Corentin Rouge (le fils de Michel) de grands espaces et des décors différents pour faire valoir ses couleurs superbes. Encore plus quand le soleil monte dans le ciel ou descend pour couronner les journées de travail de rouge. Rouge, un nom prédestiné, pour une histoire de famille qui plus est. Du côté des auteurs, une belle histoire; du côté des protagonistes, une sale, qui risque de se régler à coups de balles. Même si le sang coule, le scénario de Christophe Bec prend le temps de bien planter le décor et les thématiques sociales qui vont mener à l’embrasement. Le format de 54 planches donne aux auteurs le temps d’amener les personnages, de ne pas les révéler tout de suite (comme le patriarche méchant). Tout comme les enjeux.

Quant à Michel Rouge, il n’a en rien perdu la main sur le western et profite pleinement des zones où les mots se taisent pour laisser place au dessin. Ce premier tome est bavard à bon escient et on apprécie d’autant plus les scènes, vers la fin, où les phylactères disparaissent. Comme dans cette reconstitution chirurgicale d’une scène de pendaison à faire froid dans le dos. Et quand vient la dernière planche, on comprend que rien n’est fini, tout ne fait que commencer. Une entrée en matière fracassante.

Notons qu’outre cette série Christophe Bec a quelques projets à venir à guetter de très près. Un autre western reconstituant le parcours de Billy The Kid avec Lucio Leoni dans la collection West Legends ainsi qu’une reprise de Bob Morane avec Corbeyran et Paolo Grella aux Éditions Soleil. Mais aussi, et surtout, un Conan, l’adaptation de Xuthal la Crépusculaire, en compagnie de Stevan Subic chez Glénat. Preview :
Tome : 1
Scénario: Christophe Bec
Dessin : Michel Rouge
Couleurs : Corentin Rouge
Genre : Western
Éditeur : Glénat
Collection : 24X32
Nbre de pages : 56
Prix : 14,50€
Date de sortie : le 28/08/2019
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