Pourquoi devrait-on laisser s’échapper nos rêves d’enfant ? Et si un homme à la tête de singe (Gainsbourg en avait bien une de chou) aux allures de livreur de pizza était le passeur pour mettre toutes les chances de votre côté pour réaliser ses chers rêves ? Kid Noize arrive en BD pour prolonger son univers musical, donner des clés de compréhension et nourrir un imaginaire touffu. Il lui donne voix et dessin en compagnie de Kid Toussaint et Otocto. Quelque part entre Nowera et une ville qui ressemble curieusement à Charleroi, voilà un monde de BD curieux, étrange et intéressant bien loin du produit dérivé que certains y voyaient. Interview avec les deux Kids.
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Salut les Kids, loin de moi de me prendre pour Philippe Manoeuvre mais comme j’en ai deux en face de moi, pas pu m’empêcher. Kid Noize, vous avez laissé tomber le masque ?
Kid Noize : Oui, porter un masque, ça reste physique. Et quand j’ai décidé de porter ce masque, je ne m’imaginais pas que j’allais, durant trois semaines, devoir le porter dix heures par jour. Avec la sortie de mon album et de la BD, c’est arrivé. Parmi plein d’autres envies, il y avait celle-là.

La BD, c’est un rêve pour vous ?
Kid Noize : Depuis tout petit, je rêvais de faire de la BD. Ça revêt quelque chose de magique, on peut dessiner et prêter vie à n’importe quoi. Comme quand on est gosse et qu’avec des jouets, on s’imagine faire exploser des bagnoles. J’ai donc fait des études de graphisme. Après quoi, j’ai réalisé des pochettes de disques. Je dessine tout le temps, pour le plaisir griffonner, sans aucun objectif commercial.
Mais je me suis concentré sur l’aspect musical. Je ne voulais pas créer un univers à la première personne, ça aurait été égocentrique. D’où la création de ce personnage, de son univers que la BD étend.

Avec deux Kid pour le prix d’un puisque Kid Toussaint est venu vous prêter main-forte.
Kid Noize : Entre le start et le final cut, j’étais ouvert à toutes les idées. Mon challenge n’était pas de devenir scénariste de bande dessinée mais d’adapter l’univers, de l’agrandir grâce à la BD. Pour cela, j’avais besoin de quelqu’un qui s’y connaisse.
Kid Toussaint a mis de l’ordre dans tout ça, dans mes idées. Il m’a permis d’éviter le piège. Ça peut vite devenir bateau, cliché, de parler du rêve. Si Kid Noize devait nécessairement être le même entre la vie réelle et la fiction, il fallait le faire vivre en tant que tel, qu’il soit libre dans la BD.

Kid Toussaint : C’est Dupuis qui nous a mis en contact. Le personnage existait déjà bien, les concepts comme Nowera et les boîtes à rêve, aussi. Il manquait une structure BD. Il a fallu canaliser l’énergie, toutes les pistes possibles. Ce n’est pas pour rien que nous en avons tiré un premier album de 62 pages et non pas 48.
Vous connaissiez Kid Noize ?
Kid Toussaint : Oui, j’avais été en contact avec son univers. Je trouvais ses clips très intéressants pour entourer ce personnage qui ne l’était pas moins, intriguant. Il y avait des références à Spielberg, l’esprit des années 80. Mais dans les clips, on ne parle que rarement, dans la musique aussi, il fallait donc aussi travailler sur les dialogues.
Des dialogues nourris par une foule de personnages. J’imagine que si certains sont sortis de votre imagination, d’autres existent vraiment et vous accompagnent dans la réalité.
Kid Noize : Ils sont plein de clins d’oeil, avec des métaphores de ma vie privée. Ils se transforment dans la BD, forcément. Puis, pour ceux qui sont attentifs, dans cette bande dessinée, il y a des clés de compréhension de mon premier album cd. Comme ce mystérieux talker qui ouvrait Dream Culture. Réécoutez le cd, vous aurez une nouvelle lecture. Mais la mustang, les corbeaux qui la suivent, l’univers est là, depuis toujours. On y est enfin, on peut l’explorer. Non, le masque de singe, ce n’était pas juste pour faire beau.
Kid Toussaint : Des histoires avec plein de personnages, c’est mon péché mignon. Cet album est vraiment né dans une dynamique de partage, Kid Noize m’a invité dans sa bulle, m’a montré 10 000 photos.

Et un binôme qui sort de la mêlée: Kid Noize et son chien !
Kid Noize : Raymond, qui existe vraiment !
Kid Toussaint : C’est là que l’on romance. Raymond, c’est une marionnette que Kid Noize souhaitait utiliser dans un clip. Ça ne s’est pas encore fait et Kid ne savait pas quoi en faire. L’occasion était en or pour que Raymond donne du répondant à Kid Noize. Un duo pour mettre le héros face à ses responsabilités, ses contradictions.


Quitte à être un peu loser en début d’album ?
Kid Noize : Kid Noize est un anti-héros. Cette dimension était importante. Il n’est pas possible d’être, d’emblée, un héros. On ne naît pas avec des super-pouvoirs, ce ne sont pas des dons du ciel. C’est un travail de tous les jours.
Kid Toussaint : Un héros doit évoluer pour être intéressant. Je ne donne pas dans le super-héros mais j’aime beaucoup jouer avec les jouets des autres.
Il y en a eu d’autres que vous avez emprunté ?
Kid Toussaint : Il y a eu Le Marsupilami. Puis, j’aurais rêvé de faire un Mickey. Mais il y a trop de contraintes. J’aime détourner, m’amuser des règles. La pire contrainte étant de ne pas en donner. J’ai 10 000 scénarios dans mes tiroirs. Quand j’ai commencé, on m’a dit : « Ceux qui restent ne sont pas les plus talentueux, ce sont ceux qui s’accrochent. » J’adorerais faire un Batman. J’ai essayé de faire un Spirou. Pour Les Tuniques Bleues, je suis arrivé un poil trop tard chez Dupuis.

Et vous, Kid Noize, qu’est-ce qui fait votre culture BD ?
Kid Noize : Je suis à fond dans la BD. Et mon fils a dévoré tout ce que j’avais. Gung-Ho, c’est canon graphiquement. J’ai acheté récemment toute la série Le Tueur. Je les ai tous lus trois fois. Puis, il y a Blacksad. Mais le vrai coup de coeur, qui m’a donné envie de me lancer comme dessinateur : c’était Soda !
Vous ne vouliez pas le dessiner cet album ?
Kid Noize : Non, ça aurait été une erreur. Mais cette série est hyper-importante. Ce n’est pas un produit dérivé, c’est l’ADN du projet qui trouve voix par la BD. Il y a un vrai fond. Il était hors de question de se lancer dans la réalisation d’une BD s’il n’y avait pas de contenu. La BD permettrait de mettre à plat la genèse du personnage de Kid Noize. Avec un dessin et une narration dont on pouvait se servir pour explorer ce monde. Avec ces côtés sous-jacents.

Kid Toussaint : Ce n’est pas mon optique de faire les choses de manière malhonnête. Se servir d’un nom et en faire n’importe quoi derrière ? C’est le cas de pas mal de déclinaisons BD d’émissions télé. Comme Touche pas à mon poste. Ici, il y avait du fond.
Kid Noize : Mais, c’est vrai, je l’ai compris très tard, beaucoup s’attendaient à un projet commercial, un produit dérivé. La BD fait partie du projet, montre l’âme autour de laquelle la musique tourne. Pourquoi le personnage fait de tels choix.
Cette série BD, c’est la Bible ?
Kid Noize : J’essaie de ne plus le dire en interview parce que l’expression est mal comprise et les gens se demandent pour qui je me prends. C’est la bible de mon univers, le référent pour les personnages, leurs passé…

Pourquoi le singe, d’ailleurs ?
Kid Noize : Darwin ! Un rappel direct de nos instincts primitifs. Là où un chien délimite son territoire, nous on fait un crédit à trente ans. On a réprimé l’instinct. C’est lui que je cherche dans ma musique.
C’est un personnage qui nous ressemble et qui nous pose de vraies questions : d’où vient-on, où va-t-on, qui est-on ? Au moment présent, personne ne sait répondre à ces questions. C’est ce qui fait qu’on est libre de faire ce qu’on veut, de rêver.
Kid Toussaint :Le singe est proche de nous tout en ne possédant pas de barrière. Le singe est resté espiègle, égoïste, sauvage…
On en croise beaucoup dans la culture populaire, non ? King Kong, Donkey Kong. En musique, il y a aussi Shaka Ponk…
Kid Toussaint : … et Gorillaz. Ils renvoient aussi à cet aspect déconneur, à l’enfance.

Et pourquoi ce nom Kid ?
Kid Toussaint : Il m’est resté de mes douze ans. Je faisais une tête en moins que tout le monde, le surnom n’a pas tardé. Il va sans dire qu’il ne me plaisait pas. Mais je l’ai gardé. J’aime les surnoms, j’en donne à tout le monde.
Dans la BD, Kid Noize aide à ce que les rêves prennent vie.
Kid Noize : La question est : comment lui donner du sens, à cette vie ? On peut vite se planter, être pris par l’habitude. Il faut la chasser.
Kid Toussaint : C’est ce qui m’a plu. J’aime récupérer les enfants, les adolescents à l’instant T, juste avant la chute. Le point hyper-important auquel tout peut se passer. L’instant critique, le point de rupture. Ici, le singe devient le parrain, le grand-frère, le sauveur. Celui qui va donner un sens à la vie de ces jeunes qui aurait pu être foireuse.
Moi, mon rêve de gosse, c’était d’être écrivain. Je n’en suis pas loin, finalement. J’étais un cinéphile accompli mais, dans un film, il y a trop d’intervenants pouvant dénaturer votre envie.
Nowera entre ainsi en collision avec Charleroi. Une ville bien présente sans pour autant être mentionnée.
Kid Toussaint : Kid Noize la connaît beaucoup mieux que moi mais je vois ce qu’il y voit, ce que cette ville incarne. Elle est stigmatisées mais il s’y passe pas mal de choses. Une sorte de nouveau Détroit avec son décor glauque et ses industries fermées, rouillées, mais possédant une lumière certaine. Ce n’est pas une ville qui t’invite, forcément, il faut aller la chercher.

Kid Noize : Il était imaginable que l’action se passe ailleurs qu’à Charleroi. Il y a de gros clins d’oeil. Je suis Bruxellois domicilié à Charleroi depuis quelques années. C’est une ville qui me fascine. Il y a de la place. Un terrain de jeu. Un décor de film dans la vraie vie. On peut s’y exprimer. Bon, ce n’est pas New York non plus. Cette ville m’a inspiré mais n’est pas une fin en soi. Je pense qu’on est taillé pour voyager, découvrir.
Avec beaucoup d’artistes carolos qui ont émergé, quand même!
Kid Noize : L’émergence d’artistes, c’est le propre de la Belgique.
Vous, Kid Toussaint, vous êtes plutôt de Namur ?
Kid Toussaint : Ça viendra peut-être un jour mais je suis trop critique par rapport à ma ville. Ça serait comme parler d’un membre de sa famille.

Dans Magic 7, là aussi, vous n’avez pas voulu identifier votre ville.
Kid Toussaint : Pour garder un côté universel. Comme Gazzotti l’a fait dans Seuls: Forville, c’est Liège, c’est flagrant. C’est, pour moi, la meilleure méthode pour être immersif. Même si il y a un grand débat. Entre les adultes qui ont besoin de références, de reconnaître les choses. Et les enfants qui se laissent beaucoup plus emporter dans l’imaginaire.
Au fil de mes albums, je me rends compte que les adultes aiment que ce soit écrit et précis. C’est le contraire avec des ados pour lesquels je vais au bout des choses. Pour eux, je pense que j’écris mieux, je dis plus de chose. Les dédicaces ont confirmé mon ressenti. Les enfants sont pointus, là où les adultes restent périphériques quand… ils ne veulent pas qu’un dessin dans leur album. Les enfants, eux, ne restent pas une heure et demie pour avoir un dessin moins bien que dans l’album. Ils ont de vraies questions, ils repèrent la moindre incohérence mais comprennent mieux les métaphores. L’adulte est persuadé qu’il sait. Qu’il aime ou pas. Après quoi, il range le bouquin. L’enfant, ne pas aimer un livre ne l’empêchera pas de le relire plus tard. Il est aussi impliqué que celui qui écrit ou dessine l’histoire.

J’aime ne pas donner au lecteur ce qu’il veut mais il ne faut pas décevoir. Pour Lupé, dans Magic 7, son don est de réparer des robots. Des jeunes lecteurs étaient sceptiques: pour eux, ce n’était pas un vrai pouvoir, je devais mieux le décrire. Et le tome 7 est tellement à part, dans tous les recoins, j’ai voulu dire ce que je n’avais pas dit jusque là.
Bref, gardez votre âme d’enfant, pour mieux lire. (il rit)
Ici, le dessinateur que vous avez choisi, c’est Otocto.
Kid Noize : Kid Toussaint le connaissait. Mais il y a eu plusieurs tests de différents dessinateurs. C’était la partie la plus dure, celle qui me stressait le plus. Mais Otocto a un super graphisme, il a mis la barre haut.

Kid Toussaint : Il était important que Kid Noize se reconnaisse et qu’on le reconnaisse. Otocto signe ici son premier album. En fait, j’attendais de voir son évolution pour lui proposer quelque chose. Je l’ai vue en direct, complètement dans le flow de la narration.
Cela dit, le jeune lecteur s’investit beaucoup plus dans les cases que n’importe quel adulte. Il est très ouvert. Y compris dans son identification aux personnages. Qu’il soit masculin ou féminin, quel que soit son âge, il suit le personnage. Moi, personnellement, un personnage moustachu, je ne m’y identifie pas, je ne le suis pas.
Il y a beaucoup de symboles dans cette histoire.
Kid Toussaint : Dans une histoire, tu mets ce que tu veux tant que ça ne parasite pas la compréhension. C’est pareil avec un mot de vocabulaire pointu. Rien n’empêche de pousser un dialogue tant que l’idée est compréhensible.
Vous étiez tous présents à Angoulême.
Kid Toussaint : Oui, on a sorti le premier album là-bas. Pour le coup, il y avait plus de fans de BD que de musique. Il faut dire que Kid Noize est un personnage charismatique. Il a fait son show. Avec une certaine collision entre le rêve et la réalité et pas mal de gens qui se demandent qui se cache sous ce masque… si c’en est un. Car, oui, certains se le demandent.
Dans les recherches qui mènent à ce blog, il y en avait même une qui demandait « chirurgie esthérique Kid Noize », ça ne s’invente pas! Mais, Kid Noize, le public de cette BD ne sera pas le même que celui de vos albums musicaux ou de vos sets. On y trouvera plus d’enfants, non ?
Kid Noize : Je ne vois pas les choses comme ça. Je crois qu’il y a plusieurs lectures possibles. Bien sûr, ça parle aux enfants mais les questions posées sont plus adultes, à mon sens.
Beaucoup d’enfants lisent Spirou, journal dans lequel la série a été prépubliée. Là encore, ce n’est pas le même public que pour votre musique, si ?
Kid Noize : J’essaie d’être tout public. Cette année, j’ai programmé une date pour les enfants. Je refuse toutes les autres dates, les anniversaires. Mais c’est important de faire un show rien que pour eux, sans grands devant les petits, qui cachent la scène. Même si en l’état, le spectacle reste le même. Ce n’est pas nouveau, j’vais déjà tenu ce genre de spectacle auparavant.

Pour le reste, j’ai différents publics. De 20 à 30 ans dans les clubs, des jeunes parents qui viennent avec leurs enfants, un public plus varié lors des soirées d’entreprises privées. En fait, de 6 à 66 ans.
Et, dans cette BD, la musique reste pour le moment un clin d’oeil. Sur sa planète, Nowera, Kid Noize rêve d’être DJ mais en est encore loin.
Kid Noize : C’est pourquoi, c’est un prequel. Je ne voulais pas raconter l’histoire d’un DJ. La musique en tant que telle viendra plus tard.
Les références sont très eighties ? C’est à la mode, non ?
Kid Noize : Je pense, au contraire que, plus que jamais, nous y sommes dans les années 80. Les rêves technologiques, les innovations que promettaient les films, les livres, se sont concrétisés. Comme Jules Verne qui rêvait de l’espace dans ces romans; cent ans après, le rêve s’éveillait. On est dans Blade Runner. Je ne crois pas que ce soit de la nostalgie, c’est normal. La vision qu’on avait, nos rêves de gosses sont devenus réalité. Le walkman, c’était déjà une invention dingue mais si on avait dit à ses utilisateurs qu’un jour on parlerait à des gens à l’autre bout du monde avec des écrans led qui se replient, personne ne nous aurait crus.

Kid Toussaint : Les années 80 font aussi ma culture. Il y a de quoi faire niveau jouets mais que va-t-on mettre dans le magasin ?
Un désenchantement, quelque part ?
Kid Noize : Non, pas du tout, ça fait partie du rêve.
Vous parliez de votre fils. Vous avez testé cet album BD sur lui ?
Kid Noize : Les enfants, ils nous aident à vivre, à être nous-mêmes. Avec la tentation de tester ce qu’on fait directement sur eux. Mais nos propres enfants ne sont pas toujours le meilleur public. Ils sont très critiques ! À l’école, beaucoup de ses camarades ont des t-shirts Kid Noize. Pour mon fils, hors de question ! Et je le comprends.
La suite ?
Kid Toussaint : Le tome 2 sera scénarisé par Lapuss. Je suis débordé, j’ai donc passé le flambeau. Magic 7 arrive tout doucement à sa fin. C’est un beau miracle, cette série, le succès a été au rendez-vous, je peux envisager les tomes 9 et 10 sereinement. C’est assez rare, mine de rien, d’amener une série à sa fin. Pour le prochain album, ce sera à nouveau collaboratif et Mathieu Reynès, José Luis Munuera, Noiry ou encore Fernandez en dessineront une partie.


Dernièrement, pour les plus jeunes, il y a eu Animal Jack.
C’est parti d’une envie de Miss Prickly qui est venue à ma rencontre. Elle voulait faire quelque chose de plus adulte. Au final, nous avons fait quelque chose de jeunesse avec un héros attachant et muet. Mais il n’a pas besoin de parler puisqu’il peut se transformer en tous les animaux qu’il veut. Pour le coup, j’ai demandé à Miss Prickly quels animaux elle avait déjà dessinés… Tous ceux qui restaient, je les y ai mis. Trois tomes sont prévus avec ce gamin qui amène aussi un côté documentaire, notamment sur les animaux, et écologique tout en ayant le meilleur des super-pouvoirs : en avoir plusieurs puisque chaque animal à ses talents. C’est un plus petit format.

Puis, il y a Télémaque.
Le deuxième tome vient de sortir, avec Kenny Ruiz. C’est la rencontre de ma vie. Il dessine comme je l’ai rêvé, comme je vois les choses. Il fait les ajouts que j’aurais voulu. Des relations professionnels comme celle-ci, c’est porteur, comme Tome et Janry ou Goscinny et Uderzo. Sans, pour autant, prétendre arriver à leur hauteur.

Justement, Kenny, il a un dessin melting-pot, non ?
Kid Toussaint :Oui, une sorte de manga franco-belge, une narration 2.0. J’aime sortir de ma zone de confort, j’ai des envies plus mûres. Envie de travailler avec des personnes différentes et incroyables.
Comme Virginie Augustin avec qui je viens de sortir le troisième tome de 40 Éléphants. Elle dit tout ce qu’elle pense, elle est entière et change de style à chaque projet. Ce troisième tome, je l’ai adapté à elle, j’ai collé à son trait. L’histoire est moins complexe que le précédent tome, un mélange de burlesque et de gros polar. Je l’ai écrit d’une traite et j’ai presque regretté de ne pas avoir su l’écrire et m’amuser plus longtemps.

Une série chez Grand Angle.
Oui, et ce n’est plus comme il y a 10 ans. Ils viennent de fêter leurs vingt ans. Il y a du sens de dire qu’on y est à la maison, comme chez Dupuis. C’est une structure familiale, ils défendent le bouquin. Chez certains éditeurs, on réalise le bouquin mais personne ne le vend, c’est dommage.
Quant à Holly Ann ?
Le tome 4 est paru, on ne sait pas s’il y aura des tomes 5 et 6. Stéphane Servain travaille sur un one-shot. On verra ce qui est possible après.
Dans le genre plus adulte, je prépare un western – quel genre excitant – avec Tristan Josse, Le Gecko. À la base, c’était un scénario pensé pour la série « 7 » chez Delcourt : 7 Yankees. Ça ne s’est pas fait, je l’ai donc recyclé. Je me suis inspiré d’une histoire vraie durant la guerre de sécession. Ce sera un diptyque aux relents d’horreur, en deux couleurs : Noir-Blanc.

Une nouvelle série jeunesse d’héroïc-fantasy va aussi voir le jour. L’itinéraire d’une migrante, une petite fille, qui arrive dans un pays plein de richesses mais ne va pas être bien accueillie. J’aimerais aussi faire une romance.
Affaire à suivre. Merci à tous les deux. Kid Noize, rappelons que vous enflammerez le Dôme de Charleroi, ce 27 avril. Les places peuvent être acquises, ici. Votre deuxième album de musique, The man with a monkey face, est également disponible.
Tome : 1 – L’homme à la tête de singe
Scénario : Kid Noize et Kid Toussaint
Dessin et couleurs : Otocto
Genre: Aventure, Fantastique, Science-fiction
Éditeur: Dupuis
Nbre de pages: 62
Prix: 12,50€
Date de sortie: le 25/01/2019