La parole du Chacal de Clarence Pitz est LE thriller à lire absolument en cette fin d’année. Digne des plus grands auteurs de romans du style. C’est une plongée terrifiante et haletante en pays Dogon pour les amateurs avertis de thriller. Un suspense de haut vol en huis clos. J’ai rarement fait nuit blanche pour épuiser un roman mais, ici, les pages vous ensorcellent et vous accrochent avec une force et un rythme qui empêchent toute retenue. On s’abandonne à la lecture, elle vous poursuit jusqu’à la dernière page. ÉPOUSTOUFLANT
C’est le premier roman de Clarence Pitz, auteure belge, dont le talent m’a bluffée. Elle mêle habilement la découverte de la culture dogone et tous les éléments du huis clos dans cette intrigue. Dès le premier chapitre, un compte à rebours s’installe. Il s’égraine au fil des pages et l’ont sait que l’événement est là, tout proche… Pourtant, on ne comprend rien. On se laisse embraquer, emporter, torturer par une intrigue épaisse, des personnages entiers et des secrets dont le voile ne se lève pas facilement.
Mais comment vous transmettre cette urgence à découvrir la parole du Chacal ? Revenons plus traditionnellement à un petit picth…
Claire est la maman de Sacha 10 ans. Ils embarquent, accompagnés de 10 autres personnes à bord d’un avion à Zaventem. Destination prévue : le Mali et son pays Dogon afin d’assister aux cérémonies du Sigui (fête religieuse ayant lieu tous les 60 ans et mondialement réputée pour ses masques). Les Dogons sont un peuple accueillant qui a évolué au contact des touristes internationaux mais qui préserve quelque peu ses traditions afin de pérenniser les visites touristiques…
Seulement voilà, rien ne se passe comme prévu… Le groupe n’arrivera jamais à la destination mais se retrouve coincé, à flanc de montagne, dans un village où les habitants sont loin d’être heureux et accueillants. Un des membres du groupe est décédé sur le chemin… accident ou meurtre…. Et le guide qui dit ne pas connaître ce village et qui, pourtant, semble cacher tant de secrets. Sacha découvre tous les matins des cadeaux au pied de sa paillasse, fruits de visites nocturnes d’un inconnu qui se fait discret…
Au fil du temps, coincé dans la cour d’une maison avec un blessé grave, un cadavre et beaucoup d’inconnues, les personnalités et les aigreurs se révèlent. Au milieu de la moiteur de l’air, de la chaleur épaisse et de l’odeur âcre des latrines toutes proches, la faim, la soif et la fatigue s’emparent petit à petit de tous les membres du groupe… Bientôt d’autres interrogations surviennent et les récits des légendes se mêlent aux disparitions réelles…
Clarence Pitz décrit avec tellement de justesse la puissance de l’Afrique, les rêves d’Européens d’un ailleurs exotique. Elle explique avec tellement de talent comment un huis clos s’installe à ciel ouvert. Comment des adultes, confinés dans la cour d’une case, épuisé par la soif et la faim, déboussolés par le manque de repères s’abandonnent à la passivité en attendant que la solution vienne de l’autre, des autres… Et comment cela les enlise irrémédiablement vers encore plus de noirceur…
Sombre jusqu’à la dernière ligne, il ne faut pas chercher avec la parole du Chacal une fin heureuse et une odeur d’espoir. C’est noir, épais, moite et tordu jusqu’au bout… Et on aime ça. Brillant, excellent, époustouflant, haletant. Un thriller qui mériterait une reconnaissance à grande échelle. Du tout bon suspense.
Titre :La parole du Chacal
Auteure :Clarence Pitz
Edition :Le lys bleu
ISBN : 978 – 2 – 37877 – 199 – 7
Pages : 332
Paru en juillet 2018
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