Certains rêvent de pays ensoleillés, du farniente, d’autres se disent qu’ils iraient bien faire un petit tour au Danemark et tant pis si le ciel est nuageux, les couleurs locales et la langue dépaysante feront le reste. Avec Copenhague, l’irrésistible duo Anne-Caroline Pandolfo – Terkel Risbjerg (lui-même danois, comme son nom le laisse penser) nous guide dans une ville incroyable, pleine de mystère et de secrets, avec de la poésie et un sens de la chorégraphie, du rythme enivrant. Laissez-vous guider par le chant des sirènes, celles dans l’eau qui ont perdu l’une des leurs, celles de la police, qui bloque le pays en guise d’incapacité à faire la lumière sur ce sordide fait divers.
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Résumé de Copenhague par Dargaud : Fatiguée par la vie à deux avec sa fille adolescente, Nana Miller s’envole, sur un coup de tête, pour un petit séjour de rêve à Copenhague, la ville des contes de fées. Son arrivée est bouleversée par une annonce presque irréelle : on a découvert, en plein centre-ville, un corps… Mais pas n’importe quel corps… Le corps d’une sirène ! Le Danemark est en émoi, on décrète un deuil national. Les habitants s’enferment chez eux, les rues se vident, les aéroports sont hors-service. Nana est bloquée loin de sa fille, pour une période indéterminée. Dans son hôtel presque désert, Nana fait la connaissance de Thyge Thygesen, grand farfelu terriblement attachant, qui va devenir son compagnon d’infortune. Détectives de pacotille, ils repèrent un type un peu louche qui traîne sur les lieux du drame. Ils se prennent au jeu, le pistent et se retrouvent embarqués dans une histoire trop grande pour eux. Thyge entraîne Nana au coeur de cette ville de contrastes, entre féerie et modernité.
Ça y est, elle a osé. Nana s’est envolée, sans rien dire. Sa fille a l’âge pour survivre quelques heures sans sa mère. Le temps de s’offrir un peu d’air, un city-trip dans une ville qui a nourri nos légendes européennes mais que finalement – en tout cas dans mon cas – on ne connaît que trop peu, dans l’ombre de la Petite sirène.
Ce nouveau roman graphique de Pandolfo-Risbjerg commence de manière totalement exaltée, un peu comme dans La La Land. Sauf qu’il n’y a pas d’autoroute embouteillée, pas d’automobilistes qui dansent et chantent sur leurs toits. Non, nous sommes en face du Buckingham Palace du coin (l’Amalienborg) et la garde est relevée en fanfare, avec des flûtes, des trompettes. De quoi tout stopper sur son passage, sauf les vélos des livreurs, et notamment le taxi de Nana. L’heure est encore à l’insouciance pour les Danois, mais ça ne va pas durer. Bientôt, la capitale du pays des contes de fées va vivre des heures sombres, paralysée par la mort d’un de ses plus éminents sujets. Elle gisait là, sur la plage, pas de causes naturelles: une sirène. Les hélicos, les voitures de police rajoutent un boxon tonitruant à la pagaille.
Le séjour de Nana ne va pas se passer comme prévu. Mais la mère de famille, un peu flippée tout de même de laisser Joyce seule à Paris, va se laisser embarquer. Il faut dire que le maître de son hôtel, Thyge, n’a pas son pareil pour jouer les guides dans ce Copenhague tout retourné. Tant qu’à faire, avec son esprit de déduction et son sens de l’observation (bon, pas quand il s’agit de ne pas s’allumer une clope dans un taxi non-fumeur) et Thyge, plus connu comme collectionneur de boules à neige que comme fin limier, pourquoi Nana ne mettrait pas son grain de sel? Après tout, la police patine et que l’aéroport ne rouvrira que quand l’enquête sera bouclée. Si Nana veut revoir Paris, elle va devoir s’immerger dans la culture (et la contre-culture) danoise.
Dans cet album tellement généreux (près de 300 planches) et feuilletonesque, qui nous surprend dans l’émotion qu’il amène, mais aussi la poésie, la loufoquerie, les rebondissements, les sensations aussi, le duo si bien huilé fait encore une fois des prouesses, cascades à la clé, avec des humains mais aussi des chiens (rassurez-vous, aucun n’a été blessé pendant la réalisation de cet album).
Au départ d’une galerie de personnages tellement attachants et révélant des facettes insoupçonnées, Anne-Caroline Pandolfo et Terkel Risbjerg réussissent un conte moderne lancé à toute vitesse et qui, en même temps, prend le temps de vivre, avec de vrais beaux moments de légèreté, de jolies bulles graphiques dans lesquelles on pourrait rester des heures. Comme dans les boules à neige de notre ami. Oh oui, Thyge est devenu un vrai ami, comme Nana, qu’on aimera retrouver lors d’une prochaine lecture. Quelle merveille, un scénario malin et un dessin magique et inventif.
À lire chez Dargaud.
La preview :
