Avec l’étincelant et terrifiant Cry Wolf Girl, Ariel Ries sort du bois: quand on crie au loup, que les autres n’en voient pas la queue et que vous êtes bien seul, à vous demander qui a raison

© Ariel Ries chez Kinaye

Mea culpa, nous nous étions un peu perdus de vue avec les Éditions Kinaye, dont nous avions commencé à chroniquer les très prometteurs premiers titres, orientés jeunesse et modernité. Depuis 2019, le catalogue n’a cessé de s’étoffer, souvent avec des pépites. Cry Wolf Girl d’Ariel Ries en est une sacrée!

© Ariel Ries chez Kinaye

Résumé de Cry Wolf Girl par les Éditions Kinaye : « Il était une fois une fille du nom de Dawa. Ayant perdu sa famille à cause d’une maladie, elle avait ressenti un vide dans son cœur qu’elle ne savait pas comment combler. Hélas, de tous ses efforts, rien n’a jamais autant rempli son cœur que l’art… l’art du mensonge. »

© Ariel Ries chez Kinaye

Maison initialement spécialisée dans la bande dessinée américaine jeunesse, pléthorique et méconnue jusque-là dans nos contrées, Kinaye s’est aussi ouvert à des pures créations d’auteurs européens (comme Yohan Sacré, Mélanie Allag, Sourya, Elsa Bordier ou encore Jonathan Garnier), sans limite. Ainsi, c’est en provenance de Melbourne (Ariel Ries est aussi passé.e par le Danemark pour se former à l’animation) que nous vient Cry Wolf Girl. Comprenez « la jeune fille qui crie au loup ».

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© Ariel Ries chez Kinaye

D’abord, elle a ramené une touffe de poils. Les anciens du village lui ont dit qu’elle était lambda. Puis, un soir, autour d’un feu de camp, elle a eu l’impression qu’une bête féroce la guettait au fond des bois. Les signes ont été crescendo, tambourinant dans l’esprit et le coeur de la jeune Dawa. Est-elle vraiment terrifiée ou a-t-elle trouvé là le moyen de faire parler d’elle? De se rendre intéressante? En ayant tout à gagner ou à perdre, d’être une lanceuse de (fausses?) alertes. En tout cas, l’opinion publique, galvanisée par une ancienne légende similaire aux histoires de Dawa, a tranché, elle divague. De toute façon, le chasseur de loup veille au grain. Ça fait une belle jambe à Dawa, bien seule, dans sa maison orpheline. Pendant que la menace se rapproche inexorablement. Boum boum boum.

© Ariel Ries chez Kinaye

Cry wolf girl, c’est une histoire au format traditionnel qui se lit d’une traite et très vite, happés que nous sommes dans cette mâchoire solidement aiguisée et pourtant en papier. Ariel Ries, qui se définit comme auteurice, nous emporte de sa patte qui claque, , dans cette tribu non identifiée en des temps indéterminés, quelque part universels, ce qui renforce le mystère du contexte de ce conte macabre ou lumineux. Bien inspiré qui pourrait nous dire comment tout ça va finir.

© Ariel Ries chez Kinaye

Tour à tour rutilant ou en négatif (blanc sur noir), se déployant comme un storyboard précis et efficace, le dessin nous plonge corps et âme dans cette descente aux enfers, pleine de prouesses graphiques, renversantes. Comme dans ces attaques, en pleines pages, d’une force surhumaine, féroce et spectaculaire. Mais est-ce de l’imaginaire ou des faits réels, de l’insécurité ou un sentiment d’insécurité nourri, d’autant plus nourri par un délire parano? Dawa est perdue, en lutte. Et nous, les yeux écarquillés, on est la proie de mille sensations, entre petite vox intérieur et le discours du nombre qui voudrait que vous vous oubliiez avec vos peurs, vos craintes, vos phobies. Qui croire? Qui ment, finalement? Et personne pour venir vous aider?

© Ariel Ries chez Kinaye

Avec cet album édité dans sa version originale en 2019, Kinaye nous fait découvrir un.e auteurice impressionnant et jusqu’au-boutiste, qui m’a parfois fait penser à la tout aussi incandescente Julie Rocheleau et dont il me tarde de lire d’autres histoires. D’ailleurs, qui sait, ce Cry Wolf Girl pourrait être une très incisive origin-story d’une série bien plus vaste. On attend en tout cas Ariel Ries en 2025 avec son roman graphique Strange Bedfellows (dont voici un extrait juste ci-dessous) toujours édité en français chez Kinaye.

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À lire aux Éditions Kinaye.

Preview de Cry Wolf Girl:

© Ariel Ries chez Kinaye
© Ariel Ries chez Kinaye
© Ariel Ries chez Kinaye
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