Petits donjons et grands dragons, que peut faire l’infiniment petit face à l’immensément fantasy de Cinzia Di Felice dans Peccadilles?

© Di Felice chez Kalopsia

Toutes les légendes traversent l’Histoire quand elles sont écrites dans des bouquins. Celle de Cinzia Di Felice, en tant que disegnatrice di fumetti comme on dit dans sa langue maternelle, a commencé à l’aube des années 2000, aux cultes Éditions USA. Outre importer des licences comics dans nos contrées, cette maison a aussi contribué à lancer quelques auteurs franco-belges. Et italiens. Comme Cinzia Di Felice qui y fit paraître une première carte de visite pleine de créatures mythiques supportant des morales bien humaines. Ça s’appelait, à rallonges, « Dragons… Amazones, Géants, Sorcières, Lamas, Yétis, Barbares, Mouches & la Mort ! ». Ramené à Peccadilles – comprenez selon Larousse « Petits péchés sans gravité ; fautes légères » -, voilà cette somme d’histoires courtes remasterisée et augmentée. Du pur bonheur. Magnétique et féerique mais attention aux pièges.

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Résumé de Peccadilles par les éditions Kalopsia : Peccadilles est un recueil de 8 histoires courtes dans un univers fantastique. Chacune d’entre elles met en scène avec humour des personnages hauts en couleur sur le thème de l’expérimentation, de l’échec et de la persévérance. «Le dernier dragon», «L’attente», «La princesse et l’abruti», «Petit scarabée», «La belle est bête», «C’est juste un jeu», «Une fille nue assise sur un arbre peut en cacher une autre…», «La mort te va si bien». Les maladresses des personnages sont autant de comptines riches en enseignements qui ne manqueront pas de vous faire sourire.

Les histoires courtes peuvent avoir la vie dure et longue! Certains mini-récits ou histoires courtes complètes des journaux Tintin ou Spirou, sans parler de Métal Hurlant, ont ainsi marqué durablement la rétine de leurs lecteurs. Puis, quoi de mieux, pour commencer un destin dessiné, se tester et tester son audience, que d’aligner des histoires de quelques pages, riche en ambiance et en univers.

© Di Felice chez Kalopsia

En 1998, c’est dans cette voie que le visionnaire Fershid Bharucha (fondateur des Éditions USA) a dirigé l’autrice italienne Cinzia Di Felice. Avec succès. Vingt-cinq ans après, on en parle encore et les éditions Kalopsia ont décidé d’offrir une cure de jouvence à cet album intemporel, suspendant le temps et les destins.

© Di Felice chez Kalopsia

Car les héros imaginés par la dessinatrice – une poignée d’hommes et beaucoup de femmes – ne sont pas à l’abri de revers et que leur histoire finisse mal. Pour le plaisir des lecteurs, qui s’amusent de voir ces guerriers et guerrières (des princesses aussi) se perdre… mais qui ont intérêt à en tirer des leçons pour ne pas subir les conséquences.

© Di Felice
© Di Felice chez Kalopsia

Aussi lointains et merveilleux/machiavéliques nous semblent ces mondes et ces monstres – dans la galaxie d’un Tolkien ou d’un Frazzeta -, Cinzia Di Felice se divertit, tout en prouvant toutes ses compétences à fasciner, tout en mettant en situations quelques maux de notre société, ses péchés capitaux. Désir de jeunesse, chasse aux trésors, quête de pouvoir inassouvissable, choses qu’on demanderait à une personne sous notre coupe mais auxquelles on ne se risquerait nous-mêmes jamais. Naturellement, ici, pas de buildings, pas de voitures, mais de vastes étendues pleines de mystères à parcourir à pied et armé d’une lance.

© Di Felice chez Kalopsia
© Di Felice chez Kalopsia

Avec quelques héros marquants et badass comme il se doit, Cinzia Di Felice joue sur l’échelle des tailles, passe du minuscule au gigantesque, en se servant des suspenses de fin de planches et d’un découpage soigné et malicieux. C’est sexy et infernal, mais toujours en beauté et avec une sacrée maîtrise qui n’a rien perdu de son efficacité avec le temps. Je ne connaissais pas cet album, je ne sais pas si Kalopsia l’a sorti d’un quelconque oubli, mais en tout cas il mérite de vivre longtemps.

© Di Felice chez Kalopsia

Comme sa dessinatrice Cinzia Di Felice mériterait de trouver une série bien éditée et rencontrant le succès. Ce qui lui a manqué jusqu’ici malgré des histoires sensass’ comme Oliver & Peter. Elle est encore trop méconnue malgré son intense et passionnant talent dans le dessin comme les couleurs tissées d’or et de pierres précieuses.

© Di Felice chez Kalopsia

À lire chez Kalopsia. Avis aux amateurs, des planches, originaux et crayonnés sont aussi en ligne sur le site de Kalopsia. Pour le plaisir des yeux (attention aux spoilers quand même si vous n’avez pas encore lu l’album) et des acquéreurs qui peuvent contacter l’éditeur.

© Di Felice chez Kalopsia
© Di Felice chez Kalopsia

© Di Felice chez Kalopsia
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