
Hé oui, à film événement, produits dérivés édifiants. Et la BD n’est jamais en reste pour accompagner les grands rendez-vous, comme le Tour de France, la Coupe du monde (et ses différentes équipes officielles) mais aussi un blockbuster français comme Les trois mousquetaires. Et si le roman d’Alexandre Dumas a déjà fait l’objet de plusieurs adaptations (citons celle, qui voltige, de Jean-David Morvan, Michel Dufranne et Rubèn), l’adaptation pour le grand écran – on aurait dit le petit – de Martin Bourboulon (avec François Civil, Vincent Cassel, Romain Duris et Pio Marmaï dans les rôles-titres) s’accompagne non pas d’un mais de deux albums plus ou moins officiels: un manga fait par des frenchies (dont David vous parlera) et un album au format franco-belge réalisé par Gilles Rochier, Fabrice Erre et l’inévitable et dépotante Sandrine Greff aux couleurs. Un album officiel, vraiment? Si la couverture se compose comme l’affiche du métrage français, dès le premier coup d’oeil (avec des gros yeux), le ton est donné, libéré.

Résumé de Casterman : On connaissait Les Trois Mousquetaires nimbés d’aura d’honneur et de prestige… les revoici dans une savoureuse parodie prêts à enchaîner les gags et les gaffes. Ici d’Artagnan se livre volontiers au breakdance Porthos ne songe qu’à manger, tandis que Milady et le Cardinal se montrent plus sournois que jamais… Avec leur sens du loufoque et de l’absurde, et pas mal de clins d’œil à la pop culture, les auteurs de cet album d’humour dans la tradition franco-belge nous font rire à chaque page… rappelant aussi que pour Alexandre Dumas (1802 – 1870) l’auteur des Trois Mousquetaires l’écriture de ce roman au succès international n’a pas toujours été de tout repos !

Sur la toile, la grande amitié des trois-quatre mousquetaires démarre sur un duel et s’émancipe en grand champ de bataille avec les hommes de Richelieu. « La lutte était terrible et je ne voyais que des ombres, Tranchant l’ennemi qui revenait toujours en surnombre. » C’est vrai, on aurait pu avoir la Tribu de Dana comme bande-son de cette baston.

Alors, vous pensez bien que les quatre lascars auraient pu rire au nez de Fabrice Erre et Gilles Rochier. Un pauvre duo pour retourner les quatre mousquetaires, les faire tourner casaque, voyez-vous ça? Aucune chance! Et pourtant.

Sous le macaron La BD (presque officielle du film), Fabrice Erre retrouve avec joie l’univers de la parodie, servie à point comme avec Z comme Don Diego, Guide Suprême ou autre Coluche, président, et un compagnon qui n’a pas sa langue en poche. Et ces deux fines lames de l’humour de faire mouche à chaque instant. Là où le film m’a semblé être trop chapitré, nos deux auteurs de BD (tous les deux aussi à l’aise dans le rôle de scénariste ou celui de dessinateur) jouent la carte du strip, de la page de gag à fond. Ce qui leur permet d’explorer l’intrigue et ses épiphénomènes et de nous exploser de rire. Puis, les trublions s’intéressent à chaque personnage, les isolant (même Dumas – et son nègre? – à l’oeuvre pour écrire ce feuilleton) pour mieux leur en faire prendre pour leur grade.

Si le duo Rochier-Erre saisit et détourne les codes originels de cette histoire de légende, il n’hésite pas à aller piocher dans d’autres registres : Star Wars, Break Dance, Jul (et son signe, nettement mieux négocié que son imposition dans le Astérix avec Jul « Vincent Cassel » César), Karl Lagerfeld, les vareuses sportives, etc. Il y a plein de trouvailles dans les mots et les détails du dessin. Le melting-pot fonctionne du tonnerre et le style Erre, irrévérent jusque dans les gros plans disgracieux sur les visages des héros en pleine (in)action, envoyant du lourd et de la voltige (animer une épée, c’est quand même vachement cool quand on peut disposer de l’effet stroboscopique, spécialité de la BD, souvenez-vous Haddock). Il y a là la légèreté, la fantaisie qui nous a tant manqué dans l’oeuvre de Bourboulon. Et ce qui va droit au coeur, c’est ce décalage entre des personnages qui se prennent au sérieux, n’hésitent pas à être badass (plus que dans le film, là encore), et un propos qui nous invite à nous rouler par terre. Péter un coup, ça aide, le tout sans rien perdre de la fièvre des combats au corps-à-corps et de l’éloquence. La botte se secrète Rochier-Erre est infaillible. Irrésistible. Au moins le coup dans l’eau fait par le film aura-t-il permis ce régal! Porthos a de quoi être repu! Un pour tous, tous pour rire. Nul doute qu’une deuxième salve de gags arrivera avec le second film, en décembre.

À lire chez Casterman.





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