Tous en bateau #4 Maudite baleine de Walter Chendi, les ambiances, les sensations, l’attente et l’urgence de ce mal de mer et de guerre

On aurait pu y intégrer La mort de Spirou, c’est vrai, voilà un nouveau topic sur le thème de la mer et des frêles ou fortes embarcations qui y naviguent, en proie au vent, aux intempéries mais aussi aux remous inégalables des hommes. Fin du voyage dans ce topic, dans un album singulier de Walter Chendi. Vous n’êtes peut-être pas prêt au choc procuré par cette maudite baleine!

© Chendi

Résumé de l’éditeur : Giovanni est un marin traumatisé. Son vaisseau a subi de lourdes pertes et il a vu ses camarades mourir. Si son corps a guéri de ses blessures, il ne dort plus et fait des cauchemars éveillé. L’état-major l’affecte à une mission secrète à bord d’un vaisseau fantôme : un paquebot, fraîchement sorti des chantiers navals est mis en sécurité dans un bras de mer. Il y est affecté comme cuisinier. Le capitaine l’accueille et lui révèle certains secrets du bord qu’il doit jurer de garder sous peine de « disparaître ». Une partie du bâtiment lui est interdite, mais il va toucher deux soldes : la sienne et celle d’un marin disparu… Petit à petit, il comprend le fonctionnement à bord et découvre des passagers inattendus.

Terminons par une BD d’auteur, inclassable et sensorielle, nourrie par un fait réel (on l’apprend en fin d’album) pour partir dans tous les sens. Maudite baleine de l’Italien Walter Chendi (a priori, sa première incursion sur le marché francophone) est un album exigent mais qui, si on mord à l’hameçon, convertit sa curiosité en une réelle et passionnante singularité, peuplé de personnages bizarres, décapés par une guerre immonde qui fait peu de cas des humains, qu’ils soient sur terre ou en mer. Ou à l’hosto, plus mort que vif? C’est en tout cas au chevet d’une claustrophobie stérilisée, dans la peau d’un personnage dans le coton qu’on se réveille, s’éveille à ce récit qui passe entre souvenirs et conscience d’un moment présent douloureux.

© Chendi chez Mosquito
© Chendi chez Mosquito

Très vite, on est mis dans l’ambiance post-apocalyptique, celle d’avant l’hospitalisation, quand survivre est un mal pour un bien, quand on se retrouve avec de la cervelle, des boyaux et d’autres parties de corps plus ou moins identifiables sur le pont devenu rouge sang. Hallucination morbide, Giovanni a même cru que ces vestiges des pauvres marins morts au combat lui parlaient. Rapatrié, Giovanni voit sa trêve être de courte durée, sa nouvelle mission l’envoie à bord de l’Accadia, au large d’un petit village très spécial. De quoi préparer notre héros à une ambiance pas plus franchouillarde une fois sur l’embarcation dont le positionnement et la mission ont tout d’un mystère. Et s’il y avait un trésor? En attendant, on l’a fait comprendre à Giovanni, c’est une place de planqué.

© Chendi chez Mosquito
© Chendi chez Mosquito

Planqué, planqué, toujours est-il que Giovanni va devenir le cuisinier de l’équipage. Un rôle qui lui permet d’aller faire des courses sur le continent mais aussi de voyager dans le bâtiment flottant, de l’explorer, d’aller de surprise en surprise tandis que la violence ne se calme pas en dehors de cette bulle, pas forcément à l’abri. Une mouette fait le lien entre les différentes parties de ce récit qui joue sur les tableaux, les ambiances, les sensations, l’attente et l’urgence.

© Chendi chez Mosquito
© Chendi chez Mosquito

Dans la veine d’un Gess, Walter Chendi se montre inventif, dans le dessin, les mots-nomatopées, le découpage, la manière de faire vibrer les cases sous les coups de canon ou dans l’attraction de deux amants qui tentent de suspendre le temps menaçant. Les couleurs sont très réussies pour visiter les lieux et les heures du jour et nous mener à un final dantesque, éprouvant, totalement absorbant. Cauchemar, fantasme, il n’y a qu’un pas.

© Chendi chez Mosquito

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