
Héhé, c’est peu dire que les Spiderman, Batman et autres Doctor Strange trustent à l’année les écrans de cinéma en ne laissant que des miettes à leurs concurrents. Pas toujours parfaits (c’est un euphémisme quand on sait combien d’intervenants peuvent parfois avoir leur mot à dire sur de tels blockbusters), ces films connaissent parfois une seconde carrière au cinéma dans des versions longues appâtant le chaland avec des scènes coupées, gardées sous le coude pour de bonnes ou de mauvaises raisons. Il y en a d’autres, des scènes inédites, beaucoup moins divulgables, rassemblant les super-élucubrations de ces justiciers possédant aussi leur face sombre et gaffeuse. Celles-là finissent à la poubelle, sous cadenas, pour ne pas briser les réputations et ne pas faire peur aux communs des mortels qui espèrent encore leur salut de l’intervention d’un Avenger ou d’un membre de la Justice League. Mais le masque tombe, les trublions Ced et Stivo ont mis la main sur ces fichiers secrets. Ça va vous changer et faire mal. Pas besoin d’ennemis quand on a des justiciers pareils.
Résumé de l’éditeur : Un grand pouvoir implique parfois un grand n’importe quoi !


Petit préambule avant de continuer cette chronique : il n’est pas certains qu’aucun animal (on pense à l’homme fourmi, le spider-cochon), végétal (Groot) ou surhomme (ou femme) n’ait été blessé dans cette histoire… ou plutôt ce recueil de gags très concis et expéditifs.

Dans des trombes de sang. Mais que les parents se rassurent – ceux qui ont par exemple été obligés d’offrir à leurs enfants un Hulk en doudou et un marteau de Thor pour jouer au jardin -, s’il y a des têtes qui tombent, des corps qui explosent, des squelettes électrifiés, les auteurs préfèrent à l’ultra-réalisme, le trash cartoon, comme on peut le voir dans un Kid Paddle ou un I Hate Fairyland, par exemple. De quoi décomplexer la violence et la rendre complètement décadente. Tout en permettant d’y aller à plein gaz.

« Du sang, des boyaux, de la rate et du cerveau, je mets ça sur ma tartine, ça me fait des vitamines », la chanson scoute semble être devenue la devise de ces super-zéros et, pour tenir la journée face aux super-vilains, ils ont l’air d’avoir besoin de beaucoup de ces tartines dégoulinantes. On ne change pas une équipe qui gagne, Ced et Stivo font ce qu’ils font de mieux: grossir le trait et la caricature et bébêtifier un univers qui, sous ses airs cool, aime se prendre au sérieux. Dans Marvelouze, tous les personnages iconiques de ces dernières années, en prennent pour leur grade et se font tailler un sacré costard et slibard. Plutôt concentrés sur l’univers (multivers) cinématographique que sur les comics, Ced et Stivo refont le montage des films façon Deadpool’s cut.

Bon, pas besoin d’avoir vu tout de la toile étendue par Marvel, dans ses moindres détails, mais avoir vu les films fondateurs de grands bouleversements est un plus pour profiter pleinement des blagues déjantées et iconoclastes du duo terrible qui fait plus de mal à cette super-bande en une somme de petits strips qu’en des dizaines de films. Sulfateuse powaaa!

Avec, en plus, une savoureuse autofiction en guise de scène post-générique qui montre aussi que Ced et Stivo sont tout aussi barges que les héros qu’ils rabaissent à leur stupide humanité.

Titre : Marvelouze
Tome : 1
D’après le multivers de Marvel
Scénario : Ced
Dessin et couleurs : Stivo
Genre : Gag, Fantastique, Parodie
Éditeur : Jungle
Nbre de pages : 128
Prix : 15€
Date de sortie : le 05/05/2022
Extraits :