Du 11 au 17 juillet prochain, après deux années de silence insoutenable, le site de la plaine aux éoliennes, qui accueille le Dour Festival, va enfin revibrer aux sons d’artistes provenant des quatre coins du globe et il va denouveau trembler sous le rythme des mouvements de festivaliers qui ne connaissent pas le sens du mot frontière. Pour cette édition des retrouvailles, les organisateurs ont opté pour un format XXL plein de surprises. L’équipe de Branchés Culture est allé à la rencontre du programmateur Dourois Mathieu Fonsny pour en savoir plus sur cette édition 2022 du Dour Festival.
Bonjour Mathieu,
Pour débuter cette entrevue, nous aimerions avoir votre ressenti face aux annulations des éditions 2020 et 2021 du Dour Festival. Comment avez-vous vécu cela, quand on sait l’investissement en temps et en énergie que ce festival représente pour vous ?
On ne va pas se le cacher: ce fut deux années de tristesse et de déception. Surtout quand on connait le temps passé à travailler et l’attente que représentaient ces deux éditions. On s’est dit « tout ça pour rien… ».
Quand il y a eu des lois et des assouplissements permettant d’organiser des festivals, assis puis debout, avec 5000 personnes maximum, on avait conscience que cela ne serait pas faisable à Dour.
Le site de la plaine aux éoliennes est un lieu totalement vide que l’on construit entièrement. Les coûts fixes sont donc relativement importants. Cela explique que les charges auraient été bien trop lourdes par rapport aux faibles rentrées que de telles éditions auraient pu générer.
Puis, Dour c’est l’Amour. Le festival est une communauté internationale où l’on vit tous ensembles. Une édition clivante et avec des frontières était impensable pour nous.

Quelles sont vos sensations maintenant que l’édition 2022 est une réalité palpable qui se concrétisera dans une poignée d’heures ?
Je suis vraiment surexcité. J’attends l’ouverture du campfest avec impatience et je ne parle même pas de mon ressenti face à mercredi !
Je me réjouis de voir et de parler avec les festivaliers. Je sais que l’on va vivre une fête qui fera date dans l’histoire du festival.
Je reste un festivalier avant tout autre chose et comme les dizaines de milliers de personnes qui vont fouler la plaine aux éoliennes, j’attends cet événement depuis trois ans maintenant. L’état de folie et de surexcitation sont à leur paroxysme.
On va enfin relâcher la pression à fond en buvant une bonne bière et en faisant une fête digne d’écrire de nouvelles lignes de la légende du Dour Festival.
En 2019, Dour Festival rimait avec innovation.
Le mercredi, le festival était inauguré par 4 curateurs de scène: Amélie Lens, Bonobo, Salut c’est cool et Roméo Elvis avaient accepté le défi que vous leur aviez lancé et ce fut une belle réussite.
La plaine aux éoliennes vit la caverne se muer en salle polyvalente et un metal day fut mis sur pied.
La Rockamadour, qui avait été instituée l’année précédente, fut pérennisée et la parité au niveau des artistes programmés fut encore amplifiée.
Pour l’édition 2022, exit le metal day et la salle polyvalente, et place au Dour XXL, au campfest, à la chaufferie et à la carte blanche de Nyege Nyege.
Pouvez-vous nous parler de toutes ces nouveautés et de l’origine de ces innovations ?
Avec l’équipe, on voulait offrir un cadeau exceptionnel aux festivaliers pour tenter d’oublier les deux années d’absence. Les réflexions portaient sur de nombreuses possibilités.
On se demanda si une tête d’affiche supplémentaire ou si une scène étaient à la hauteur pour devenir des cadeaux inoubliables.
Puis, on se concentra sur les fondamentaux et l’idée vint naturellement, le campfest qui se tiendra en préambule du festival.
Dour étant un lieu de partage, son camping en est le symbole par excellence. Le campfest devrait donc être le cadeau parfait. Ce dernier a été pensé comme une expérience totale permettant de se retrouver en jouissant d’activités exceptionnelles et de scènes typiques de ce que Dour a toujours offert à ses festivaliers.
La seconde nouveauté est la Chaufferie. Cette scène peut être vue comme la petite sœur de la Balzaal. La Chaufferie est un lieu pour vivre une immersion totale avec des musiques plus vives et plus extrêmes. La musique expérimentale et les sessions de dub live y feront légion. De la techno encore plus rapide y résonnera. Et Nyege Nyege y recevra un carte blanche pour y faire connaître ce que l’Afrique de l’Est a de plus avant-gardiste à vous faire découvrir.
Kiosk programmera aussi totalement la Rockamadour. Après un travail commun, nous leur avont laissé une liberté totale.
Enfin, le Square prendra place au cœur du festival: un espace relax, proche du concept du bar du petit bois, où des conférences et des émissions radio live prendront chaire.
Dour continue d’affirmer ses valeurs paritaires en proposant une place toujours plus importante aux artistes féminines. Des grands noms comme Angèle et Amélie Lens ou des groupes moins connus comme Women Soldier sont proposés un peu partout dans la programmation. Est-ce un phénomène qui s’amplifie suite à une tendance contemporaine ou est-ce une véritable volonté d’accentuer vos valeurs aux travers de la programmation ?
C’est quelque chose de très naturel pour nous, les programmateurs du Dour Festival. Il y a plus ou moins 35% d’artistes féminines cette année.
On pourrait même faire mieux mais il est très compliqué de trouver des femmes dans certains styles musicaux.
À la base, il y avait encore plus d’artistes féminines dans la liste de talents potentiels mais, malheureusement, on a aussi beaucoup de refus.
Le cas d’Angèle dépasse largement cette volonté de mettre en avant des artistes féminines. On est très heureux de l’accueillir sur la plaine aux éoliennes.
Angèle est plus qu’une chanteuse que l’on peut cataloguer comme artiste pop ou de variété. Elle coche un nombre de critères très importants pour être programmée à Dour.
À ses débuts, elle était en première partie de Damso et, maintenant, elle fait rayonner la Belgique en l’exportant à la manière d’un Stromae.
Elle nous a dit qu’elle voulait venir à Dour. Elle prend le risque et ça nous donne encore plus de respect pour elle. C’est une grande artiste belge avec qui on partage beaucoup de valeurs et on est heureux de pouvoir la mettre à l’honneur. Elle sera la première artiste féminine belge tête d’affiche à Dour.
L’un des caractères principaux de Dour était le fait que les festivaliers pouvaient y entendre des artistes provenant de tous les styles musicaux majeurs. Pourtant, cette année, le Rock et le Metal semblent totalement absents de la programmation. Comment cela se fait-il ?
Il est vrai qu’il n’y a pas de Metal à Dour cette année. On doit repenser la formule pour lui redonner une véritable place.
Le fait de devoir imaginer une nouvelle manière de l’intégrer au programme n’est pas la cause majeure de son absence.
Les deux années d’annulation du Dour Festival ont fait que nous avions énormément d’artistes à reprogrammer. C’est la véritable raison qui nous a fait mettre le Metal de côté.
Par contre, le Rock est bien présent au sein la programmation de cette édition de Dour. Il y a pas mal de groupes acoustiques.
Le problème est que l’on n’a pas, comme à notre habitude, une vraie tête d’affiche Rock pour mettre en lumière ce style musical. De ce fait, il faut éplucher minutieusement le programme pour y retrouver ces pépites qui se cachent au milieu de 250 noms. Je peux aisément citer Black Midi, Black Country New Road, Los Bitchos, Parcels et ou Edouard Van Praet qui sont quelques des talents qui possèdent de bons morceaux qui regorgent de riffs de guitare.
Merci à vous, Mathieu, pour le temps que vous avez consacré à cette interview. Il ne nous reste plus que vous souhaiter un bon Dour 2022.
La programmation complète du DOUR FESTIVAL 2022
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