Les contes de fée rattrapent la réalité et Katherine Quenot et Miss Prickly s’y collent une nouvelle fois. Pour la troisième salve de leurs histoires de princesses et de princes moins charmants que désarmants. Cette fois, place à Horace et Mathilda, chacun dans son royaume confronté à des problématiques très universelles et ne donnant droit à aucun privilège : la propreté, la prise de poids et, encore et toujours, surtout, le regard des autres, à suivre ou pas.


Résumé de l’éditeur : Depuis le départ de la reine et du roi, un désagréable fumet se propage dans le royaume d’Ouche… La Cour s’interroge : le prince aurait-il cessé de se laver ? Mais Horace nie : il jure que, chaque jour, sa toilette est faite. Pourtant, l’odeur nauséabonde se propage dans le palais… Cela doit cesser : la princesse Angèle d’Ouche mène l’enquête au pied lavé… euh, levé !

Résumé de l’éditeur : Dans le royaume de Kilominion, toutes les femmes sont fortes et épanouies, et les hommes costauds et assurés. Et la princesse Mathilda et son hamster, Dindidodu, aux belles joues joufflues, font honneur à leur réputation. Toutefois Erika, sa grande sœur, ne voit pas les choses de la même façon : selon elle, tout ce qui est maigre est mignon… mais Mathilda ne l’entend pas ainsi : il est hors de question de faire un régime ! Elle se sent bien dans sa peau, et elle est replète, euh, prête, à défendre son point de vue et celui de tous ceux dont on se moque pour leur physique. Halte à la pensée et à la silhouette uniques !

Y’a pas qu’Harry et Meghan, dans la vie. Et si certaines filles aiment afficher qu’elles sont des princesses sur leurs sacs de courses ou leurs murs Facebook, pourquoi les enfants ne seraient-ils pas tous des princes et des princesses, à faire grandir et évoluer pour qu’ils règnent au mieux sur leur monde et leurs choix. Pas besoin de couronne ni d’habits d’or, juste d’un peu d’imagination et d’ouverture au monde, pour décoincer ces têtes couronnées de leurs pieds d’argile.


Avec Horace et Mathilda, Katherine Quenot et Miss Prickly continuent leur oeuvre rigolote (parce que dans un livre jeunesse, on peut mettre la dose surpuissante de jeux de mots et d’humour) mais aussi émancipatrice pour les têtes blondes surmontées ou pas d’une couronne. Triant le bon grain de l’ivraie, à l’aide d’une petite fille, dans un monde de vikings affûtés (oui, les deux auteures ne prennent pas toujours les mêmes décors et châteaux et voyagent pour faire l’état des lieux d’un monde de fée mais aussi modernes), à qui l’ont fait ressentir qu’un régime s’imposerait peut-être, et d’un garnement qui, profitant de l’absence de ses parents, décide d’autorité que plus jamais il ne prendra de douche, parce que ce n’est pas cool et que c’est une perte de temps.


L’encouragement à être soi-même a peut-être ses limites et les deux raconteuses aiment prendre le contre-pied des situations de départ, quitte à prendre la défense de leur héros ou à lui jouer un tour de cochon (dans lequel il trouvera son comte tout de même, bien plus qu’à son tour). Dans cet imaginaire désuet ramené au goût du jour, parce que finalement intemporel, Quenot et Prickly réussissent à ne pas toujours donner raison aux enfants mais dégagent aussi les vrais combats à mener pour que notre société soit meilleure et cesse de répandre des codes publicitaires. Le trait animé et bon enfant de Miss Prickly, déclinant une galerie de personnages (gens du palais, savons et balances), est toujours aussi savoureux.


Titre : Les princesses aussi sont dodues / Les princes aussi détestent se laver
Livres illustrés jeunesse
Scénario : Katherine Quenot
Dessin et couleurs : Miss Prickly
Genre : Conte, Humour
Éditeur : Glénat Jeunesse
Nbre de pages : 32
Prix : 11€
Date de sortie : le 03/03/2021