Inhumain: la conquête de l’espace perd le contrôle sur une île vertigineuse et volcanique, tentaculaire et préhisto-évoluée

Revenir au début ou revenir à la fin ? Dans leur odyssée de l’espèce, à l’heure du dernier contact, Denis Bajram, Valérie Mangin et Thibaud De Rochebrune nous prennent de court et renversent nos convictions, nos envies (ou pas) de trouver quelque chose là-haut, quelque part dans l’univers. Et si le meilleur que nous puissions faire était de retrouver l’instinct sauvage, naturel? En faisant se crasher le vaisseau d’un petit équipage, le trio d’auteurs livre un survival dont les protagonistes se dispersent à mesure que le temps passe, mais ne s’empêche pas de semer le doute et la volonté d’éclairer nos comportements.

© Bajram/Mangin/De Rochebrune chez Dupuis

Résumé de l’éditeur : Dans un moment de folie, un petit vaisseau spatial en mission d’exploration s’écrase sur une planète océan inconnue. Heureusement des sortes de pieuvres géantes aident les cinq rescapés à remonter à la surface et à rejoindre la seule île à l’horizon. À leur grande surprise, ils sont accueillis sur le rivage par des humains aussi primitifs que bienveillants. Si ces hommes et femmes au sourire figé se révèlent être cannibales, le plus inquiétant reste leur totale docilité. Les naufragés sont-ils condamnés eux aussi à se soumettre à la volonté du mystérieux Grand Tout ?

© Bajram/Mangin/De Rochebrune chez Dupuis
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N’y a-t-il vraiment que les pieuvres, trop vite jugées comme ennemies pourtant, sur lesquelles compter ? Toujours est-il que quand le vaisseau venu de la Terre s’est échoué façon Titanic sur cette autre planète bleue, semblant ne compter qu’une toute petite île dans le vaste océan, la capitaine, Ellis, Tafsir ou encore Hiroshi n’auraient jamais eu le temps et le souffle d’atteindre la surface s’ils n’avaient pu compter sur ces étranges animaux que l’on dit extraterrestres. Oh, sur terre, les hommes et femmes, semblant redevenus indigènes préhistoriques tout en gardant l’évolution du langage, avaient l’air sympathique. Mais c’est parce qu’il faisait jour, qu’ils étaient tout acquis à leur cause, le Grand Tout. Car la nuit, c’est l’horreur qui guette, les pulsions cannibales de ces drôles de gens.

© Bajram/Mangin/De Rochebrune chez Dupuis
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Pas le temps de comprendre comment ils sont arrivés là, s’ils y sont nés ou qu’ils étaient eux aussi des naufragés, les explorateurs vont devoir lutter pour survivre, s’enfuir, mais aussi contre l’étrange mal qui se propage et contamine même parmi les nouveaux venus. Poussant ceux qui en sont les victimes à rallier les prolétaires du Grand Tout. Rassembler les algues, trier l’eau et le sel. À la faveur de la nuit, les membres de l’équipe encore sains (pour le moment) suivent la piste d’un voleur de sel qui va les emmener dans les profondeurs de l’île, découvrant d’autres fractions de cet étrange peuple, acquis à d’autres tâches tout aussi inutiles en apparence et inquiétantes. Qui ou quoi est le Grand Tout ?

© Bajram/Mangin/De Rochebrune chez Dupuis
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En 94 planches, sur le scénario du couple Mangin/Bajram qui lui laisse tout le loisir de livrer sa meilleure partition à ce jour, avec de grandes images entre ombres opaques et lumières aveuglantes, semant le vertige, Thibaud De Rochebrune nous entraîne dans cette île dont le volcan ne s’est jamais endormi, ce planet opera (l’argument marketing bien trouvé par ActuSF et pas mensonger qui figure sur l’autocollant apposé sur la couverture saisissante), avec force et contempl’action. Plus loin que le ciel, la mer et le sable, les trois auteurs se font tout-terrain pour exploiter jusqu’au bout cette idée de castes asservies par une autre volonté que celle toute (in)humaine.

© Bajram/Mangin/De Rochebrune chez Dupuis
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Pour une fois qu’il y a du neuf sur la terre, que l’Homme n’est pas/plus responsable de tous les maux. À moins que? Et qui alors ? La réponse est sous nos yeux et pourtant elle ne se dévoile que quand les auteurs l’ont décidé, au terme d’un lancinant suspense réveillant les doutes et les envies de mieux écouter ce qui nous entoure. Une fois le sortilège révélé, j’ai paradoxalement été un peu déçu de sa simplicité, de son ultra-réalisme en fait, mais c’est un récit à la fois inquiétant et inspirant, fou et original, que les auteurs réussissent. Une histoire qui laissera de son encre dans nos mémoires.

© Bajram/Mangin/De Rochebrune chez Dupuis
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Titre : Inhumain

Récit complet

Scénario : Denis Bajram et Valérie Mangin

Dessin et couleurs : Thibaud De Rochebrune

Genre : Drame, Horreur, Science-fiction, Survival

Éditeur : Dupuis

Collection : Aire Libre

Nbre de pages : 104

Prix : 24,95€

Date de sortie : le 02/10/2020

Extraits :

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