Qui a dit que les oeuvres d’horreur et/ou fantastique n’existaient que pour un public averti. S’il est évident que certains films, romans ou BD (ce qui nous intéresse cette fois) sont réservés aux + de 16 ans aux tripes bien accrochées, des auteurs malicieux n’ont pas résisté à savamment procurer les premiers jump scares de leur vie à des enfants. Scooby-Doo mais aussi Toy Story ou L’étrange Noël de Monsieur Jack en ont joué, sans parler d’Harry Potter. Aussi, de plus en plus d’albums de BD n’hésitent pas à faire appel à des procédés un peu flippants pour initier les têtes blondes aux têtes de mort et consorts. Monstres, zombies, sorciers et aliens à la clé.

La petite souris est passé au temps des mitaines et elle a mis un beau cauchemar sous l’oreiller

Résumé de l’éditeur : Le Temps des Mitaines, c’est un peu comme le Club des 5 ! Et dans ce club, Pélagie, c’est la copine souris attachante et pénible à la fois, souvent à côté de la plaque. Or une entité extraterrestre invasive-agressive s’écrase sur Terre et transforme les habitants en bébés zombies. Comme à son habitude, Pélagie traversera cette aventure en effectuant brillamment les choix les plus débiles possibles avec une constance qui force l’admiration. Une nouvelle histoire qui fait frissonner de peur et de rire !

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La deuxième chance fut la bonne et Dargaud (mais aussi Urban qui vient de publier consacré aux origines de la saga) a bien fait de miser sur le potentiel magique de Loïc Clément, Anne Montel et leurs créatures. Après deux albums republiés, la joyeuse bande, qui va une nouvelle fois avoir l’occasion de se faire du mouron, revient pour un troisième album complètement inédit. Dans La nuit des croque-souris, dans le même décor que précédemment (la sympathique école et l’intrigant petit village), c’est à un genre encore une fois différent qu’Arthur, Kitsu, Pélagie et les autres vont être confrontés. À en frissonner.

Quand certains filent le parfait amour, d’autres en ont le chagrin quitte à faire des bêtises, à être imbuvables et à se consoler de leur impopularité avec un ami imaginaire. C’est ce que va faire Pélagie. Enfin, l’ami imaginaire va vite devenir le pire cauchemar de toute la petite communauté et la contaminer de ses longues dents d’une envie de meurtre et de sang. La menace extraterrestre risque bien d’anéantir toute humanité (ou animalité) ici-bas.


Loïc Clément et Anne Montel continue de jongler avec bonheur et intelligence avec les références dans cette nouvelle aventure. Cette fois, il en va des chefs-d’oeuvre du génial Don Bluth, de la chanson Formidable (moins Stromae qu’Aznavour dans le bec d’un corbeau de mauvais augure et complètement chtarbé), de Retour vers le Futur ou encore d’Alien et Lovecraft. En 78 pages, les deux auteurs procurent une nouvelle fois une série de petits bonheurs et de grandes frayeurs sans jamais perdre de vue leurs héros, de les faire changer, mûrir et évoluer. Car c’est de la vie dont il est question avant tout. La belle vie qu’on souhaite longue et riche en aventures à nos désormais petits amis.

Le Cercle de Providence, the Lovecraft Experience

Résumé de l’éditeur : Francis est un adolescent comme les autres qui vit dans la petite ville de Providence. Avec son ami Howard, ils traînent et multiplient les ennuis. Mais l’arrivée d’Atonia, une mystérieuse jeune fille, semble tout bousculer. Quel est donc ce monstre qui l’obsède ? En quoi est-ce lié aux cultes anciens que son grand-père a étudiés ? Et qui est donc ce vieux flic qui semble l’avoir si bien connu ? Francis plonge peu à peu, au coeur de l’épouvante…


Flashforward, pour commencer, ça sent les embrouilles et le piège qui s’est refermé sur une jeune fille qui se débat tant bien que mal face à un démon fait homme, ou peut-être est-ce l’inverse. Pourtant quelques planches en avant, et donc quelques pas en arrière dans la temporalité de cette histoire, tout allait bien. Bon, Francis faisait les 400 coups et taguait les murs que le soleil rasait… Mais, pour ça, rien de neuf sous ce dernier.

Si ce n’est que papy l’a pris sur le fait et échange son silence contre un peu de ménage dans la bibliothèque de sa librairie. Une jolie punition pour le jeune homme qui n’en a rien à caler mais va s’exécuter, pas le choix. Sans prévoir que les livres ont des secrets qu’il vaut mieux ne pas révéler tout aussi fascinants soient-ils. L’engrenage va un peu plus se mettre en place lorsque Gabriel rencontre Atonia, nouvelle recrue du lycée et déjà si inspirante malgré les cauchemars dont elle est la proie et une statuette bestiale dont elle aimerait percer les mystères. Les (dés)astres sont alignés au-dessus de Providence, ça va crier horrifié, ça va saigner.


Sur fond d’assassinat maquillé en accident domestique, de société secrète, de toiles qui semblent prendre vie, d’une malédiction couplée à l’ésotérisme et, bien sûr, d’une élue, l’expert en machiavélisme qu’est Sébastien Viozat (qui nous a déjà livrés, plus tôt cette année, Sweet Home qui cachait bien son jeu) joue les gammes de Lovecraft, s’inspirant de son récit fondateur mais pas trop pour garder tout son potentiel original. Il faut dire que le scénariste a longtemps tourné autour du projet et des publics auxquels il pouvait s’adresser (lire ci-dessous). Tout a dû se décanter au fil des années et des collaborations avortées puis abouties. Car si le déroulé peut sembler déjà-vu, ce qu’en fait le trio Viozat-Ott-Amalric ménage bien ses surprises et ses frissons pour livrer un premier tome à rebondissements et trépidants.

De gueules d’anges en gueules de monstres, Anne-Catherine Ott livre une œuvre très « djeun » et tendance, dynamique jusqu’au grand basculement dans le cauchemar absolu sur lequel elle règne en maître. On y croit, on le vit, sous les couleurs de Gabriel Amalric qui ménage bien le vert « dégueu » (dans les faits et l’effroi, pas sur le papier) pour rendre distinguable toute l’horreur jouissive qui émane de ces planches très convaincantes. L’histoire se termine en un tome, où ira-t-on dans le deuxième de cette série bien placée entre Cthulhu et Arkandias.

Et voici le making-of assez fascinant dans la manière dont il montre à quel point un projet peut se métamorphoser au fil des refus ou des collaborations.
Série : Le temps des mitaines
Tome : 3 – La nuit des croques-souris
Scénario : Loïc Clément
Dessin et couleurs : Anne Montel
Genre: Anthropomorphe, Drame, Fantastique, Horreur, Jeunesse
Éditeur: Dargaud
Nbre de pages: 80
Prix: 14,50€
Date de sortie: le 25/11/2020
Extraits :
Série : Le cercle de Providence
Adapté librement de H.P. Lovecraft
Tome : 1 – L’appel
Scénario : Sébastien Viozat
Dessin : Anne-Catherine Ott
Couleurs : Gabriel Amalric
Genre: Fantastique, Horreur, Jeunesse, Thriller
Éditeur: Jungle
Collection : Frissons
Nbre de pages: 56
Prix: 13,95€
Date de sortie: le 17/09/2020
Extraits :