Raven: la liberté sans limite, fracassante, folle à lier de Mathieu Lauffray met le feu à l’océan piraté

C’est sûr, depuis le canapé ou dans les quelques kilomètres-carré de votre voisinage, même s’il y avait moyen d’en trouver un peu, la grande aventure manquait. Avec la reprise des parutions en librairie, Mathieu Lauffray souffle le vent de l’évasion, frappant les visages et les rudoyant de son sel. Sept ans après la fin de Long John Silver, celui qui est une des figures de proue de la BD des vingt dernières années largue à nouveau les amarres.

© Lauffray

Résumé de l’éditeur : Au XVIIe siècle, alors que le pavillon de l’Union Jack flotte sur la mer des Caraïbes, Raven, un jeune et impétueux pirate décide de mettre la main sur un prétendu trésor, promis à l’infâme gouverneur de Tortuga qui fait appel à lady Darksee, une redoutable femme pirate, en échange du pardon royal. Mais Raven, qui assiste à la scène, décide de les devancer et d’agir seul grâce à un plan de l’île où se situerait le trésor. L’île volcanique, perdue dans les Caraïbes et peuplée par une tribu cannibale, s’avère pourtant dangereuse… Et c’est précisément sur celle-ci que le nouveau gouverneur de Tortuga et sa famille, venus de France, ont échoué après un long voyage…

Trois ans après avoir inscrit son nom dans la légende de Valérian et de ses pirates futuristes, Mathieu Lauffray revient donc sur terre, et mer, avec un récit qui fait chalouper la hype et l’écume. Même si, dès le début, c’est mal embarqué pour le héros, harnaché à une ancre, prisonnier du vaste océan aux couleurs de paradis. Ça, c’est la première planche, suffocante, avant que l’auteur ne nous entraîne dans un flashback qui sent la poudre à canon et le tabac à bourrer. Pavillon noir contre pavillon espagnol, que le meilleur gagne, à l’abordage. Dix planches époustouflantes pour prouver que Raven est un héros pas toujours très « fute-fute » mais dur à cuire. La mer est féroce et ne pardonne pas. Encore plus au large de Tortuga, un éden édenté, éborgné, bodybuildé où coulent des jours heureux et déshonoré les plus viles canailles.

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Canaille, c’est féminin, et même si les femmes sont loin d’avoir le dernier mot dans cette jungle de testostérone, une seule réussit à faire trembler les pirates les plus barges : Darksee. Et si elle débarque à Tortuga avec son armada, c’est qu’il y a du profit à se faire. Rien de moins que le mythique trésor de Chicken Itza. Filou comme il est, Raven n’a rien perdu de la discussion qui voyait pactiser Darksee et le gouverneur de l’île autour de cette quête de tous les dangers. Sans finesse et au va-tout, Raven s’empare de la carte et à lui l’aventure. Qui se finit dans un traquenard deux planches plus loin.

© Lauffray chez Dargaud

Malgré des débuts classiques et très attendus, Lauffray fait exister la singularité de sa fresque au fut et à mesure qu’il nous donne à connaître son drôle de héros. Décalé. Dans ce monde de brutes, Raven fait son Jack Sparrow, en beaucoup moins excentrique tout de même, et incarne la liberté sans limite, fracassante, folle à lier. Il se retrouve dans les pires pétrins et ça nous va bien. Le dessin est comme toujours, beau et féroce à en pleurer, jamais loin de l’arme à l’oeil. Lauffray est un grand malade, un incendiaire.

© Lauffray

Sur son propre scénario, Lauffray met du temps et peu de surprise pour planter le décor mais réussit, à la moitié, à capter toute l’attention et à mettre en marche les roulis de son trait prodigieux. Avec une foule de personnages et de caractères qui risquent bien de corser un peu plus la donner. On met du temps à embarquer, donc, mais une fois qu’on y est, pas forcément au sec mais au clair avec les ambitions généreuses de l’auteur, on prend son pied !

© Lauffray

Notons que sous une autre sublime couverture, une édition de luxe avec ex-libris et 12 pages en plus de bonus sera publiée le 12 juillet. En attendant, pour les lecteurs au pied marin ou à l’esprit aventureux, l’album dans sa version classique est, notamment, disponible dans la librairie belge (andennaise même) Atomik Strip qui a soigné aux petits oignons l’abordage de cette nouveauté de choc, en sortant le grand jeu de cartes. De trading cartes. Raven ouvre donc le bal, avec un hommage de Sym, le sidekick de Tony, Mister Atomik. Une manière bien chouette d’inciter le public à revenir farfouiller dans les rayons.

Série : Raven

Tome : 1/3 – Némésis

Scénario, dessin et couleurs : Mathieu Lauffray

Genre : Aventure

Éditeur : Dargaud

Nbre de pages : 56

Prix : 15€

Date de sortie : le 05/06/2020

Extraits : 

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3 commentaires

  1. C’est très très beau au niveau des planches. Merci pour ton avis. Je l’ai vu en librairie ce matin, je me disais bien que ça ressemblait au dessin de Long John Silver. J’adore la piraterie, je me laisserai peut-être tenter.

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