Publié une première fois en 1986, et régulièrement depuis, cette réédition de Mijade du Journal de Jamila propose le texte initial amélioré des réflexions que Frank Andriat a partagé avec ses premiers lecteurs. De plus, un entretien réalisé en 2000 avec l’auteur clôture ces pages. C’est un point de vue très personnel, très incarné de l’immigration dans une grande ville européenne, Bruxelles. Qui est-on quand on a 16 ans, qu’on est arrivé du Maroc vers 9 ans? Que ses parents rêvaient d’un ailleurs mais que l’ailleurs aujourd’hui, c’est une villa au Bled? Joli roman sous la forme d’un journal personnel, d’un témoignage qui garde toute sa modernité.
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« Jamila est coupée en deux : sa peau, ses yeux, ses cheveux sont du Marco, mais c’est à Bruxelles qu’elle vit, qu’elle étudie et… que son coeur bat. Impossible de parler de cela avec ses parents. Alors, Jamila dévoile ses peines, ses conflits mais aussi ses joies à son journal intime. »
Jamila est une jeune fille de 16 ans qui, à la suite d’un cours de français, décide d’écrire son journal. Elle y confie ses pensées, ses petits et grands bonheurs, ses espoirs mais aussi ses larmes.
Comme toutes les adolescentes, elle est remplie d’espoirs, de joies, d’attentes. Comme tous les jeunes de son âge, elle aspire à plus de liberté. Elle est amoureuse, elle a des amies.
Mais Jamila vit dans une famille d’immigrés marocains. Entre un papa travailleur et une maman à la maison, elle essaie de se faire sa place. Entre deux cultures, elle cherche qui elle est.
Entre l’Islam et l’athéisme, elle se questionne. Elle constate aussi le gouffre culturel qui existe entre ses parents et elle. Et puis les stéréotypes ont la vie dure, de part et d’autre de la famille.
Et comme son emploi du temps est très contrôlé et qu’elle se sent souvent seule et incomprise au milieu de ses frères et sœurs, elle écrit et se confie. Pour trouver des réponses à son identité, pour partager ses révoltes, ses utopies.
C’est un très joli roman, qui parle de l’immigration et qui traverse les cultures. Car, finalement, quelle que soit la famille dans laquelle ils vivent, nos ados pensent tous être brimés, entravés, empêchés.
Sauf qu’avec Jamila, ces mots prennent un autre sens. Et c’est aussi pour rappeler la force d’une école publique sur la destinée de certains jeunes que ce roman est important.
Un récit propice aux discussions, un récit qui n’a pas pris une ride.
Auteur : Frank Andriat
Titre : Le journal de Jamila
Editions : Mijade (Zone J)
Réédité en février 2020
Nbre de pages : 158 pages
Prix : 6,50 €