Roi d’Azur mais également du désert, Xavier Dorison s’est forgé au fil du temps et des parutions une sérieuse réputation. Alignant les séries bien construites, spectaculaires sans jamais aller au-delà des limites du raisonnable, le scénariste ne néglige jamais le fond et s’appuie, pour la forme, sur les compétences de dessinateurs d’exception. Après vous avoir parlé de Delep, parlons de Ralph Meyer et Joël Parnotte, par exemple.

Undertaker 5: terreur indienne pour l’enterreur… bientôt enterré ?

Résumé de l’éditeur : Une diligence se fait sauvagement attaquer par les Apaches de Salvaje. Ceux-ci se montrent sans pitié et tuent les hommes blancs qui ont osé s’aventurer sur leurs terres. Pourtant, parmi les agresseurs, se trouve un Indien blanc… Autrefois appelé Caleb, le jeune homme a été kidnappé et torturé par les Amérindiens qui en ont fait l’un de leurs meilleurs guerriers. Ce fut leur façon de punir sa mère, Joséphine Barclay, propriétaire de l’entreprise du même nom, pour avoir voulu faire passer le chemin de fer sur les terres apaches. Apprenant que l’Indien blanc aurait été tué au cours de l’assaut de la diligence, Madame Barclay désire au moins récupérer le corps de son fils et charge le Shérif Sid Beauchamp de trouver la personne qui accomplira cette mission. Et dès qu’il est question de cadavre, c’est évidemment Jonas Crow qu’on appelle !

Sur cette série-bijou, Dorison repousse les limites de l’excellence à chaque album. Ce cinquième tome qui nous emmène en territoire hostile et apache est un sommet. Un nouveau sommet. Si le trio constitué par Dorison, Meyer et Delabie (il ne faut jamais négliger l’importance des couleurs, des ambiances) n’a jamais eu la main légère sur son croque-mort, sans doute Jonas Crow n’a-t-il jamais été aussi près de bouffer des pissenlits par la racine.


Malmené qu’il est par les circonstances et des hommes qui ne font pas dans la dentelle. Jonas n’a plus à choisir son camp, il n’en a plus, et il n’est même pas sûr qu’il soit encore le héros dans cet opus (première partie d’un diptyque, comme d’hab’). Et dans un western aussi dantesque qu’Undertaker, ça ne pardonne pas.


À la découverte d’un autre monde, encore inconnu, Ralph Meyer est à nouveau impérial, taillant la pierre et les visages (dont le shérif qui a des airs de l’acteur Toby Jones) à coups de crayon comme on se servirait d’un colt. Avec des grandes images qui marquent et une mise en page audacieuse qui sert à mort toutes les surprises que révèle cet album qui propose finalement une course-poursuite aller-retour, sans jamais donner à voir le même paysage. C’est riche et profondément marquant.

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Aristophania 2 : trois défis pour (tenter de) défaire le Roi Banni

Résumé de l’éditeur : Basile, Victor et Calixte ont enfin retrouvé leur mère, Adèle Francoeur, mais dans un état très inquiétant. Le Roi banni l’a privée de son Azur et l’a recouverte de Calamyrhs, catalyseur puissant empêchant l’énergie de regagner son corps. L’état d’Adèle n’est cependant pas l’unique préoccupation d’Aristophania : la puissance des Calamyrhs inquiète le royaume d’Azur. Avec une telle arme en sa possession, le Roi banni pourrait aisément gagner la guerre qui se profile. La destruction de ce pouvoir devient donc essentielle et seule la Source Aurore pourrait contrecarrer ses plans et sauver la mère des enfants. Aristophania en est convaincue : l’un d’eux pourrait trouver cette source. Mais la Reine d’Azur ne lui laisse que sept jours pour réaliser un tel miracle…

Là où Xavier Dorison recycle à merveille les ingrédients du western, quitte à les améliorer encore un peu, dans Undertaker; dans Aristophania, la parole est donnée à la plus folle des imaginations. Celle qui repose sur des souvenirs de vacances, sur une envie de rester enfants et de rêver des aventures, et s’en affranchit, s’en rafraîchit, pour fournir un univers profondément mature et complexe mais gardant cette étincelle de magie universelle.

Dans ce second tome (sur quatre d’ores et déjà prévus), Dorison et Parnotte continuent d’explorer leur univers à côté du nôtre, dans sa lumière comme sa noirceur. Avec des enfants qui doivent apprendre à devenir grand et dont une partie du salut de ce monde dépend. Ce monde qu’ils connaissent à peine et qui leur est pourtant viscéralement lié, maternellement. Basile, Victor et Calixte n’ont pas le temps d’aller à l’école des sorciers, Aristophania les met au défi, à trois défis a priori impossibles, pour révéler ce qu’ils ont dans le ventre et dans la tête.

Pas question de verser dans l’initiatique qui prend son temps, ici, il faut agir dans l’urgence. Cette urgence qui réussit plutôt bien au tandem. Compagnons-bâtisseurs d’un monde luxuriant autant qu’inquiétant, Dorison et Parnotte ne brûlent pas les étapes pour autant et proposent un savent mélange d’action et de réflexion, avec quelques notes de Royaumes du Nord de Pullman mais aussi, pourquoi pas, de Miss Peregrine. Un sacré mélange composé de sacrées personnalités. Une nouvelle fois, la psychologie des personnages n’est pas en reste. Implacable, impeccable.
Série : Undertaker
Tome : 5 – L’indien blanc
Scénario : Xavier Dorison
Dessin : Ralph Meyer
Couleurs : Ralph Meyer et Caroline Delabie
Genre : Western
Éditeur : Dargaud
Nbre de pages : 64
Prix : 15€
Date de sortie : le 31/10/2019
Extraits :
Tome : 2 – Progedientes
Scénario : Xavier Dorison
Dessin et couleurs : Joël Parnotte
Genre : Aventure, Fantastique
Éditeur : Dargaud
Nbre de pages : 64
Prix : 15€
Date de sortie : le 31/10/2019
Extraits :