Aura-t-on un jour fait le tour de William Shakespeare ? Le génie anglais, dont l’identité pose toujours question, continue d’inspirer tous les médias et tous les genres. Notamment, avec quelques oeuvres phares que le cinéma, le théâtre mais aussi la BD s’arrachent. Ainsi après l’incarnation de l’histoire de Macbeth par Michael Fassbender et Marion Cotillard, le roi d’Écosse un brin maudit revient au papier. Porté par des incandescents Thomas Day et Guillaume Sorel.
Résumé de l’éditeur : Écosse, XIe siècle. De retour dans leur fief après un long combat contre les armées norvégiennes, Macbeth et Banquo, deux valeureux guerriers, rencontrent trois sorcières sous l’orage. Leur prophétie est formelle : le premier deviendra roi, tandis que le second verra ses descendants le devenir. La suite est connue : meurtres, drames et trahisons composeront l’un des plus célèbres textes de Shakespeare.
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On peut faire des statues pour ne pas oublier les héros, mais l’effet de l’encre et des aquarelles sur le papier pourra toujours faire mieux. C’est exactement ce qu’il se passe dans cette première partie (sur deux) que livrent Thomas Day et Guillaume Sorel. « Travail de haute trahison », comme l’avoue Thomas Day en remerciement, cet album est tout de même en haute définition, profondément accroché au texte suranné, à la puissance d’évocation de l’inoubliable William.

C’est lyrique, opératique, il faut s’accrocher pour relever toute la richesse de ce chaos royal. Mais, en même temps, c’est tellement mieux d’avoir à lire l’original (du moins tel que traduit par François-Victor Hugo en 1866) que d’avoir affaire à une relecture moderne quitte à sonner « djeun » comme on l’a vu dans le Roméo + Juliet de Baz Luhrmann. Enfin, moi, je trouve.
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Et comme le dessin est aussi une forme d’écriture, c’est incroyable comme celui-ci répond aux mots de William Shakespeare, s’en imbibe pour en faire surgir, tel un volcan, toute la lave. Même si en Écosse, le temps est plutôt à la pluie et aux éclairs. La puissance de Guillaume Sorel est là, dans cette manière de sentir les choses, de les habiter sans se priver d’être hanté par l’immense dramaturge, ce dieu créateur qu’est William S.

Il y a ici tout ce qu’il a écrit, et encore plus. Guillaume Sorel a des doigts d’or, ceux-là même qui permettent d’éclairer parfaitement les nombreuses scènes nocturnes et ombragées que compte cet album. C’est à la fois intense et charnel, ensorcelé. Cette adaptation est dingue, en tout point. Miraculeuse.

Parution du second acte, Le livre des fantômes, le 26 février.
Tome : 1 – Le livre des sorcières
Scénario: Thomas Day
Dessin et couleurs : Guillaume Sorel
Genre: Drame, Fantastique
Éditeur: Glénat
Nbre de pages: 54 (+ 8 pages de cahier graphique)
Prix: 16€
Date de sortie: le 18/09/2019
Extraits :