Val, du saute-mouton avec Jean-Michel le border, un monstre tout doux avec Mic et des coups de bar avec des Mâle-ades!

Nous l’avions découvert avec Rad’Lab, Val continue de digresser dans le registre des animaux de compagnie avec pas une mais deux nouveautés. Deux albums à gag prenant pour héros un border collie pas si doué que ça pour vivre au milieu d’un troupeau de moutons, en solo; ainsi qu’une petite fille et un drôle de (doudou)monstre, en compagnie de Mic (qui continue ainsi d’explorer le monde de la BD avec des auteurs à trois lettres, après Sti et Tom).

Jean-Michel Border Folie, Retourner à ses moutons ou ils vous retourneront

Résumé de l’éditeur : « Soyez sûr, j’en suis fier, j’ai la Lozère en cathéter… » La Lozère pas la Corrèze. Et en Lozère, il y a pas mal de moutons sur lesquels Jean-Michel , border collie de son état, doit veiller. Encore faut-il qu’il parvienne enfin à passer son permis de conduire et de berger.

Ayant laissé la ville (et le Nooooord) derrière lui pour retrouver l’air frais qui a exalté ses ancêtres, Jean-Michel est bien décidé à reprendre son trône, celui de roi des troupeaux, sans peur et sans reproche, respecté et vénéré. Si seulement c’était si simple. Pourtant, il arrive que le gêne saute une génération et il faut se résoudre au fait qu’on n’est pas fait pour suivre les moutons, tracer sa voie. Ça, Jean-Michel, qui a tout de la souris des ville, n’est pas prêt à l’entendre. C’est têtu, un border. Je le sais, j’en ai une. Et si elle me poursuit en me mordant les mollets quand je ne lui lance pas assez vite son jouet, pas sûr qu’elle fasse la fière au milieu d’une centaine de moutons.

Sur des planches comportant une à huit cases, aérées et épurées pour mieux laisser aboyer l’expressivité de ce border jamais au bout de ses surprises, dans cet état sauvage retrouvé, Val signe un album bien plus féroce que son héros, inoffensif. Se fichant ouvertement de sa gueule, l’auteur prend plaisir à le mettre dans des situations (cotées par le maître) a priori surmontable mais inextricable pour ce meilleur ami de l’homme, qui ne l’est pas tellement pour les moutons. AU gré des saisons, les gags se succèdent. Survolté.

Il ne suffit pas d’avoir la Lozère en cathéter, et de le chanter (clin d’oeil aux Trois Cafés Gourmands) pour y survivre. Encore faudrait-il que Jean-Michel survive à lui-même, ce n’est même pas gagné. Et il n’a rien du mouton à cinq pattes ! Et ça pique !

Lily et doudoumonstre, comment avoir peur de ce monstre d’amour ?

Résumé de l’éditeur : Quand Lily découvre un monstre dans sa chambre, elle n’a pas peur du tout. C’est vrai qu’il est grand, qu’il est fort et qu’il sent des pieds. Mais il sait faire des bulles-cœur avec ses fesses et, surtout, il fait des câlins tout doux ! Alors, entre Lily et Doudou-monstre, c’est tout de suite un roman d’amitié qui commence. Et si c’est dur à accepter pour les parents, pour les amis et surtout pour le chat de la famille, ce n’est pas grave. Parce qu’un copain comme celui-là, on n’en trouve pas tous les jours.

Lui aussi il a tout à apprendre ! Pour leur première collaboration, Mic et Val (les deux scénarisent, Mic dessine, Val encre et met en couleurs) auraient très bien pu se retrouver autour d’un autre chien tant ils sont familiers du sujet. Au lieu de ça, c’est une créature imaginaire qu’ils ont choisi, meilleur ami… peut-être pas de l’homme … mais d’une petite fille dont il a choisi le dessous de lit pour domicile. Monstre, il a très vite abandonné toute idée d’impressionner Lily – de toute façon, tout ce qu’il arrive à faire, c’est soulever son lit de son embonpoint, il était temps qu’il en sorte – alors il est devenu doudou. Doudoumonstre.

Le complice de toutes les bêtises de Lily, de toutes ses petites aventures du quotidien. Celui qui a le nez comme une abeille et le poil tout mauve, qui n’arrive pas à se cacher derrière un arbre, qui est naïf et qui est tombé dans la marmite de potion magique quand il était petit. Bon, il ne porte pas encore les braies d’Obélix mais on peut aussi le déguiser, ou en faire le souffre-douleur des jeux de cowboys et d’indiens.

En une succession de gags en quatre cases, sur une demi-planche, Mic et Val se sont bien trouvés, ne galvaudant pas leur humour un brin provocateur mais sachant le rendre tendre. Le faire marcher pour le climat aussi. Des bonnes bouilles et une chouette découverte pour les plus petits.

Les mâles à bar: ultramoderne soulitude

Bon, sinon, maintenant que les enfants sont au lit, bercé par les douces aventures de Lily et doudoumonstre… tous au bar ! C’est là qu’on retrouve les Mâles à bar, avec Val mais aussi Djony, Gillian, Ganan, Mouss, Rafagé et même… Dieu. Des dessinateurs qui n’ont pas leur crayon en poche et à qui on ne lance pas la bière puisqu’on la leur sert. Plus que de raison. Dans Tournée Générale, l’une de leurs parutions de derrière les fagots, sur fond de nappes auréolées de vin et de graisse, les dessinateurs s’en donnent à coeur-joie, et jusqu’à plus soif. Et pourtant sans limite.

Dans le trash et dans le dégueulasse, dans l’ubuesque farandole des petites heures ou les inénarrables causeries alcoolisée, entre parodie et mauvaise foi de guingois, le collectif ne fait pas dans la sobriété mais on ne voit ni trouble ni double, leurs éléphants roses sont plutôt bien foutus. Pour peu qu’on soit membre d’un public averti. Le collectif a déjà publier quelques albums du même genre, flinguant l’empire de Walt Disney ou l’histoire de France. À découvrir, donc.