Dans la jeunesse de Sherlock, à l’ombre d’un frère, était-ce toujours Holmes Sweet Holmes ?

Avec cinq albums en treize ans, surgissant et disparaissant comme un monstre du Loch Ness, au fil de paginations irrégulières servant totalement les intrigues de chaque tome, la série Holmes de Luc Brunschwig et Cecil a gagné un statut culte, énigmatique et toujours aussi vénéneux. Dans son livre V, cette saga britannico-familiale prend des tours toujours plus intimes, revisitant, reconstituant plutôt, le passé pour mieux expliquer l’hypothétique vie après la mort de Sherlock, aux chutes du Reichenbach. My gosh, Mycroft.

© Brunschwig/Cecil chez Futuropolis

Chronique précédente | Cecil et Brunschwig subliment les fant’Holmes de Sherlock

À lire aussi | Liéron et Dahan ont les coudées larges et créatives dans la tête de Sherlock Holmes: « La batterie du livre n’est jamais vidée, on n’a pas encore fait le tour de ce qui peut être original »

Résumé de l’éditeur : Depuis un mois, Violet Holmes disparaît la journée entière pour ne revenir qu’à la nuit. Mycroft, son aîné, décide de mener l’enquête pour savoir ce qu’elle fait de ses journées et c’est à travers les maigres indices qu’il a sa disposition qu’il va devoir trouver la solution. Sherlock, 4 ans, l’assiste dans l’art de la déduction… une enquête qui va les mener à un homme…

© Brunschwig/Cecil

Dans ce nouvel opus, les deux auteurs nous entraînent dans Les chapitre 7 et 8 de cette enquête grand format entre les lignes de fiction et le rapport à une société anglaise en mutation, avec fracas parfois. Nous voyageons donc entre le 14 avril 1858 et le 29 juin 1868, sans oublier 1891, année présumée de la mort du détective de Baker Street, année durant laquelle John Watson mène l’enquête avec ses moyens élémentaires et au péril de sa vie.

© Cecil
© Cecil

C’est une couverture fameusement culottée mais terriblement raccord avec ce qu’il va se passer une fois que la porte sera passée, dans l’esprit des films d’horreur, qui ouvre ce qui semble être la clef de voûte de l’édifice de Brunschwig et Cecil. Une lourde porte qu’ouvre timidement, avec le masque de la tristesse notre Sherlock en culottes courtes (il a quatre ans à l’époque). C’est sûr, il se trame quelque chose derrière cette porte. On connaît les gens sous leur visage public mais, parfois, on est loin de s’imaginer ce qu’il se passe dans leur intimité. Une fois à la maison. Holmes sweet Holmes, really ?

© Brunschwig/Cecil

Pour décrypter le personnage de Conan Doyle, c’est à la racine du mal que Luc Brunschwig le prend, nouant les relations familiales autour d’un mystère solidement noué. Violet, la mère relativement indépendante et trouble, disparaît régulièrement en prenant le soin de la discrétion dans les rues londoniennes. Mais pourquoi, qui va-t-elle voir ? Et cette odeur de pipe qui imbibe ses vêtements à son retour ?

© Brunschwig/Cecil chez Futuropolis

C’est l’heure des premiers mystères pour la fratrie Holmes. Leur maman va-t-elle voir un amant, un ami, un mentor ? S’adonne-t-elle à une passion peu reluisante ? Le secret va vite être levé. Pas par Sherlock, cela dit, plutôt par Mycroft… qui fait preuve d’un sens de la déduction et de l’observation génial. Plus que Sherlock qui essaie tant bien que mal de s’en inspirer. Dans ses jeunes années, Sherlock était-il le Watson de Mycroft. Mais ne dit-on pas que l’élève dépasse le… frère ? D’autant plus lorsque celui-ci s’éloigne du droit chemin.

© Brunschwig/Cecil chez Futuropolis

Impressionnant. Pas de doute là-dessus, ce tome va ébranler la suite du chemin de croix de Watson dans ce qui est la recherche, ou le deuil, de son ami. Quatre ans après le précédent album, c’est peu tant on pourrait croire que Cecil a passé mille ans sur chaque case pour lui donner toute sa gueule d’atmosphère, pour donner toute son authenticité à la galerie de portraits qu’il parcoure. Entre un filtre gris-bleuté et un autre pourpre, pour passer d’une époque à l’autre, le dessinateur réalise un album d’autant plus époustouflant que son scénariste laisse la place à l’image dans des séquences tétanisantes.

© Brunschwig/Cecil
© Brunschwig/Cecil chez Futuropolis

Holmes (1854/1891?) n’est pas bavard, il exploite les mots avec une précision chirurgicale. Dans ce gothisme spectaculaire et tentaculaire, Brunschwig et Cecil sont les architectes, les historiens de l’oeuvre de Conan Doyle, ne lui épargnant rien mais parvenant à donner de l’épaisseur à ses héros. C’est remarquable. Plus que jamais.

© Brunschwig/Cecil chez Futuropolis

Série: Holmes (1854/1891?)

Tome: Livre V – Le frère aîné

D’après l’oeuvre de Sir Arthur Conan Doyle

Scénario: Luc Brunschwig

Dessin et couleurs: Cecil

Genre: Enquête, Histoire, Mystère

Éditeur: Futuropolis

Nbre de pages: 48

Prix: 13,5€

Date de sortie: le 09/10/2019

Extraits:

Ce diaporama nécessite JavaScript.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.