Après avoir basculé dans l’horreur, le spin-off de Valérie Mangin et Thierry Démarez continue de se faire toujours plus dark sans renier, du tout, l’héritage légué par Jacques Martin et sa série-mère. Preuve en est, le neuvième tome d’Alix le grand s’intitule Les spectres de Rome, une allusion à peine voilée au chef-d’oeuvre de Jacques Martin, Le spectre de Carthage. Tout en allant plus loin que la simple référence.

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Résumé de l’éditeur : De retour de Pétra, Alix découvre la capitale romaine en proie à la peur. Des meurtres étranges ensanglantent les rues au point que la panique gagne même la garde impériale. Certains accusent les lépreux, d’autres les Orientaux, mais Auguste sait que la vérité est ailleurs. Refusant de céder à la terreur ambiante, Alix se lance sur la trace des spectres de Rome. Sans se douter qu’à leur contact, il pourrait devenir aussi dangereux.

C’est une menace semblant venue d’ailleurs qui se répand comme une traînée de poudre dans Rome. La nuit, des ectoplasmes hantent les rues et font disparaître dans un bain de sang et des tortures effrayantes les différents acteurs du précédent épisode de la série. Hasard ou pas ? Revenu à Rome avec sa petite tribu toujours plus en décomposition – Valérie Mangin et Thierry Démarez les ont soumis à rude épreuve depuis quelques tomes -, Alix ne va pas avoir le temps de se reposer. On se reposera quand on sera mort, dit-on, lui compte bien lutter pour la vie. Lidia, sa femme (et soeur de l’Empereur), elle, est mal embarquée, souffrant d’un horrible et incurable mal.


Bref, tout se noue, les gorges aussi, et les Romains succombent à l’émotion. Il n’y a plus de place pour la réflexion, place à l’action et les lépreux, bien arrangés les pauvres, semblent être la cause de tous les soucis de la Ville de moins en moins éternelle. Mais sont-ils la raison des phénomènes effroyables qui se jouent intra et extra-muros? Et même en sous-sols, puisque la fine équipe nous emmène dans les égouts de Rome. Elle n’y trouvera pas de crocodile mais bien autre chose de terrifiant. Fanatique, aussi.

Avec un soupçon de fantastique, des réflexes d’horreur, le duo d’auteurs s’émancipe de l’aspect purement historique de leur série (qui transpirent, cela dit, dans les décors et la richesse des représentations sociales) pour se laisser aller à créer leur propre histoire. Qui continue de fracasser leurs personnages. De les mutiler psychologiquement. Un neuvième tome très réussi. Annonciateur de La forêt carnivore.


Série: Alix Senator
Tome: 9 – Les spectres de Rome
D’après l’univers créé par Jacques Martin
Scénario: Valérie Mangin
Dessin: Thiérry Démarez
Couleurs: Jean-Jacques Chagnaud
Genre: Histoire, Aventure
Éditeur: Casterman
Nbre de pages: 48
Prix: 13,95€
Date de sortie: le 21/08/2019
Extraits: