Outch, faites gaffe à vos héros ! S’ils ont eu la chance d’arriver jusqu’en 2018 sans être oubliés, il semblerait bien qu’ils ne sortiront pas forcément indemne de leurs nouvelles aventures qui n’ont plus rien de bon enfant et qui vont les tuer à la tâche, ou les laisser plus morts que vif. Avec la puissance et l’éternité, Valérie Mangin, Thierry Démarez et Jean-Jacques Chagnaud livrent une conclusion-choc à un cycle qui, plus encore que le premier, aura chamboulé l’univers de cet Alix dans la force de l’âge. Qui l’aura fracassé, sans nul espoir de retour à la normale.

Résumé de l’éditeur : Murés dans le tombeau d’Auguste, Alix et Kephren attendent la mort. Le fils d’Enak aura tout perdu dans sa quête de la Cybèle d’orichalque. Ignorant leur sort, l’empereur a ordonné à sa sœur, Lidia, de détruire la terrible idole cachée en Italie. Nul ne devra jamais plus pouvoir s’en emparer. Mais qui pourrait résister à la promesse d’acquérir la puissance et l’éternité ?


Aaaaaaaaaahhhh… aaaarrrrggggghhhh… la soif d’éternité, du pouvoir et de la richesse, combien d’aventures de BD ou d’ailleurs (Indiana Jones : Les aventuriers de l’arche perdue, par exemple, auquel on a pas mal pensé , toutes proportions gardées à la lecture de ce nouveau tome) aura-t-elle mené en bateau, sans jamais épuiser sa puissance de feu, de séduction et même de fascination, aussi morbide puisse-t-elle être en fin de compte.


Depuis qu’il est question de la Cybèle d’orichalque dans ce spin-off adulte d’Alix, les auteurs ne nous auront pas épargnés, maltraitant leurs personnages pour les acculer à l’énergie du désespoir. Il n’est plus question de témérité, d’héroïsme ou même d’être les hommes de la situation, puisque celle-ci leur a complètement échappé et fait peser sur eux les plus sinistres augures. Tous sont dans un sale pétrin pendant que les puissants (et, notamment, la grande méchante Livie) tirent les ficelles, ne les relâchant que rarement.

D’Alix, Khephren, Titus ou encore Enak, Valérie Mangin goûtant aux joies du théâtre antique (plus tragique que comique) a fait des marionnettes qu’elle tient en son pouvoir, dans un gant de fer qui semble aimer la cuisine saignante. Éclatant les champs de l’action pour mieux isoler ses personnages de papier, la scénariste dépose ses dernières cartes sans bluff (si ce n’est Alix que tout le monde croit mort dans les premières planches de cet album), dans un échiquier sur lequel les espions antiques prennent leurs positions avec une propension à la terreur absolue.

Entre l’arrière-plan véridique et l’avant-plan fictif, au fur et à mesure que l’on avance vers les entrailles de la terre, là où semble logée Cybèle, c’est un peu plus d’enfer qui nous attend. Donnant à la série un soupçon fantastique et des allures de champ de bataille. Ce ne sont plus des ressorts scénaristiques, ce sont des coups de semonce amenant un goût de fin d’époque. Plus rien ne sera jamais plus comme avant.

Car oui, cet album est le plus machiavélique, le plus malfaisant, le plus monstrueux de la série et Thierry Démarez arrive à approcher la créature, faisant peser la tension dans les mines déconfites et celles qui jubilent, dans les décors riches et ceux, plus loin, dépouillés pour y mettre le feu volcanique. Sa démarche graphique ne fait pas économie du détail et cela rend l’ensemble de l’album cohérent et prestigieux. Même si on observe peut-être une petite baisse de qualité de par la parution rapprochée des albums. Le huitième épisode, suite directe de celui-ci et intitulé La cité des poisons, arrivera en effet en novembre. Et on craint déjà ce qui pourrait arriver aux survivants de ce septième album qui marque résolument un tournant passionnant.

Série: Alix Senator
Tome: 7 – La puissance et l’éternité
D’après l’univers créé par Jacques Martin
Scénario: Valérie Mangin
Dessin: Thiérry Démarez
Couleurs: Jean-Jacques Chagnaud
Genre: Histoire, Aventure
Éditeur: Casterman
Nbre de pages: 48
Prix: 13,95€
Date de sortie: le 16/05/2018
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