Dans la série des albums BD dont la suite, pourtant annoncée, n’est jamais parue, il y a Brune Platine de Marion Mousse et Lisa Mandel. Enfin, il y avait. Puisque Casterman a décidé, dans un petit format carré dont les éditions sont désormais coutumières (Bâtard, Captain Death ou encore la collection Sociorama), de compiler l’intégralité des deux histoires, qui n’en font qu’une, pensées par les deux auteures.

Résumé de l’éditeur: L’une s’appelle Brune, l’autre Platine. Elles sont associées dans l’agence : « Brune Platine – Enquêtes en tous genres ». Leur nouvelle cliente est à la recherche de son père, disparu quand elle était enfant. Détail troublant : elle porte au cou une cicatrice très ancienne, qui s’est récemment rouverte et ne se referme plus. Rapidement, l’enquête de Brune et Platine les mène dans les Balkans, où elles découvrent que ce père n’est pas l’ancien casque bleu qu’il prétendait être, mais qu’il s’appelle en réalité Vladimir.

L’issue du premier tome, paru en 2013 au format classique et en couleurs (d’Hélène Georges, zappée puisqu’il ne reste ici qu’une couleur bleutée pas dérangeante, loin de là), laissait peu de doute et se suffisait à elle-même. C’était sans compter que le cauchemar ne faisait que commencer. C’est ainsi que nous retrouvons (ou faisons connaissance) avec Brune et Platine, deux enquêtrices qui ont leur style et ne sont pas du genre à ne pas faire de vagues. Volages mais aussi concernées dès qu’il s’agit de mener les investigations qu’on leur confie. Non sans avoir fait appel au sixième sens de Brune, ce pressentiment qui lui fait dire s’il faut ou non accepter une affaire. Celle « Claire Gayrault », Brune ne la sentait pas. Mais quand Platine décide de n’en faire qu’à sa tête, Brune peut danser sur la sienne, rien n’y fait.

Sauf que la banale recherche d’un parent disparu sans laisser de traces va offrir aux deux femmes une plongée dans ce que l’Homme a de plus sombre et effroyable. Ce qu’on exècre en Herzéguie.

Passée à un format nettement plus petit, Brune Platine n’a pas pour autant fait l’objet d’un travail de cochons comme on peut souvent en voir dans ce genre d’exercice. La maquette et le découpage ont été remodelés, des cases recoupées parfois et d’autres réorganisées pour ne pas sacrifier le suspense de fin de page. Et même l’amplifier ! La preuve.
Et tant pis si la nouvelle couverture est beaucoup moins impactante que la première; le trait de Marion Mousse (qui est en fait un… homme, Pierrick Pailharet) reste totalement lisible et dynamique, et les nuances bleutées qui rajoutent au noir et blanc, alimentent l’angoisse de ce récit qui nous scotche jusqu’à la dernière case. Quand l’humour et le comportement en dilettante tombent pour faire place à l’horreur la plus simple, la plus sournoise. Celle qui se cache derrière les lauriers et les honneurs, le premier final feel good, comme façade aux affres les plus innommables. Quand l’affaire s’échappe et que son instigatrice se retrouve victime.

Intégrale – Récit complet
Scénario : Lisa Mandel
Dessin et couleurs : Marion Mousse
Genre: Humour, Polar
Éditeur: Casterman
Nbre de pages: 160
Prix: 14€
Date de sortie: le 12/06/2019
Extraits :
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