La Maison Usher: Dufaux et Calderon convoquent Edgar Allan Poe et lui font ressentir toute l’horreur de son chef-d’oeuvre

© Calderon

La Maison Usher d’Edgar Allan Poe est dans tous les rayons. Sur les écrans avec la série Netflix mais aussi dans les rayons des librairies avec les Frères Brizzi et leur adaptation illustrée. Puis, il y a cette adaptation, libre, en bande dessinée, par Jean Dufaux et Jaime Calderon. Impressionnant, brillant et noir à la fois.

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© Calderon

Résumé de La Maison Usher par les Éditions Delcourt : « Comment deviner ce qu’elle recèle, cache, vit. Tout voyageur préfère passer son chemin devant la maison Usher… » Ainsi débute ce récit d’horreur gothique revisité où Edgar Allan Poe lui-même s’invite chez la famille Usher au destin aussi funeste qu’inéluctable…

© Dufaux/Calderon chez Delcourt

Un escalier et une silhouette féminine et fantomatique, un chandelier à trois bras et la pleine lune ennuagée pour éclaire cette scène d’outre-tombe. Et derrière, cette maison maudite, dont les lumières sont allumées au dernier étage. Ou peut-être est-ce l’incendie qui couve?

© Dufaux/Calderon chez Delcourt

Sous une couverture qui nous plonge tout de suite dans l’ambiance, Jean Dufaux et Jaime Calderon suivent les pas d’Edgar Allan Poe et de son corbeau qui ont accouché de sommets dans le genre fantastique. Mieux, les deux bédéastes contemporains rattrapent le poète et romancier torturé à la fin des années 1830 et décident de cheminer avec lui. Personnage-clé de son histoire qui se déroule sous sa plume mais aussi ses yeux, Jean Dufaux et Jaime Calderon font ressentir à ce protagoniste omniscient le poids de la vie, de la mort, du sursis qu’il accorde à ses héros ou ennemis. Si l’auteur est mal à l’aise, veut réparer certaines blessures physiques ou morales qu’il inflige, cela crée un deuxième niveau de lecture de ce conte horrifique pour le lecteur.

© Dufaux/Calderon chez Delcourt
© Dufaux/Calderon chez Delcourt

Pour le reste, sur les bases de l’histoire de Poe, Jean Dufaux traverse le mystère, donne un peu plus de biscuit concernant les origines des deux hommes qui bientôt se feront face, Damon Price et Roderick Usher. Puis, il y a ce troisième homme, King Leon (qui bénéficie du charisme du regretté acteur Michael Clarke Duncan) qui va précipiter la fuite de Damon Price, incapable de payer ses dettes de jeu, de Baltimore au sinistre manoir, dans une calèche damnée. La Maison Usher, le dernier lieu où l’on voudrait se retrouver même s’il est temps de survivre et d’échapper. La mort vaut peut-être mieux que les cauchemars auxquels donne lieu Usher, frère et soeur. Et les revenants qui les entourent.

Étapes © Calderon
© Dufaux/Calderon chez Delcourt

En couleurs directes, Jaime Calderon quitte le registre historique sans rien perdre de sa maestria à reconstituer les époques, cette Amérique « victorienne » et ses personnages, gentlemen ou truands (les uns pouvant cacher les autres) nous explosent à la figure. Puis, quand le huis clos infernal commence, le spectacle est aussi sinistre que flamboyant. Jouant sur le piano démoniaque d’Usher mais aussi de Poe, Jaime Calderon fait ressentir cette musique obsessionnelle et inquiétante dont on ne sort pas indemne. Un chef-d’oeuvre adapté d’un chef-d’oeuvre, dans une noirceur, des lumières et des couleurs qui transcendent.

En bonus, la traduction mémorable que Baudelaire fit de cette nouvelle majeure.

Carnet de recherches © Calderon
Carnet de recherches © Calderon

À lire chez Delcourt.

© Calderon
© Dufaux/Calderon chez Delcourt
© Dufaux/Calderon chez Delcourt
© Dufaux/Calderon chez Delcourt
© Dufaux/Calderon chez Delcourt
© Dufaux/Calderon chez Delcourt
© Dufaux/Calderon chez Delcourt

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