Trop chaud, cet été? Le sanguinaire Zaroff va vous donner un coup de froid dans une mission impossible contre les Nazis dans une Russie dantesque

© Runberg/Miville-Deschenes chez Le Lombard

Après la touffeur de la jungle dans laquelle nous plongeait le duo Runberg/Miville-Deschênes en faisant ressurgir des limbes horrifiques le démoniaque Zaroff, le ressuscité repart à l’aventure en… Russie, dans un climat plus que glacial. Plus que jamais, avec une poignée d’hommes qui ne sont pas des Expendables mais pas forcément des manchots, le général va devoir survivre et réussir sa mission impossible s’il veut avoir droit à l’oubli pour tous les crimes qu’il n’a cessé de commettre et retrouver sa mère et ses neveux et nièces.

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Résumé de La vengeance de Zaroff par Le Lombard : Depuis dix ans qu’il y a élu domicile, les États-Unis n’ont pas été à la hauteur des attentes de Zaroff. Quelques criminels, des vagabonds… menu gibier, bien indigne du plus grand chasseur du monde. Mais l’oncle Sam lui offre un nouveau terrain de chasse : sa Russie natale, envahie par les nazis. Zaroff devra y retrouver une physicienne perdue au beau milieu de ces prédateurs du IIIe Reich, dont la sauvagerie n’a d’égale que la sienne. Car plus le jeu est dangereux, plus Zaroff le devient…

© Runberg/Miville-Deschenes

On rebat les cartes, on change de régions du monde, on prend le même (et l’un ou l’autre) et on recommence. Encore fallait-il réussir à changer les règles du jeu et à proposer une autre histoire, avec un personnage aussi charismatique que prévisible, en fait. Qui pourra retenir son geste de faucheur, faisant feu de tout bois et toute arme, sans pitié?

© Runberg/Miville-Deschenes chez Le Lombard
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Pour proposer une suite à leur mémorable Zaroff, avec la moitié du visage mangée par les cicatrices depuis les exploits du précédent album, paru il y a quatre ans, Sylvain Runberg a voulu laisser passer le temps, une décennie durant laquelle Zaroff a pu se faire oublier dans une autre contrée. Une décennie qui a vu pas mal de disparitions inexpliquées alimenter le mythe du serial-killer caché dans la région. La rumeur ne croyait pas si bien dire. Il fallait bien un jour que Zaroff, sous une couverture d’écrivain français portant le même prénom qu’Aurèle, Marc Aurèle. Vous savez ce Latin, dont Zaroff se plaît à réciter des citations. C’est un peu notre Triple-Patte (le pirate unijambiste d’Astérix qui ne parle qu’en latin), ce bon vieux Zaroff. Après des témoignages pas pris au sérieux par le shérif local, par excès de paresse, voilà le refuge de Zaroff (un beau grand manoir, quand même, dont on se demande comment il a pu passer inaperçu) face à un solide siège. Avec ses quatre chiens, le foudre de guerre solitaire a plus d’un tour dans son sac et d’un piège dans son jardin et sa maison. Début d’album spectaculaire et explosif, carnassier, donc. Et puis, cette phrase qui retient le général, l’empêche de ne laisser aucun survivant à ce fiasco militaire. La promesse de retrouvailles avec sa mère et d’un sacré festin humain à faire sur le sol russe, envahi par les nazis, et cuit sur la glace. Encore faudra-t-il qu’il s’entende avec les soldats qu’on lui met dans les pattes et qu’il accepte de ne pas (trop) faire cavalier seul.

© Runberg/Miville-Deschenes chez Le Lombard
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Entre aventure, espionnage et récit de guerre, Sylvain Runberg et François Miville-Deschênes ont le mérite de proposer une histoire dans laquelle on n’imaginait pas Zaroff être entraîné. On ne peut pas leur reprocher l’audace et l’originalité, cette manière de crédibiliser leur fiction comme une petite histoire méconnue de la Grande Histoire. Ainsi les auteurs travaillent-ils aussi la psychologie de leur héros méchant, en le confrontant, à distance ou en face-à-face à des personnages encore plus cruels. Du genre à flinguer à tort et à travers, sans nulle autre forme de procès. Là où Zaroff a besoin de sport, de se mesurer à sa proie et qui sait de faire face à ce que son esprit vif n’avait paradoxalement pas prévu. Ça laisse une infime chance aux futures victimes de cet Hannibal de l’Est.

© Runberg/Miville-Deschenes chez Le Lombard
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Malheureusement, en cours de périple, de chaos, on se rend compte que c’est non seulement longuet mais aussi que le hasard et les coïncidences, dans ces pourtant immenses étendues glacées, font parfois trop bien les choses pour que la mission impossible de ces hommes touche au but. Dommage car si ça se laisse suivre, en tremblant parfois, ça enlève un peu de saveur au sacré coup de maître qu’avaient réussi les auteurs avec leur premier tome. Nous sommes trois crans en dessous. Mais le dessin, les couleurs, les ambiances, de cet esthète qu’est François Miville-Deschênes sont toujours autant saisissants.

© Runberg/Miville-Deschenes
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À lire chez Le Lombard.

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