Depuis ce 18 juillet et pour 20 représentations, La Belle et La Bête se joue en plein air dans le cadre attrayant du Château de Rixensart. Un spectacle familial revisité dans une écriture contemporaine qui ravira sans nul doute toutes les générations.

Suite à la ruine de l’entreprise familiale, un père de famille et ses trois filles sont contraints de quitter la ville pour s’installer à la campagne.
Ils trouveront refuge dans un hameau isolé, perdu dans le creux d’une vallée embrumée, au pied d’un château étrange qui semble, depuis bien des années déjà, cristalliser les craintes et les peurs des villageois environnants.
Par un malencontreux coup du sort, la famille entière trouvera son destin scellé à celui d’une Bête terrifiante. À moins que l’une des trois filles, Belle, ne l’entende pas de cette oreille-là…

Certains experts ont suggéré que l’histoire de La Belle et La Bête pourrait être influencée par une histoire vraie. Ce serait l’histoire d’un certain Pedro Gonzales né au 16e siècle à Tenerife en Espagne et qui souffrait d’hypertrichose, une pilosité abondante et anormale sur le visage et le reste du corps. Raillé par ses congénères, il fut accueilli à Paris sous la protection du roi Henri II et finit par épouser une jolie parisienne nommée Catherine.

Apparu pour la première fois en France sous la plume de Madame Gabrielle Suzanne de Villeneuve en 1740, ce conte fut adapté maintes et maintes fois au théâtre et à l’écran, les versions les plus célèbres au cinéma étant celle de Disney et bien entendu le formidable film de Jean Cocteau sorti en 1946 , qui n’est rien d’autre qu’un pur chef d’oeuvre intemporel du 7e art portant la poésie de l’oeuvre à un sommet inégalé. Difficile donc de faire mieux que cette référence ultime qui a marqué plusieurs générations.
Alors que penser de cette adaptation théâtrale produite, adaptée et mise en scène par le talentueux Damien De Dobbeleer qui avait déjà créé La Guerre des Boutons made in Belgium l’année dernière sur ce même site ?

Cette adaptation est fort plaisante. Ecrite volontairement avec une vision libre et actuelle du conte, la pièce est conçue sur mesure pour le lieu prestigieux qui l’accueille. Une scène trône sur la plaine avec au loin au dessus d’une petite colline le superbe château éclairé judicieusement au fil de l’action qui se déroule devant nous.
La première partie nous présente les personnages du père, des trois soeurs et des chasseurs-villageois menés par Gaston, du groupe d’enfants, et nous décrit la situation qui va pousser Belle à rejoindre le Château de la Bête pour sauver son père qui a volé une rose à celle ci pour la ramener à sa fille. Or on peut tout voler chez La Bête mais on ne touche pas à ses roses, sous peine de le payer de sa vie !
La fin de cette première partie nous plonge ensuite au coeur du sujet avec la rencontre de Belle avec La Bête, qui a lieu (après déambulation du public) dans une cour intérieure du château où la beauté du lieu et de la scène apportent cette touche de magie attendue par les admirateurs du conte poétique.
Cette scène est courte, environ dix minutes, mais très belle.

Entracte. Malheureusement la pluie qui a fait son apparition retardera quelque peu la deuxième partie du spectacle qui fort heureusement a pu avoir lieu après que le public ai pris son mal en patience.
Avec l’arrivée de la nuit, la scène et les alentours boisés ainsi que le château prennent alors un aspect féérique et fantastique. On peut désormais profiter au mieux des scènes communes entre Laura Fautré qui campe une Belle au tempérament fougueux, et Benoit Randaxhe, La Bête – qu’on aurait peut être aimé plus effrayante – qui par son jeu conjugue avec brio la rudesse de son personnage à un côté plus tendre lorsqu’il succombe au charme de la Belle. On vit là de bien jolis moments.
Dommage qu’une scène de karaoké humoristique où Gaston singe Johnny Hallyday fasse retomber le charme qui opérait alors auprès du public, pour un passage d’humour plutôt dispensable. Mais ainsi en a voulu l’auteur, un choix étonnant mais respectable.

L’aspect dramatique et la poésie font alors leur retour pour nous faire vivre un épilogue connu de tous, dont la fin plutôt convenue et prévisible aurait mérité un petit peu plus de panache.
Mais dans l’ensemble cette version de La Belle et La Bête atteint totalement son but, qui est de vous divertir en famille dans un cadre somptueux, avec cette adaptation différente et teintée d’humour portée par une scénographie réellement brillante.

La pièce prône la tolérance et le non rejet de l’autre, deux belles valeurs ici défendues. Dommage qu’elle ne s’attarde pas un peu plus sur l’histoire d’amour entre Belle et La Bête, cet amour sincère où l’essentiel est invisible pour les yeux.
C’est donc un spectacle à ne pas rater qui vous fera passer une excellente soirée sur un site majestueux avec des comédiens totalement investis dans leurs rôles respectifs.

Si vous cherchez à passer un bon moment théâtral sous les étoiles, ne vous privez pas de ce très beau spectacle d’été, ils ne sont pas nombreux à avoir un tel décor flamboyant et magique !
Jean-Pierre Vanderlinden
Photos : Barbara Salomé Felgenhauer et Robin Cuvillier
LA BELLE ET LA BETE
Distribution:
PRODUCTION, ADAPTATION ET MISE EN SCÈNE : Damien De Dobbeleer
COLLABORATION ARTISTIQUE ET ASSISTANAT PRODUCTION : Melissa Leon Martin
COLLABORATION ÉCRITURE : Gernot Lambert
COLLABORATION DRAMATURGIE : Selma Alaoui
ASSISTANAT MISE EN SCÈNE ET COACHING ENFANTS : Aurélie Frennet
ACTEURS ADULTES : Laura Fautré (Belle), Benoit Randaxhe (La Bête), Louise Jacob et Severine De Witte (Les sœurs de Belle), Sébastien Hébrant (Gaston), François Sikivie (Le père).
ACTEURS ENFANTS (EN ALTERNANCE) : Oliver Bodart, Samuel Carta, Flavie Dachy, Stanley Dupic, Mathieu Ghymers, Thylian Leroy, Elsa Martens, Joanne Martens, Sibylle Montjardin, Ethan Wolters
ACTEURS VILLAGEOIS : Laïla Ben Ayad, Annick Poulain, Bruno Sauvage, Étienne Vanden Dooren, Héloïse Humpers
SCÉNOGRAPHIE : Boris Dambly et Benjamin Muzart
ASSISTANT.E.S À LA SCÉNOGRAPHIE: Romane Sauboua, Guillaume, Charlotte et Julia
COSTUMES : Justine Drabs
MAQUILLAGE : Florence Jassellette
COMPOSITION MUSICALE : Laurent Beumier
CRÉATION LUMIÈRE : Laurent Kaye
MOUVEMENTS : Édith Depaule
DIRECTION TECHNIQUE : Benoit Vanderyse
RÉGIE LUMIÈRE ET GÉNÉRALE : Giovanni Spada, Daniel Dutrieux et Mathieu Libion
INGÉNIEUR DU SON ET RÉGIE SON : Olivier Trontin
ILLUSTRATION CHARTE GRAPHIQUE : Marianne Cassells
GRAPHISME DRAPEAUX : Céline Lellouche
Infos et réservations : https://labelleetlabete.be/