Après Mickey, Alice au pays des merveilles, le monde des super-héros et l’univers des contes, entre autres fables avec du poil, Tebo continue de faire un festin et son affaire des trésors de la littérature (et au-delà) populaire. Dernière victime, consentante on vous rassure, en date: les petits hommes bleus de Peyo, les Schtroumpfs! Avec de nouveaux arrivants, plus schtroumpfs que nature.


Résumé des Éditions du Lombard pour Qui est ce Schtroumpf : Un nouveau Schtroumpf est tombé des cieux, et la cigogne n’a rien à voir là-dedans ! Son intégration risque d’être un peu compliquée, car il ne comprend rien au langage Schtroumpf. Ce qui ne l’empêchera pas de s’embarquer dans une aventure drôlement schtroumpf, à la recherche de son identité ! Un chemin semé d’embûches et de vieilles connaissances.

Au fond, ils sont combien les Schtroumpfs? Je ne sais pas vous mais, moi, je donnerais ma langue à Azraël. Toujours est-il qu’il y a un Schtroumpf en plus, depuis peu. Les puristes d’entre nous diront, comme le commandant Turbo de Natacha, avoir déjà vu ça mais rien n’empêche Tebo d’appliquer le proverbe: c’est dans les vieilles marmites qu’on fait les meilleures soupes. Quitte à y ajouter un peu de sortilège. Car le nouveau venu peut se targuer de poser une sacrée énigme aux Schtroumpfs tels qu’on les a toujours connus : il ne se reconnaît pas en eux, ne parle pas leur schtroumpf et semble amnésique. La seule manière, après auscultation et expériences du grand Schtroumpf, de rafraîchir la mémoire de cet étranger qui leur ressemble comme deux gouttes d’eau est donc d’aller voir ce qu’il se passe en haut, là d’où il vient de tomber. Avec un jeu de piste et des dangers.

Chez Astérix (à qui un dialogue fait référence, plaisir pour les zygomatix), nous avons l’habitude de l’alternance, une aventure au village, une aventure hors des frontières. C’est résolument aux frontières de leur réel que Tebo entraîne nos bleus, dans cet album à part dans la chronologie de ces petits héros au bonnet et au slip blanc – et contrairement à la légende qui lui a conféré l’Atelier Mastodonte, Tebo ne laissera pas de traces de freinage -, qui appelle des personnages connus et reconnus par les lecteurs mais pas forcément par les créatures de Peyo.


Jouant à Chérie, j’ai schtroumpfé les gosses, Tebo réussit une mise au vert, une escapade décapante et détonante, brut de décoffrage, avec des menaces plus ou moins affirmées, et des inventions DIY parfois peu conventionnelles au regard de ce qu’on connaît de cet univers. Tebo innove et lâche les chevaux, tout en gardant un profond respect pour l’oeuvre originale. Il y ajoute sa touche et n’en déplaise aux gardiens du temps, en mettant sa patte, son style et son esprit complètement déjanté et prêt à faire feu de tout bois, avec des références intra- ou extra-diégétiques, et des apparences vouées à se confirmer ou à tromper. C’est album plein de surprises se révèle trépidant et hilarant, dans la forme et le fond. Il lance de manière diablement efficace et rebondissante ces one-schtroumpf.


À lire chez Le Lombard.












Pendant ce temps-là, toujours chez le même éditeur, les aventures des autres schtroumpfettes, dans la série Le village des filles, continuent. Une série qui a le mérite de sortir des sentiers battus, de faire rencontrer des personnages jusque-là incongrus dans l’univers de Peyo, avec un vrai nouveau souffle et une volonté du temps long. Ce sixième album, qui vient de sortir, est, par exemple, le second volume d’une trilogie. En commençant cette série, je pensais être mis face au cliché d’une série qui cherche à se mettre un nouveau public en poche, en l’occurrence en féminisant ces héros. Hé non, c’est loin de n’être que ça.