Échange et partage entre modernité et passé à la galerie du Beffroi: l’artiste peintre namurois Eugène Collignon inspire la nouvelle génération

Paysages Namurois d’hier et d’aujourd’hui

Pierre Debatty est un artiste international reconnu, professeur de peinture à l’Académie des Beaux-Arts de Namur. Il s’était lancé un défi : pouvoir exposer les œuvres de ses élèves dans la magnifique galerie namuroise du Beffroi. Et ainsi mettre en avant le travail très riche et recherché de ses étudiants.

Après avoir loué la galerie à la Ville et discuté de son projet avec les différents responsables, la Ville de Namur, par l’intermédiaire, de Fabrice Giot, directeur du Musée des bateliers de Namur, et de Catherine Charlier, directrice de L’Académie des Beaux-Arts de Namur, a proposé à Pierre Debatty et à ses étudiants de travailler sur un thème commun, l’artiste peintre namurois de Eugène Colignon (1876 -1961).

Formé par L’Académie des Beaux-Arts de Namur et de Bruxelles, avant de les rejoindre en qualité de professeur, Eugène Colignon a enrichi sa peinture par de nombreux voyages à l’étranger et de longues randonnées le long de Meuse. Passant par la France (de la Bretagne au sud), de l’Algérie à l’Italie ou même des Etats Unis à la vallée mosane, il n’avait comme but que la capture de la lumière et sa réflexion dans le paysage. Que ce soit la diffusion des rayons du soleil dans les mouvements de la Meuse, le reflet sur la neige ou des ombrages des rochers de Beez, il n’a cessé de restituer le plus fidèlement possible, dans ses toiles, la fragilité et l’évanescence de la lumière. Artiste très prolifique travaillant essentiellement l’huile, il excelle dans les représentations de paysages. Se laissant, en début de carrière, bercer par le néo impressionnisme, il suit la trace de Théodore Baron (1840-1899) dans l’impressionnisme. Surtout que les deux peintres ont d’autres points communs: les paysages et le fait d’être devenus professeurs au Beaux-arts. Étant Namurois pur souche depuis des générations, je serais surement surpris de voir les berges de l’époque sans immeubles, sans antennes ou simplement en totale liberté.
Je me suis laissé dire qu’une rétrospective pourrait voir le jour dans les années à venir, pourquoi pas au Delta (confluence des paysages et de Arts), à suivre…


On peut dès lors remercier Pierre Debatty pour cette belle initiative mettant en avant des étudiants débutant ou un peu plus confirmés en présence du public et de l’œil averti de certains spécialistes. Colignon comme Baron prônaient la liberté d’expression et on peut dire que le résultat est des plus réussis. Alternant les styles, les élèves sont parvenus à entrer dans la vision de l’artiste et à la faire leur.

Il n’y a pas de vulgaire copié/collé ! Chacun a pu imposer sa propre interprétation, son propre univers ou sa propre technique et emmener les paysages namurois vers la modernité sans pour autant oublier les codes de la peinture d’origine, la lumière. Et on peut dire que l’on ne s’ennuie pas ! Comme, ci-dessous, avec l’oeuvre d’Ann Noël dans laquelle le public peut déplacer des « cadres » aimantés et créer son propre paysage.

Ou encore cette utilisation de bâches par Déborah Fagoo (que nous avions vu sur Chambres avec vues dans les collectifs les Z’art B)

Les œuvres sont lumineuses, contrastées et, pour certaines, peu conventionnelles. C’est sûrement grâce à des formats et des supports très originaux. On ose voir des peintures sur bâches, des toiles marouflées sur une planche de médium ou encore une magnifique toile libre de cadre. On est loin des tableaux aux formats standards parfois soporifiques ! On sent la liberté d’expression des artistes et l’espièglerie de la lumière. Elle se joue des reflets, des matières pour créer des mouvements naturels comme dans la nature. Rien ne reste figé, elle vit au travers des plis ou de la transparence ! Comme cette magnifique interprétation de Geneviève Deschuyteneer sur toile libre. Elle laisse transparaitre les mouvements de l’eau et la lumière joue avec les courbes, les plis, pour donner de l’ombrage.

Espérons que nous pourrons revoir certains de ces artistes dans une totale liberté lors du vernissage de fin d’année de l’Académie.

L’écrin contenant l’exposition n’y est pas pour rien non plus! À la fois surannée et hyper contemporaine, la galerie du Beffroi sait mettre à l’aise les artistes classiques ou avant-gardistes.


Eugène Colignon était un passeur de savoir. En sa qualité de professeur mais également en tant que mentor. Il partageait son expérience et prodiguait conseils en dehors de l’école à la jeune génération de peintres de son époque. « Je pense qu’il serait heureux et content de voir ces jeunes artistes et leur travail … Je pense d’ailleurs qu’il est présent dans la Galerie », nous disait un membre de sa famille. Alors, je vous invite à rencontrer l’artiste qu’était Eugène Colignon. Après avoir mis tant de paysages, et d’artistes, en lumière durant sa vie, il continue au travers son œuvre à inspirer une nouvelle génération.

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