Hey, les gaillards. Il n’est pas trop tard pour prendre vos bonnes résolutions de l’année et vous ouvrir à d’autres cultures, et pas forcément celles de l’autre bout du monde, non, non, non. Pas trop tard non plus pour acheter un almanach, une éphéméride, un calendrier original quoi! Casa Éditions a des idées en stock, cultivant le bon goût du terroir – loin de la capitale, qui de toute façon est surfaite – et de ceux qui le font vivre, avec l’accent, les expressions et les rites de la France qu’on dit profonde, car elle est bien moins superficielle que ce que d’aucuns croient. De la Sotizerie aux Ch’tis.
Résumé de l’éditeur pour Pas de chichi chez les Ch’tis : Approchez, approchez… Bienvenue à l’baraque ! Les Ch’tis se racontent en toute fraîcheur à travers une virée de folie dans tout le Nord et le Pas-de-Calais. Et ça décoiffe ! À l’horizon, nos meilleures vannes pour mettre un peu d’ambiance chez mamie, des révélations exclusives sur la météo ou la langue ch’ti, les phrases à ne jamais prononcer pour éviter de se prendre une frite dans la tête, mais, surtout, de la joie, des bonnes bières, des beffrois, des terrils, des plages, des estaminets et des carnavals. Parce que si tu habites din ch’Nord, tu sais qu’être Ch’ti, c’est pour la vie, d’abord. Les habitants les plus chaleureux de France vous invitent à bras ouverts à travers ce livre pas du tout chauvin et sans carabistouille pour vous rappeler qu’en terrasse ou à l’ducasse, un seul mot d’ordre.
Résumé de l’éditeur pour La Sotizerie, 365 jours au bourg! : La Sotizerie, quésaco ? Si tu ne le sais pas encore, alors viens découvrir le Bourg, le 6 roses et tous les joyeux lurons que sont Titi, Piton, Carotte, Hervé de chez Parcs & Jardins, Cindy, la Momone ou encore Sacoche et sans oublier l’Kévin. Fervente défenseure de la ruralité, des bons vivants et du C15, La Sotizerie est LA communauté des jeunes et moins jeunes qu’il faut suivre sur les réseaux. Cet ouvrage te permettra de t’initier à la vie du Bourg pendant un an durant lequel tu suivras toutes les péripéties de l’équipe. Tu en as pour tous les goûts avec, au programme, de la chasse, du foot, les moissons, des bamboches et de nombreuses » ricanantes » entres amis. Car c’est bien ça qui prime chez La Sotizerie…
Ah, janvier, le mois de la bonne année, propice à faire du bois ou au Tue cochon, le temps du Carnaval de Dunkerque aussi! Hé oui, il y a de quoi s’amuser à deux pas de chez nous, dans les « belles régions de France » chères à un regretté présentateur du journal de midi. Avec les deux fines équipes derrière ces deux albums au format BD mais s’approchant plus de petits dictionnaires thématiques et sans prise de tête illustré par des dessins remplis d’humour et de phylactères bien sentis, qui claquent, vous allez vous en mettre plein la panse : gastronomie, patrimoine matériel ou immatériel, lexique tordu et tordant, tout y passe. Avec l’originalité cinglante de l’authenticité, du parler comme on vit.
Partons d’abord à la Sotizerie, preuve qu’une page Facebook peut agir sur l’esprit de communauté et carburer à la vraie vie. Oh même si vous n’avez pas « liké » l’oeuvre de Titi et Riton, dont le parrain ad vitam (et bibendum) aeternam est l’inénarrable Jason Chicandier (bien en verve et en degré d’alcool en préface), vous connaissez un peu, beaucoup, passionnément, à la folie, Drogue visuelle ou auditive. Parce que la sotizerie, c’est l’appellation générique de nos petits coins de campagne, c’est le bourg où règne l’entraide, surtout quand il s’agit d’enfiler les chaussures à bascules à force d’engorger des brûle-cul. Quitte à tirer un renard. Rassurez-vous, il y a un lexique à la fin du livre, mais sans doute connaissez-vous ces expressions fleuries en d’autres termes.
Haut en couleur, en odeurs (des pulapisses à celles des champs aux différentes saisons en passant par tout ce qui peut sortir du pot d’échappement des seigneuries, pépère ou en sueur, sur le rétro ou pied-tôle), La Sotizerie se laisse découvrir et vivre dans toute sa bonhomie et ses excès, dans sa franchise et dans son intégralité, avec sa faune très différente, qui va des bouffeurs de chardons aux chasseurs en passant forcément par les perdreaux. À cent à l’heure dans la C15, où irrévérence et mauvaise foi font bon ménage avec la sincérité des gens qui n’ont pas grand-chose mais partagent tout, La Sotizerie se montre sous tous ses versants, grâce à un dessinateur bien inspiré et pétaradant Nanar. Les fiches techniques (et satiriques) laissent leur place à un calendrier des grands événements de la Sotizerie. Pour devenir incollable, jeune!
Et puisque la Sotizerie est un peu partout chez elle, sauf au pays des buildings et du béton à perte de vue (même si elle aime les drifts sur le bitume et dans les tourne-andouilles), le Ch’Nord peut en faire partie. Et c’est d’ailleurs lui, pour prolonger le plaisir, qui succède à La Sotizerie, pour donner un autre point de vue (quitte à le recouper parfois) que celui de Dany Boon.
Au-delà de ce qu’on voit à la télé ou au cinoche, c’est une nouvelle fois dans le vrai, sans oublier de compiler les mythes et légendes, que baigne cet album conçu par la grande voyageuse (mais il faut bien partir de quelque part) Mélanie Kominek et les dessinateurs Jack Domon (à la direction et au story-board) et Pedro J. Colombo qui font la paire, expressive et bien incarnée.
Dans un autre cheminement que la sotizerie, cette incursion en pays Ch’ti a là encore la volonté d’être le plus exhaustif et caustique possible, dans les mots d’un langage à nulle autre saveur (mais qui, étonnamment, se rapproche parfois du sud, ké calor!), informatifs et blagueurs à la fois. Forcément on s’marre de ces tranches de vies et déviant des figures imposées, Et il ne manque rien à cette fête des voisins de papier mais suintant la convivialité en chair et en os.
Alors, peut-être ne vaut-il mieux pas lire ces deux albums d’affilée comme moi j’ai pu le faire, mais de les lire comme on part en escale. Pour passer un bon moment, sans prise de tête mais avec un vrai apprentissage l’air de rien des symboles et us de toute un petit pays, un village d’Astérix en fait. En fait, ces deux livres vous donnent les clés pour vous muer dans la foule bigarrée décrite dans ces ouvrages. Et pour un touriste qui veut passer incognito ou un espion qui veut percer le secret des meilleures frites du monde ou des prénoms dont le Nord a le secret, voilà deux kits de survie qui ne trompent pas sur la marchandise. Avec, à chaque fois et mois par mois, donc, les incontournables à ne pas louper.
De quoi s’occuper quelques heures ou toute l’année, bien au-delà des clichés, avec la banane et de la tendresse, aussi.
À découvrir, entre autres albums régionalistes, chez Casa Editions.