Tout le monde y le pense, certains y le disent : Demain sera pire qu’aujourd’hui. Comment donner tort à cet adage populaire (et populiste) quand on voit les crises qui se succèdent ces derniers temps. Jacq, lui, ose aller à contre-courant en jurant: Aujourd’hui, c’est déjà pire que demain, des gags en autofiction. La couverture est explicite, l’ersatz de l’auteur se confie à son psy. Nous le connaissons tous, c’est un smartphone.

Résumé de l’éditeur : Le développement des réseaux sociaux et des nouvelles technologies a bouleversé nos vies, pour le meilleur et… pour le pire. Jacq, auteur de bande dessinée, aborde avec un humour cynique et irrévérencieux, les dérives et excès induits par les nouvelles technologies, les réseaux sociaux, les influenceurs-euses, les applications mobiles, l’obsolescence programmée, etc. Au fil des gags il nous met face à nos propres travers et imagine même ceux à venir.

Nous avions rencontré Jacq alors qu’il publiait Les péripéties Homologuées de Paul & Tom, une entrée en finesse dans l’intimité tendre et barrée d’un couple d’hommes, le voilà qui revient à la charge, à la sulfateuse, avec un humour qui est bien à lui. Un humour qui n’en vient pas aux mains mais à la pensée, pour appeler le monde à la vigilance face à nos comportements digitaux de chaque heure, chaque minute.

Heureux qui communique, disait l’autre, force est de constater qu’au troisième millénaire qui est le nôtre, l’hyperconnexion nous joue des tours. Certains appellent même au droit à la déconnexion, c’est dire où nous en sommes! Utilisant des scènes du quotidien qu’il tire vers un absurde finalement assez réaliste (Spielberg était-il un visionnaire? À force de comportements sédentaires qui ramollissent les jambes et courbent l’échine, agrandissent les yeux et les doigts, ressemblerons-nous tous à E.T., voyageur non pas de l’espace mais de notre futur?) ou parodiant quelques scènes entrées dans la pop-stérité, Jacq fait valoir l’intelligence humaine et créatrice face à celle artificielle qui pilote déjà certaines de nos voitures.

Avec des étoiles plein les yeux pour noter tout et n’importe quoi, en mendiant des coeurs, en prônant l’égo, en ne sachant plus chercher par lui-même une information mais en la demandant à un Facebook foutraque, l’humain survivra-t-il encore longtemps? Jacq fait mouche et par l’humour féroce de ces petits miquets, au design simplifié pour nous ressembler, dépeint un dangereux changement de paradigme. Certains lèvent le bras pour faire un selfie, Jacq lève le sien pour faire un fuck. C’est finement exécuté, dommage, cela dit, pour ces fautes d’orthographe disséminées dans ce livre. Un relecteur, même humain, aurait permis de les éviter. Mais ce petit album carré, de dessins de presse, vaut pourtant le coup qu’on passe au-dessus de ce bémol.

À lire aux Éditions Ex Aequo (éditeur militant) dans la collection Bullissimes.